Distinction : Emilienne Raoul élevée au rang d'officier de la Légion d’honneur française

« Mme Emilienne Raoul, au nom du président de la République française, nous vous remettons les insignes d’officier de la Légion d’honneur». C’est après ces mots que l’ambassadeur de France en République du Congo, François Barateau, a remis à Emilienne Raoul la distinction de la Légion d’honneur.   

Bien avant cela, le diplomate français a peint le tableau de celle que la France a choisie pour décerner cette prestigieuse et honorifique distinction. « Enfant de Poto-Poto, d’origines cabindaise et congolaise, et femme de France par adoption, où vous avez effectué une partie de vos études, vous êtes engagée, dès les premières années de votre vie professionnelle, en faveur de l’assistance sociale, à Brazzaville et dans le département du Pool. Après plusieurs années, vous vous êtes ensuite tournée vers le monde universitaire, où vous avez enseigné la géographie à Marien-Ngouabi, où je l’imagine, des centaines de jeunes âmes en devenir ont été façonnées entre vos mains », a déclaré l’ambassadeur.

Il a poursuivi qu'avec son défunt époux, Alfred Raoul, ils ont tous les deux incarné le visage d’un nouveau Congo, qui s’est progressivement reformé de l’intérieur pour s’ouvrir au monde. Mais la guerre est ensuite arrivée, marquée par le déchainement des pires passions des hommes, et conduisant dans les conditions connues de tous, faisant du Congo, en quelques mois seulement, un pays meurtri par les horreurs.

Il a ajouté qu'Emilienne Raoul a refusé de prendre parti dans les combats qui ont déchiré son pays et est engagée au service de la paix, du dialogue et de la réconciliation… Fervente avocate de l’unité du Congo, elle a mis, dès 1997, ses convictions au service de la démocratie dans le but de bâtir un Congo plus juste et plus égalitaire. Jetant toutes ses forces dans cette « bataille pour la démocratie », elle a intégré le Conseil national de transition et pris part à la rédaction d’une nouvelle Constitution. Rêvant peut-être d’une société nouvelle, où les droits, notamment des femmes, occuperaient une place plus importante au sein d’une République « rénovée » et « réconciliée », elle devient députée puis ministre avec une ferveur intacte.

Ministre engagée et progressiste, convaincue que l’émancipation des femmes passe par l’éducation des filles, elle a durant quatorze années démontré sa détermination pour œuvrer à la construction d’une société plus inclusive, plus protectrice, une société où la place des femmes serait reconnue. « Vos réalisations sont là pour l’attester : le Centre de promotion de la femme en politique que vous avez dirigé plus de vingt ans durant, jusqu’à tout récemment après avoir piloté une dernière formation en vue des élections législatives de juillet et le Club des femmes artistes, peintres et sculpteurs de Brazzaville, dont les réalisations ont voyagé jusqu’à l’Unesco…», a précisé le diplomate français.

L’éducation aux valeurs, le combat prochain d’Emilienne Raoul

Exprimant son émotion après avoir reçu la médaille, Emilienne Raoul a indiqué que se voir décerner une telle distinction, c’est reconnaître les œuvres dans lesquelles le récipiendaire s’est singularisé. « Quel service ai-je rendu à la nation ? Le noyau dur des services rendus au Congo, nous ne les avons pas réalisés seuls. Mon pays a bénéficié, dans le cadre de divers programmes, de l’appui des partenaires techniques et financiers, dont la France, par l’intermédiaire de son agence de développement. La réalisation de ces quelques programmes a fait connaître le dynamisme de notre pays hors de nos frontières », a déclaré le récipiendaire.

A ce propos, Emilienne Raoul a cité plus particulièrement deux projets (bien connus des Congolais) : le projet Lisungi et l’Institut national du travail social (INTS), fruits d’une coopération exemplaire. « C’est ensemble que nous avons mené les négociations pour leur financement. Lisungi représente aujourd’hui le symbole de lutte contre la pauvreté et l’INTS, installé dans des bâtiments récemment restaurés par vos soins, représente la référence dans notre pays pour la formation des ressources humaines. Celles-ci seront mises en capacité pour répondre aux différentes situations sociales de nos compatriotes », a-t-elle précisé.

Emilienne Raoul considère cet hommage comme un encouragement à faire davantage d’effort. Ses nouvelles fonctions lui obligent. En effet, à la tête du Conseil économique, social et environnemental, elle a la mission de faire remonter au niveau du président de la République et des deux chambres du Parlement les préconisations des citoyens dans la résolution des problèmes qui les concernent. Enfin, en tant que présidente de ce Conseil, elle a partagé les orientations de ses prochaines réflexions relatives à quelques aspects de la vie en société.