Opinion
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SouverainismesLundi 20 Mai 2024 - 16:57 N'est-ce pas un nouvel ordre mondial qui s'édifie sous nos yeux de façon irrésistible ? Il n'est que de songer aux crises multiples en cours lesquelles, comme si la solution espérée dépendait à la fois du génie des humains que nous sommes et de notre incapacité à en comprendre le sens et à nous adapter, nous attendons qu'elle tombera du ciel. Comment comprendre, en effet, qu'au terme du premier quart de ce XXIe siècle, célébré comme le siècle de la communication, les barrières de divers ordres soient devenues le principal de nos préoccupations ? Observons bien comment nos États se parlent de moins en moins, comment nos dirigeants sont prompts à se quereller plutôt qu'à rechercher un consensus sur les questions du vivre collectif ; et comment sur les cinq continents l’on peine à contenir le flux des calamités des dérèglements climatiques provoqués pour partie par la main de l’homme. Dans ce cheminement préfigurant un changement radical des rapports entre les nations, les blocs et les idéologies, la constante est le repli sur soi. L'Occident se replie sur lui-même, le Sud global en fait autant, les puissantes émergentes décidées à prendre leur indépendance ne baissent pas pavillon. Partie intégrante à ce mouvement, l'Afrique est elle aussi touchée de plein fouet : les changements de régimes intervenus depuis peu à l’ouest, à l'est et au centre où les militaires se sont invités sur la scène politique, ont créé une nouvelle approche des rapports avec des partenaires extérieurs au continent. Les discours souverainistes développés dans ces États en transition politique sont à replacer dans le contexte géopolitique qui leur est propre mais ils alertent en partie sur la léthargie de la diplomatie globale à laquelle, il y a encore quelque temps, quelques années encore pour être objectif, l'Organisation des nations unies (ONU) pour la communauté mondiale, et l'Union africaine (UA) pour les peuples du continent, constituaient des refuges. L’on n’avancera pas que ces deux institutions n’incarnent plus cet idéal, l’on ne peut fermer les yeux sur leur pénible marche en avant. Le poids des conflits à arbitrer et la divergence des intérêts des Etats membres ont réduit ces organisations à remplir les seules échéances de leurs réunions annuelles convoquées pour enchaîner déclarations et résolutions inopérantes, parce que non contraignantes. Quant aux sessions spéciales commandées par l’actualité, elles sont pour l'ONU un cycle d'exhibition du veto des plus puissants, et pour l'UA l'occasion de constater la difficulté à peser sur le cours des événements et trancher. Il faut souhaiter, pour ce qui est de l'Afrique, que la tendance des Etats au repli sur soi ne sonne le glas des ensembles sous régionaux d'intégration. Mais peut-être aussi que du gros remue-ménage en cours viendra la reconquête des libertés au sens souverainiste du terme ? A suivre avec attention.
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