Voir ou revoir : « Le dernier roi d’Ecosse » de Kevin Macdonald

Jeune médecin écossais tout juste diplômé, Nicholas Garrigan se rend en Ouganda en quête d'aventure. En outre, il est nourri par le désir de mettre ses compétences au service de la santé de la population locale. Par le hasard du destin, peu après son arrivée, il est appelé sur les lieux d'un accident où le nouveau leader du pays, Idi Amin Dada, a percuté une vache. La façon dont Garrigan maîtrise la situation, son calme et sa franchise surprennent Amin Dada qui lui propose de devenir son médecin personnel.

Pour Nicolas, tout se passe bien et face à une telle opportunité, il ne peut que dire oui. Séduit par le charisme du chef de l'Etat, le jeune médecin rejoint le cercle fermé du président ougandais au sein duquel il mène grand train. Seulement, il est loin de se douter du vrai visage de celui qu’il admire tant. Piégé au coeur de la mégalomanie meurtrière d'Amin Dada, Garrigan, témoin d'enlèvements et d'assassinats, devient malgré lui, au fil du temps, complice d'un des plus terrifiants régimes africains du XX^e siècle.

« Le dernier roi d’Ecosse » est, certes, une fiction, mais derrière le thriller, le long-métrage d’environ 2h présente la vraie histoire de l'Ouganda sous le régime d'Idi Amin Dada. Il s’inspire du roman éponyme de Giles Foden. Le temps a été réduit et des personnages imaginaires comme celui de Nicholas Garrigan ont été ajoutés, mais de nombreux événements dépeints dans le film ont réellement eu lieu. C’est un pari réussi pour le réalisateur américain, Kevin MacDonald, d’avoir, en plus, pu tourner le film en Ouganda, avec l’implication de la population locale.

Autoproclamé « Président à vie », Idi Amin Dada a été autant encensé que décrié durant ses huit années au pouvoir dans les années 1970. « Le dernier roi d’Ecosse » montre le charisme et la folie névrotique de cet homme responsable de la mort de presque 300 000 personnes , d’après plusieurs sources. Idi Amin Dada a quitté ce monde en août 2003 sans avoir été jugé pour ses crimes de guerre.

Avec des scènes très fortes, tantôt terrifiantes, tantôt comiques, ce film doit en partie sa grandeur à la majestueuse interprétation de Forest Whitaker qui incarne avec brio Idi Amin Dada. Un personnage aux humeurs fluctuantes ; tour à tour inquiétant, affectueux, monstrueux puis finalement si fragile. Pour cette performance, l’Américain a pu remporter plusieurs prix dont l’Oscar 2007 du meilleur acteur.

En ouvrant une fenêtre sur le passé de l'Ouganda, le réalisateur pose le débat sur comment peuvent réagir des êtres humains ordinaires lorsqu'ils sont confrontés aux actes les plus inhumains. D’où, chapeau bas également à James McAvoy ou Nicholas Garrigan. Il s’est montré très convaincant dans son rôle de jeune médecin, chanceux et insouciant, qui se croit intouchable car proche du président. Par ailleurs, il a le mérite d’avoir levé le voile de la mythologie qui entoure le dictateur et de plonger le spectateur dans son intimité.