Violations des droits humains : des ONG pour des sanctions ciblées contre onze officiels congolais

Jeudi 15 Octobre 2020 - 15:46

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«Pas de levée de sanctions ciblées contre les hauts responsables congolais impliqués dans les violations graves des droits humains sans garantie de justice », c’est la quintessence du plaidoyer mené par cent vingt-deux organisations de défense de droits de l’homme de la RDC.

Au cours d’une conférence de presse animée par Rostin Manketa, directeur exécutif de l’ONG « La Voix des sans-voix » (VSV), et Frank Banza Ngoy, coordonnateur de la structure « Les Amis de Nelson Mandela » pour la ville de Kinshasa, ces organisation de la société civile encouragent l’Union européenne (UE) à maintenir les sanctions ciblées contre onze officiels de la République démocratique du Congo (RDC) impliquées dans de graves violations des droits humains lors du dernier processus électoral, afin de donner un espoir de justice aux victimes de la répression politique en RDC.  « Les victimes dont nous nous faisons le porte-parole n’ont pas oublié les nombreux abus graves qu’elles ont subis pendant les années de répression politique au cours desquelles ces hauts responsables étaient impliqués et pour lesquels elles attendent encore une justice qui tarde à venir, malgré les promesses faites par les autorités en place. Elles constatent que malgré la déclaration du président Felix Tshisekedi de faire de cette année 2020 une « année de l’action», rien n’est mis en œuvre pour obliger les personnes responsables à rendre des comptes pour les crimes du passé », indique le communiqué de presse conjoint de ces organisations de la société civile de défense de droits de l’homme lu par le directeur exécutif de VSV, Rostin Manketa. 

Alors que ces officiels ne font l’objet d’aucune enquête judiciaire afin de répondre des actes qui leur sont imputés, certains parmi eux occupent même encore des postes importants de responsabilités et d’autres sont même promus dans l’administration et l’armée en cette année 2020, regrettent les cent vingt-deux organisations. Elles citent notamment le général John Numbi, certes relevé de ses fonctions, mais libre alors qu’impliqué dans plusieurs violations graves des droits de l’homme, ainsi que le général Gabriel Amisi qui a été, quant à lui, promu. « Cette situation fait naître un doute dans le cœur des victimes de voir un jour leurs bourreaux répondre de leurs actes et fait dissiper un espoir d'une justice en leur faveur », s’inquiètent-elles. Le groupe de cent vingt-deux organisations font remarquer que la situation politique dans le pays demeure encore tendue. Et les derniers développements politiques font croire que des manœuvres sont mises en place pour empêcher toute initiative pouvant conduire à une redevabilité des alliés, entres autres, au pouvoir du président Tshisekedi pour les abus qu’ils ont commis.

Rapport Mapping et TPI pour la RDC

Mais ces ONG soulignent : « Alors que le besoin d’une vraie justice vient d’être exprimé à nouveau par des milliers de Congolais en marge de la célébration ce 1er octobre des dix ans du rapport Mapping  (ce rapport des Nations unies qui a décrit les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en RDC entre mars 1993 et juin 2003, et qui peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre), lever les sanctions contre ne serait-ce qu’un seul de ces officiels, sans qu’ils n’aient répondu des allégations des crimes graves devant les juridictions compétentes serait un affront aux victimes. C’est pour ces raisons que nous invitons les gouvernements de l’Union européenne à maintenir les sanctions ciblées contre toutes ces  hautes personnalités tant qu’il n’y aurait pas des progrès significatifs dans le processus de rétablissement de la justice à l’égard de toutes les victimes de la violente répression politique de ces dernières années et, plus loin encore, des crimes documentés dans le rapport mapping des Nations unies ».

Le groupe des cent vingt-deux organisations n’est contre la justice transitionnelle prônée par le chef qui écarte l’aspect pénal, faisant table rase en privilégiant la réconciliation et la paix. Cependant, a soutenu Rostin Manketa, ces organisations épousent l’idée du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. « Nous joignons notre voix à celle des milliers des Congolais qui demandent l’établissement d’un Tribunal pénal international  pour la RDC ou des chambres spécialisées mixtes pour juger ces crimes, car il ne peut y avoir de paix durable sans justice, comme le répète le prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege », conclut le communiqué de presse conjoint.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Rostin Manketa du VSV et Frank Banza Ngoy des Amis de Nelson Mandela

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