Emoluments des députés : Moïse Moni Della appelle à la réflexion de tout citoyen épris de paix et de justiceLundi 12 Septembre 2022 - 15:12 Le président du parti politique Conservateurs de la nature et démocrates (Conade), Moïse Moni Della Idi, dans une tribune publiée en début du week-end dernier, indique que « la rémunération excessive et révoltante des députés nationaux à 21 000 dollars américains le mois, dénoncée par Martin Fayulu et Pierrot Luwara puis confirmé par Delly Sesanga et Jean-Marc Kabund, continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive ».
Loin des polémiques stériles et indépendamment des chapelles politiques, Moïse Moni Della Idi estime que le sujet mérite réflexion et attention de tout citoyen. « C’est un sujet d’intérêt national qui relève de la justice sociale et distributive. Sinon, l’État de droit, credo du président actuel, n’a aucun sens et aucune substance », a-t-il souligné. Cet ancien cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) rappelle, en effet, que le noble combat des treize parlementaires qu’il a relayé, en bravant tous les risques et en consacrant d’énormes sacrifices, avait comme leitmotiv l’amélioration de la vie des Congolais. Pour lui, aujourd'hui, cette formation politique chère à Etienne Tshisekedi au pouvoir, a un devoir historique, politique et patriotique de veiller à cet idéal pour lequel plusieurs des vaillants combattants ont sacrifié leur vie. « La politique, disait Socrate, n’a de sens, de substance et de consistance que si et seulement si elle œuvre pour l’intérêt général », a souligné le président de Conade. Et de noter qu’une rémunération convenable et confortable permet, comme disait Bourdieu, à un citoyen de connaître la mutation sociale. « D’où, la nécessité de réfléchir sur la politique sociale, la disparité sociale, l’écart social et la fracture sociale chère à Jacques Chirac », a-t-il insisté. Résoudre les besoins du peuple Selon Moïse Moni Della, en effet, les projets de société des partis politiques et des États modernes se résument par la résolution des besoins du peuple. « Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire était bien inspiré, en laissant un véritable, mémorable, valable, inoubliable testament politique qui se résume à ‘’Le peuple d'abord" », a-t-il fait savoir C’est ainsi qu’il ne plaide pas pour que la République démocratique du Congo (RDC) devienne « un État providence où on va commencer à raser gratis, où chaque matin, on va commencer à donner l’aumône au peuple ». Selon lui, l’Etat doit fixer un salaire décent aux citoyens dans tous les secteurs, pas seulement aux personnels politiques (députés, sénateurs, gouverneurs, ministres ...). « Dans un pays comme le nôtre, de surcroît qui se targue d’être un État de droit, il doit y avoir une politique salariale juste, équitable et satisfaisante pour tout le monde », s’est-il convaincu. Pour lui donc, le salaire du président de la République, d’un député ou autres autorités ne peut pas être un sujet tabou. « Comment, dans un État de droit, le président, le député ne connaissent pas leurs salaires ? Le président de la République n’a pas hésité de dire qu’il ne connaissait pas son salaire à une question pertinente et insidieuse posée par Christian Lusakueno de la Radio Top Congo », a regretté le président du Conade et porte-parole du peuple. Rappelant que la question de même nature a été posée au président français par les écoliers, Moni Della a souligné que ce dernier n’a pas hésité de dire : « je gagne 15 000 euros. Après tous les prélèvements et cotisations, il me reste net 9 000 euros ». Et de souligner que les députés français et autres disent sans hésiter et sans gêne ce qu’ils gagnent. Chaque député donne le montant de sa rémunération Le président du Conade note, par ailleurs, qu’en RDC, chaque député donne le montant de sa rémunération qui est différente des autres. « Ceux qui montrent allègrement et mécaniquement leur bulletin de paie de 7 000 dollars américains refusent catégoriquement de reconnaître qu’il y a plusieurs enveloppes et rémunérations qu’on appelle communément invisibles du monde des visibles qu’on ne perçoit pas à la banque, mais plutôt en main propre auprès d’un caissier appelé communément ‘’maboko banque’’ par les Kinois », fait constater cet ancien cadre de l’UDPS. Et d'indiquer que bientôt, ils vont toucher aussi la rubrique appelée Réserves parlementaires de 5 000 dollars américains. Selon lui, ceux qui ont parlé de 21 000 dollars américains n’ont dit que la vérité. Ceux qui disent le contraire, a-t-il affirmé, prennent les Congolais pour des canards sauvages, les moutons de panurge. « Ils n’ont aucune considération pour le peuple. La nouvelle chanson patriotique et révolutionnaire de Koffi Olomide est très révélatrice. On ose même menacer les gens pour avoir dit la vérité, alors que dans d’autres cieux, c’est un sujet qui peut faire bouger les lignes », a-t-il souligné. « Où est l’IGF ? Où est la Cour des comptes ? Où est la justice pour éclairer l’opinion sur ce sujet ultra-sensible de la dilapidation de l'argent du contribuable congolais ? Le président Félix ne disait-il pas à l’époque que l'UDPS au pouvoir, le policier aura un salaire décent qui va lui permettre d’acheter une voiture et une maison ? Était-il populiste ou démagogue ? », se demande cet ancien cadre de l’UDPS, avant d’affirmer qu’il ne croyait pas que l’actuel chef de l’Etat était « populiste ou démagogue ». Le pouvoir change certaines personnes Cet homme politique estime que dans un pays scandaleusement riche comme la RDC, c’est possible ce que Félix Tshisekedi, alors dans l’opposition, avait promis ; pourvu qu’il impose une stricte orthodoxie financière, en fermant le tonneau des Danaïdes, en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. « Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut absolument diminuer les revenus des hommes politiques et mandataires publics. Je préconise, par contre, qu’on puisse réajuster à la hausse les salaires des policiers, militaires, médecins, enseignants, etc. », a-t-il affirmé. Pourquoi, s’est-il demandé, un professeur d’université ne toucherait pas comme un député ? « Je suis pour l’équité, la réduction de l’écart salarial. Bref, la disparité salariale pour consacrer et concrétiser la justice salariale et distributive », a-t-il conclu. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Moïse Moni Della Idi/DR Notification:Non |