Réactions à la conférence de Félix Tshisekedi à Washington : le Front commun pour le Congo déçu par les propos du chef de l'Etat

Mardi 9 Avril 2019 - 16:15

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Le famille politique de l'ex-président de la République, Joseph Kabila, a dénoncé, dans un communiqué publié le 8 avril, la teneur de certains propos militants tenus par le chef de l’État, à l’occasion de sa récente visite aux États-Unis, sollicitant l’appui d’une puissance étrangère pour « déboulonner le système dictatorial en RDC ».

Entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (Cach), deux structures politiques actuellement unies autour d’une coalition de gestion commune du pays, le torchon brûle. Le partenariat tissé est sur une pente raide. En effet, en visite à Washington, le chef de l'Etat a animé une conférence au Council on foreign relations, au cours de laquelle il  a sollicité l'appui des partenaires extérieurs pour « sortir la RDC de la crise dans laquelle elle se trouve ». Des propos qui n’ont pas été du goût des membres de la « Kabilie ». La goutte d’eau qui a fait déborder le vase et qui a irrité plus d’un dans le clan du président sortant, c’est lorsque Félix Tshisekedi a vertement déclaré vouloir « déboulonner le système dictatorial qui était en place » en combattant « la corruption, la gabegie, la mauvaise gouvernance » et « les arrestations arbitraires ».

Ne pouvant supporter ce qu’il a qualifié « d’attaques gratuites et d’accusations infondées » de la part des personnalités avec lesquelles il est pourtant en partenariat, le FCC est vite passé à l'offensive pour recadrer, dans un communiqué du 8 avril, les « propos militants » du chef de l’Etat. Pour cette famille politique de l'ancien président de la République, les déclarations de Félix Tshisekedi « remettent gravement en cause l’héritage démocratique ancré » en République démocratique du Congo (RDC) « depuis 2006 et qui s’est traduit par la toute première passation pacifique et civilisée du pouvoir à la magistrature suprême jamais intervenue en RDC, passation dont le président de la République est pourtant le bénéficiaire au terme des troisièmes élections libres, démocratiques, pluralistes et apaisées du 30 décembre 2018 ».

Poussant l’outrecuidance à l’extrême, le FCC a exprimé son indignation face à la gabegie financière à laquelle se livre actuellement, selon lui, le nouveau pouvoir, laquelle tranche avec l’orthodoxie financière imprimée par le régime précédant. Il a mis à l'actif de ce dernier, entre autres, l’institution de la chaîne de la dépense, la politique de resserrement budgétaire, la lutte contre le coulage des recettes publiques et le renforcement des réserves de change.

Pour le clan Kabila, « la gestion économico-financière de la RDC depuis deux mois s’est faite en violation de la Constitution et au mépris des textes légaux et que cela devra être corrigé par le gouvernement de coalition attendu ». Et de noter que le programme de cent jours que le président Félix Tshisekedi est en train de mettre en place s’appuierait essentiellement sur les réserves de change qu’il a trouvées lors de la remise et reprise avec son prédécesseur. Tout en réitérant leur engagement à contribuer à la bonne marche de la coalition FCC-Cach, gage de la stabilité et du développement du pays, Néhémie Mwilanya (l’ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila) et ses pairs prônent « une attitude constructive et non conflictogène de tous » de sorte à « hisser la RDC à la hauteur des attentes réelles du peuple ».

Assumant ses propos, Félix Tshisekedi, qui est intervenu le lendemain sur la Voix de l'Amérique, a tenu à en préciser les contours. Il a indiqué avoir fait, dans ses déclarations, allusion aux « mauvaises pratiques du passé et non à des individus », tout en réitérant la poursuite de son combat contre les antivaleurs qui, selon lui, ont « avili le citoyen congolais ». Le chef de l'Etat a taxé de mal intentionnés tous ceux qui se sont sentis gênés par ses propos. Enfonçant le clou, Peter Kazadi, un des membres influents de l'Union pour la démocratie et le progrès social, y est allé dans un tweet provocateur en demandant au FCC d’arrêter « de faire penser qu’il est nostalgique de la dictature ».

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les membres du comité stratégique du FCC

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