Règlement de la crise politique : lecture croisée dans les deux chambres législativesMercredi 16 Mars 2016 - 19:14 Alors que Léon Kengo penche sérieusement en faveur du respect de la Constitution, Aubin Minaku plaide plutôt en faveur de la tenue indispensable du dialogue inclusif. Les discours inauguraux prononcés par les présidents des deux chambres du Parlement à l’ouverture de la session ordinaire de mars continuent à alimenter le débat dans le microcosme politique congolais. Léon Kengo Wa Dondo et Aubin Minaku auront étalé, à la lumière de leurs interventions de ce 15 mars, leurs contradictions dans leur approche de gestion de la crise politique actuelle. Chacun de deux speakers a sa façon d’appréhender la problématique au regard de ses propres convictions. À la chambre haute du Parlement, Léon Kengo Wa Dondo s’est voulu plus scientifique en se lançant dans une longue plaidoirie en faveur du respect de la Constitution du 18 février 2006. C’était sa manière de commémorer les dix ans de cette loi fondamentale qui a permis, d’après lui, de résoudre d’importants problèmes à l’origine de la grande crise multisectorielle qu’a connue le pays. La crise de légitimité ayant longtemps caractérisé les animateurs des Institutions du pays et celle de la légalité qu’avait connue la RDC à l’époque ont été résolues grâce à cette Constitution, a noté Léon Kengo sur un ton solennel. « Élaborée par le Sénat de la transition, puis adoptée par l’Assemblée nationale, cette Constitution a été approuvée par près de 85% de la population congolaise. Par la vertu du référendum, elle est devenue la volonté politique du peuple congolais », a-t-il ajouté. Une façon, sans doute polie de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui tiennent mordicus à retoucher certaines dispositions de cette Constitution, « fruit d’un consensus politique obtenu à San City, grâce à la médiation des amis du Congo ». Et de souligner que la Nation a tout intérêt à la sauvegarder en tant que « pacte historique, politique et social qui scelle l’union du peuple congolais ». Bien que s’excluant à « une incitation à remettre les choses au goût du jour », l’autorité morale de l’Opposition républicaine s’est fait le chantre du respect des délais constitutionnels dans l’organisation des élections législatives et présidentielle et, partant, de l‘alternance démocratique. Du berger à la bergère Si pour Léon Kengo Wa Dondo, le respect de la Constitution reste la seule alternative censée rétablir les équilibres politiques rompus dans le pays, son collègue de la chambre basse estime que le dialogue est la seule voie susceptible d’aider la RDC à organiser des élections apaisées. Dans son speech, Aubin Minaku a mis plutôt une emphase particulière sur la tenue du dialogue, invitant ses pairs à être prêts à endosser ses recommandations quels qu’en soient les termes de référence. « Quels que soient les termes de référence du dialogue et les conclusions de ce forum, quelles que soient les interprétations des uns et des autres, ses recommandations […], c’est nous les élus du peuple qui allons finalement trancher », dixit le speaker de la chambre basse. Pour lui, la session de mars devra s’employer à gérer le contexte et le fruit du dialogue inclusif quelle que soit sa forme. Dans son entendement, c’est la meilleure façon de décrisper la crise actuelle qui requiert l’apaisement des esprits à travers un dialogue inclusif. Il n’exclut pas non plus la possibilité de passer par le recensement pour valider certains changements majeurs dans l’architecture institutionnelle de la RDC. Hiérarchisant les priorités de la présente session de mars, il place en premier lieu les conclusions du dialogue et la définition de leur mise en œuvre. Voilà deux approches différentes de résolution de la crise politique comme proposées par les présidents de deux chambres législatives qui augurent des débats parlementaires houleux au cours de la présente session. L’opposition et la majorité, qui restent campées sur leurs positions en rapport avec le respect des délais dans la tenue des scrutins législatif et présidentiel, devront batailler pour faire passer leurs idées au sein de l’institution démocratique par excellence qu’est le Parlement via leurs représentants. Des chaudes empoignades en perspective ! Alain Diasso Légendes et crédits photo :Députés et sénateurs ont la tâche ardue en cette session de mars Notification:Non |