Suspension des pourparlers de Kampala : le M23 au banc des accusés

Mardi 22 Octobre 2013 - 21:21

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Tout, à en croire le porte-parole du gouvernement, s’est passé comme si les délégués de ce groupe armé n’étaient à la table des discussions que dans l’unique but de faire gagner du temps à leurs mentors tout en appliquant leur précepte bien connu « talk and fight ». 

Depuis le 20 octobre, les discussions de Kampala ont été suspendues au grand dam de toux ceux qui y avaient placé leurs espoirs. Afin d’éclairer la lanterne de l’opinion sur la position du gouvernement face à ce dernier développement, Lambert Mende Omalanga a tenu à faire le point de la situation. Dans un sévère réquisitoire dressé contre les rebelles du M23 au cours d’un point de presse tenu le 22 octobre, le porte-parole du gouvernement n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dénoncer leur attitude qui n’était pas de nature à faciliter la conclusion d’un accord. « Nous avons bien compris que l’intérêt du M23 pour le retour à la paix dans la province martyre du Nord-Kivu et le pays tout entier était purement cosmétique », s’est-il permis de déclarer. Pour lui, et cela se vérifie aujourd’hui, les délégués du M23 n’étaient à la table des discussions que pour faire gagner du temps à leurs mentors tout en appliquant leur précepte bien connu « talk and fight », traduction : parler et se battre.

Là-dessus, l’officiel a égrené une série des faits qui attestent l’intention malveillante des rebelles du M23. Ils ont continué à acheminer comme si de rien n’était des renforts en armes et en hommes du Rwanda vers le Nord-Kivu, y compris des enfants soldats. « Le M23 qui devait se démobiliser volontairement recrute et importe du Rwanda de la main d’œuvre militaire au sein de laquelle se trouvent de nombreux enfants pour attaquer les Fardc; le M23 qui devait déposer les armes aligne une panoplie d’armes lourdes et même des chars de combat prêts pour le combat », a argumenté Lambert Mende. Des signes qui, selon lui, traduisent la détermination des rebelles à donner corps à leur projet de balkanisation de la RDC en capitalisant les pourparlers de Kampala sur fond des exigences portant notamment sur leur cantonnement avant désarmement et démobilisation d’une partie du territoire congolais de Rutshuru mitoyen au Rwanda.

Pour étouffer ces projets macabres, le gouvernement tout en acceptant le principe du cantonnement a, dans sa version, exigé à ce qu’il se fasse loin des zones frontalières sinistrées du Nord et du Sud-Kivu. « C’est en fait la raison pour laquelle face aux nombreuses concessions substantielles faites par le gouvernement à Kampala, le M23 ne faisait que se rebiffer en mettant sur la table de nouvelles revendications souvent irrationnelles et sans aucun rapport avec les premières sur lesquelles portaient les concessions », a expliqué Lambert Mende. C’est notamment le cas de l’exigence portant sur l’entrée des cadres du M23 dans les institutions politiques de la République qui, comme l’a martelé Lambert Mende, « ne sont pourtant accessibles depuis février 2006 que par la voie des élections conformément à la constitution en vigueur adoptée par tout le peuple congolais ». Le M23 a aussi exigé que les Fardc soient transformées « en une multitude de milices tribales pour assurer la protection des intérêts particuliers des membres des tribus des militaires » qui le composent. En remettant sur le tapis la sempiternelle question de défense des minorités chère aux banyamulenge, Lambert Mende y perçoit là une volonté de diluer la souveraineté de la RDC dans ses frontières de 1960. Toutes ces raisons, a-t-il dit, expliquent pourquoi la signature du document de préaccord proposé par la facilitation ougandaise n’a pas eu lieu.

De l’avis du gouvernement, la seule issue possible à ces pourparlers est que les rebelles du M23 se conforment aux dispositions pertinentes de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations unies. Autrement dit, « qu’ils déposent immédiatement les armes et que ceux d’entre eux qui le souhaitent articulent leurs activités et revendications au sein de structures licites (parti politique, association légalement constituée, etc.) », a conclu Lambert Mende. Et le porte-parole d’ajouter que les Fardc continueront à accomplir leur devoir sacré et que la Brigade internationale d’intervention ne ménagera pas son concours pour stabiliser effectivement l’est de la RDC. 

Alain Diasso