Répression du meeting de Moïse Katumbi : des ONG exigent des enquêtes indépendantes

Mardi 26 Avril 2016 - 18:17

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour la Coalition de 33 ONG pour le respect de la Constitution en RDC, cette action vise à clarifier les conditions de la répression cette réunion du 24 avril à Lubumbashi et l’usage d’armes et des gaz lacrymogènes qui contiendraient des substances très toxiques pour la santé des victimes.

Dans un communiqué du 26 avril, la Coalition de 33 ONG pour le respect de la Constitution en RDC a dit suivre avec une attention particulière « la dégradation de la situation politique et sécuritaire dans la province du Haut-Katanga, surtout à l’approche des échéances électorales ».

Cette plate-forme d’ONG a, en effet, noté qu’en marge de la commémoration du 26e anniversaire de l’accession de la RDC à la démocratie, plusieurs manifestations ont été prévues dans certaines villes de la République, comme le cas de Kinshasa, de Goma, Bukavu et Lubumbashi. Mais, pour ce regroupement, si dans les trois premières villes, les manifestations se sont déroulées sans incidents et les opposants se sont adressés à leurs militants en renforçant leur refus au dialogue qui, selon eux, cautionnerait le glissement du mandat du chef de l’État sortant, à Lubumbashi, par contre, le meeting a été réprimé très sévèrement par les forces de la Police nationale congolaise (PNC) qui ont fait usage des gaz lacrymogènes et d’armes à feu pour disperser les foules venues nombreuses écoutées le discours que devaient prononcer les membres du G7 et l’ancien gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, désigné candidat président de la République pour le compte de la plate-forme G7. «Déjà, dans la matinée de la journée du 24 avril 2016, un dispositif sécuritaire très impressionnant avait été mis en place, barricadant ainsi toutes les voies d’entrée vers la commune Kenya où devait se tenir le meeting », ont expliqué ces ONG.

Un lourd bilan

Selon ce regroupement d’ONG, trente-huit personnes, toutes de sexe masculin, ont été arrêtées et les femmes étaient relâchées sur le champ. Parmi les personnes arrêtées, ont-elles noté, dix viennent d’être transférées à Kinshasa dont six sont des proches de Moïse Katumbi. À en croire cette coalition d’ONG, vingt-deux personnes ont été blessées parmi lesquelles deux ont été atteintes par balles réelles et transportées aussitôt dans des véhicules de la PNC pour une destination non encore connue. Aussi a-t-elle fait constater que plusieurs personnes victimes des gaz lacrymogènes ont affirmé avoir des maux de tête, suffoquent et certaines ont présenté des vêtements avec des tâches jaunâtres comme de l’huile de palme.

Pour ces ONG donc, l’absence de motifs valables de la dispersion du meeting et l’usage disproportionné des armes à feu militent en faveur d’une commission d’enquête indépendante. En plus de la mise en place d’une commission d’enquête indépendante composée des représentants du gouvernement, des organisations de promotion et de défense des droits de l’homme ainsi que de la Monusco, pour clarifier les conditions de la répression de ce meeting, ces ONG ont réclamé la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées ainsi que la prise en charge des soins de santé des blessés ainsi que la cessation de l’instrumentalisation de la justice et de la police à des fins politiques par le gouvernement. « La restriction des libertés publiques ainsi que la chasse à tout celui qui apporte un soutien politique à Moïse Katumbi a pris des proportions inquiétantes, si bien que tous ses proches arrêtés sont accusés des infractions devenues tristement célèbres d’incitation à la rébellion, de port illégal d’armes ou d’entretien des milices », ont-elles dénoncé.

Ces ONG ont rappelé que le 22 avril, le Pr Simon Huit Mulongo, ancien directeur de Cabinet de Moïse Katumbi au gouvernorat du Katanga, président d’un parti politique membre de l’opposition et membre du Front citoyen 2016, a été enlevé de son domicile et acheminé aux bureaux de l’ANR. Il serait, pour l’instant, poursuivi devant l’Auditorat militaire pour détention illégale d’armes, alors qu’il disposerait d’un permis de port d’armes. Le 23 avril à l’hôtel Rift Congo appartenant à Pierre Lumbi, président du Mouvement social du renouveau, proche de Moïse Katumbi, des agents des services de renseignement ont arrêté deux de ses enfants et le gérant de cet hôtel au motif qu’un client dénommé Mutonkolo aurait abandonné des armes dans sa chambre.

Ces organisations ont également souligné que le 19 avril, neuf jeunes de l’Union nationale des fédéralistes du Congo ont été condamnés par le Tribunal de grande instance de Lubumbashi pour vols qualifiés, destruction méchante et rebellions. Alors que dans la nuit du 25 au 26 avril, le siège provincial de l’Unadef a été saccagé par des personnes identifiées comme membres de la majorité présidentielle accompagnées des kulunas qui seraient venus de Kinshasa. « Comme on le constate bien, la situation sécuritaire dans la ville de Lubumbashi ne fait que se détériorer et le gouvernement ne devrait pas se cacher sous un quelconque prétexte pour restreindre les libertés publiques reconnues pourtant par la Constitution. En plus, rien ne justifie l’usage excessif de la force par les éléments de la PNC, qui doivent répondre de leurs dérapages », a conclu cette coalition d’ONG.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le coordonnateur de la Coalition de 33 ONG /photo Adiac

Notification: 

Non