Soudan du Sud : Salva Kiir initie un dialogue national inclusifJeudi 15 Décembre 2016 - 13:15 Dans le but de rétablir la paix trois ans après le début de la guerre civile, le président sud-soudanais, Salva Kiir, a appelé le 14 décembre à la tenue d'un dialogue national, « ouvert à tous », y compris aux opposants en exil. « Afin de consolider la paix dans notre pays et de rassembler nos concitoyens, j'initie le processus de dialogue national… J'appelle ceux qui portent encore des armes à arrêter de détruire leurs propres maisons et leur propre pays, et à rejoindre le dialogue national », a déclaré le président Kiir devant le Parlement, en appelant à une « cessation immédiate des hostilités ». Et de promettre : « Votre gouvernement garantira la sécurité et la liberté de tous les acteurs qui participeront au dialogue national, y compris ceux qui sont actuellement hors du pays, dont certains sont opposés au gouvernement ». Cette annonce intervient alors que le Soudan du sud entre dans sa quatrième année d'une guerre qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de personnes déplacées. Le conflit avait été amorcé par des combats le 15 décembre 2013 entre des unités rivales de l'armée, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité à la tête du régime entre Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, actuellement exilé en Afrique du sud. Ce discours consensuel masque, cependant, mal le fait que les violences ont repris ces dernières semaines, s'étendant en particulier à la région jusque-là épargnée de l'Equateur-Central, où de nombreuses atrocités à caractère ethnique ont été recensées. Le chef de l'Etat sud-soudanais a également promis de prendre des « mesures sérieuses » à l'égard de quiconque tenterait de promouvoir la « haine ethnique » et refuserait de renoncer à la violence. Depuis l’échec d’un dernier plan de paix en juillet dernier, les violences sont en forte hausse, les populations se déchirent dans des affrontements à caractère ethnique qui laissent entrevoir le pire entre les factions rivales. Un rapport alarmant sur l’évolution de la situation a été fait par les membres de la société civile et les victimes du conflit. A la mi-novembre, Adama Dieng, le conseiller spécial de l’ONU sur la prévention du génocide, avait affirmé devant le Conseil de sécurité avoir vu au Soudan du Sud « tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n’est fait pour l’empêcher ». Pour tenter de prévenir un génocide, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a organisé une session spéciale. « Il y a déjà un processus régulier de nettoyage ethnique en cours dans plusieurs zones du Soudan du Sud… qui se traduit notamment par la faim extrême, des viols collectifs et la destruction de villages… Tout est là pour que ce qui s’est passé au Rwanda se répète, et la communauté internationale a l’obligation de l’empêcher », a déclaré la chef de la délégation du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Yasmin Sooka. En août 2015, un accord de paix est signé entre les deux camps qui décident de créer un gouvernement d’union nationale. Mais pendant les négociations pour la création de ce nouveau gouvernement, en juillet 2016, les oppositions réapparaissent et les combats reprennent à Juba, entre les deux chefs et leurs fractions armées. Mais l’affrontement politique s’est doublé d’un affrontement ethnique, opposant principalement les Dinka (ethnie du président) aux Nuer (ethnie de Riek Machar), rejointes par d’autres groupes victimes ou acteurs du conflit. Josiane Mambou Loukoula Notification:Non |