Traque de la LRA : la Séléka exige la récompense promise par les Etats-Unis

Lundi 12 Janvier 2015 - 16:01

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Depuis quelque temps, Washington a mis à prix la tête de Joseph Kony et d’autres chefs de l’Armée de résistance du seigneur dont il en est le leader principal. Pour ce qui concerne Dominic Ongwen, les Etats-Unis avaient promis d’offrir une récompense de 5 millions de dollars pour toute information permettant sa capture. La Séléka qui a annoncé avoir arrêté ce commandant de la LRA, réclame déjà la récompense.

La semaine dernière, le Département d’Etat américain et les forces spéciales qui apportent depuis 2011 un soutien à la force d’intervention créée par l’Union africaine (UA) pour démanteler la LRA - un mouvement ougandais particulièrement violent, avaient annoncé l’arrestation de ce suspect recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l’humanité. Pour les membres de la Séléka, l’heure doit être maintenant à la concrétisation des promesses de la part de Washington.

« C’est nous qui l’avons ramené à notre base. Les Américains sont venus à bord de deux hélicoptères, dont l’un s’est posé et a emmené le prisonnier. Nous n’avons toujours pas reçu la récompense promise pour la capture de Dominic Ongwen. J’ai appelé les Américains ce matin et ils ont promis de revenir dans deux jours », a déclaré Mounir Ahmat, commandant de la Séléka.

La Séléka, mouvement rebelle à majorité musulmane, s’est emparée du pouvoir en Centrafrique en mars 2013 avant de le quitter en janvier 2014, sous la pression de la communauté internationale.

Selon la porte-parole du Département d’Etat, Jen Psaki qui s’exprimait après l’annonce de l’arrestation de Dominic Ongwen, l’identité de l’homme se présentant comme ce chef rebelle était en cours de vérification. « Des efforts étaient en cours pour établir de façon positive et complète l’identité de l’homme qui s’est présenté aux forces américaines au nom de Dominic ». Elle a ajouté que si cette défection se confirme, « elle constituerait un coup historique contre la structure de commandement de la LRA ».

Il faut dire qu'en mars dernier, le président Barack Obama avait envoyé environ 150 soldats supplémentaires en Ouganda et, au moins, quatre avions militaires CV-22 pour traquer les chefs de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), dont Joseph Kony, leur leader ainsi que leurs hommes. Ces conseillers militaires américains sont depuis, présents en RCA pour aider à pourchasser les chefs de la LRA. Le patron de la Maison Blanche avait également déjà envoyé une centaine d'élements des forces spéciales dans la région en 2011. Jusqu’à présent, ces soldats aidaient les 5.000 membres de la force conjointe de l’UA, chargée de pourchasser les rebelles de la LRA.

Tout comme d’autres chefs de la LRA, Dominic Ongwen est recherché par la Cour pénale internationale qui l’accuse de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La recherche des rebelles de ce mouvement se concentre sur la jungle aux frontières de la République centrafricaine (RCA), de la République démocratique du Congo  (RDC) et du Soudan du Sud.

D’après le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, Abou Moussa, Joseph Kony se déplace régulièrement dans la région boisée frontalière entre le Soudan du Sud et  la RCA. « Joseph Kony peut être dans Kafia Kingi aujourd’hui, demain il sera dans d’autres parties de l’Afrique centrale, ou ailleurs. Il a peut-être été aperçu, mais cela ne veut pas dire qu’il y est en permanence. Il se sait surveillé », avait-il souligné au sujet du leader de la LRA, ajoutant que ce chef rebelle est traqué « chaque jour ».

L'on repproche à la LRA d’avoir tué et kidnappé des dizaines de milliers de personnes à travers 4 pays africains (Ouganda, Centrafrique, RDC, Soudan du Sud) ces trente dernières années. A noter que  Joseph Kony avait d’abord mené une guérilla brutale contre le gouvernement ougandais pendant près de deux décennies avant de s’enfuir en 2005 avec ses combattants dans les jungles de l’Afrique centrale. Le groupe avait ensuite combattu le gouvernement congolais pendant deux décennies et changea de stratégie, en opérant dans la brousse et en attaquant des villages isolés.

L’ONU estime à plus de 100.000 le nombre de personnes déjà  tuées et 60 000 enfants enlevés par la rébellion de Joseph Kony depuis 1987 en Afrique centrale.

 

Nestor N'Gampoula