Tournée africaine de François Hollande : un exercice diplomatique délicat pour le président français

Lundi 21 Juillet 2014 - 10:00

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Après s’être précédemment rendu au Sénégal, en République démocratique du Congo, en Centrafrique, au Mali, en Afrique du Sud, en Algérie, au Maroc et en Tunisie, François Hollande a commencé le 17 juillet une rapide tournée de trois jours sur le continent. Abidjan était la première escale du président français

Le chef de l’État français a profité de ce déplacement en terre ivoirienne pour conforter la place des très nombreuses entreprises françaises implantées en Côte d’Ivoire, dont la France est le premier partenaire commercial. « Nous espérons vous garder beaucoup plus longtemps la prochaine fois », a déclaré Alassane Ouattara, président ivoirien à son homologue français qui, en une journée à peine, a enchaîné entretiens et rencontres.

Le président français a poursuivi sa tournée le vendredi 18 juillet, à Niamey, une escale importante, puisque le Niger accueillera le centre regroupant les principaux moyens de renseignements de l’opération Barkhane qui prend officiellement le relais de l’opération Serval. Les Nigériens qui, en 2013 avaient manifesté contre la présence française, ont cette fois et par le biais du « Collectif sauvons le Niger », exigé le départ des forces françaises de leur pays et de tout l’espace sahélo-saharien ainsi que le respect strict des lois du Niger par Areva et la France dans les négociations sur le renouvellement des conventions liant Paris et Niamey. Dans la même optique, le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire a appelé à la transparence de l’exploitation minière.

Au Tchad, dernière étape de sa tournée, François Hollande a rencontré samedi le président Idriss Déby puis s’est rendu sur la base militaire française Kossei, pour mettre en place le dispositif de sécurité Barkhane, le poste de commandement de l’armée française pour le Sahel et le Sahara. Un dispositif militaire régionalisé, axé sur la lutte contre les réseaux terroristes et, de fait, l’élimination des cadres de la mouvance jihadiste.

À propos de la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne, il faut noter que dix-huit mois après le déclenchement de Serval dans le nord du Mali, rien n’est réglé. L’armée malienne n’a pas réussi à tenir ses positions autour de Kidal. Les flux de ravitaillement transahéliens n’ont jamais été coupés. Les groupes jihadistes sont toujours en mesure d’exercer des pressions sur les populations civiles. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a commenté les difficultés sécuritaires en ces termes : « La situation en Libye est très favorable actuellement à la circulation d’armes de tous genres. Malheureusement, on constate que beaucoup de trafiquants d’armes, beaucoup de terroristes, beaucoup de jihadistes s’alimentent en armes à partir de la Libye notamment, à partir du Sud libyen. »

Quoi qu’il en soit, Paris a officiellement décidé d’élargir son champ d’action avec l’opération régionale Barkhane. Un nouveau nom pour un dispositif en fait assez similaire à celui qui était en place depuis fin 2013 et qui fonctionne sur le principe des vases communicants à effectif quasi-constant. À terme, 3 000 hommes seront répartis entre la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. « Le Niger a fourni beaucoup d’efforts pour créer les conditions de la sécurité de ses frontières. On peut dire qu’aujourd’hui le Niger constitue, je crois, un rempart face aux menaces qui guettent les pays du Sahel. La lutte contre le terrorisme n’est pas terminée et je crois que c’est pour cela que la France a décidé de maintenir une certaine présence dans la région », affirme Mahamadou Issoufou.

Les défis majeurs de François Hollande sur le continent

Depuis son arrivée à la tête de la France, la politique africaine de François Hollande a été marquée par deux interventions militaires conséquentes au Mali et en Centrafrique. Si le président français entretient de bonnes relations avec la majorité de ses homologues africains, sur certains sujets, ses interventions n’ont pas échappé à quelques dérapages.

Le 13 octobre 2012, en ouverture du quatorzième sommet de la Francophonie à Kinshasa, on a remarqué la poignée de main froide et furtive échangée avec Joseph Kabila. Cette image a fait le tour du monde et a été reprise par toutes les télévisions. Tout juste élu, le chef de l'État français est soucieux de faire comprendre à son homologue congolais qu'il ne passera pas outre la question des droits de l'homme. Mais son comportement est vécu comme une véritable humiliation et irrite les présidents africains présents dans la capitale congolaise.

À Bangui, les soldats français sont accueillis en héros en décembre 2013, alors que la Centrafrique est en plein chaos. L’intervention française évite un véritable bain de sang. Mais un malaise s’est créé dès les premières opérations de désarmement. Les soldats français ciblent les ex-rebelles de la Séléka sans anticiper les conséquences : les populations musulmanes sont immédiatement prises pour cible par les milices anti-balaka. « La France a sous-estimé le pouvoir de nuisance des anti-balaka et a mal anticipé le niveau de haine qui parcourt de nombreuses franges de la population », a reconnu Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense.

Au Mali, la politique française vis-à-vis du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) n’a cessé d’irriter Bamako. Au moment de l’intervention Serval, les forces françaises participent à la conquête de Tombouctou et Gao, mais s’arrêtent à Kidal, bastion des rebellions Touaregs. Lors des récents combats de Kidal, certaines autorités maliennes n’ont pas caché leur agacement vis-à-vis de l’attentisme français.

Nestor N'Gampoula et Fiacre Kombo