Francophonie : pour Louis Michel, « il est temps que la langue française renoue avec la culture de l’universel qui a fait sa grandeur »Mercredi 11 Juin 2014 - 12:05 L’Alliance francophone a tenu le 7 juin, à Paris, son assemblée internationale sur le thème « Faire de la communauté francophone une réalité » sous la houlette du professeur Charles Zorgbibe, ancien recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, vice-président délégué de l’alliance et président du colloque Le secrétaire perpétuel de l’Académie française des Beaux-Arts, Arnaud d’Hauterives, a été désigné président d’honneur de l’Alliance francophone, « acteur majeur du paysage de la Francophonie ». Il pense qu’au sein du monde d’aujourd’hui, jamais les valeurs portées par [cette communauté], et notamment le respect de la personne humaine, n’ont eu autant besoin d’être défendues. Il succède à ce poste à l’ambassadeur Stéphane Hessel, décédé en 2013. L’ambassadeur Pierre Protar a rendu hommage à Jean Guion, réélu à la tête de l’Alliance francophone « si vivante et si rayonnante ». Le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences d’outre-mer (Asom), Pierre Gény, a rappelé l’adhésion de l’Asom à la déclaration des pères de la Francophonie que furent les présidents Léopold Sédar Senghor du Sénégal, du Niger Diori Hamani, et de Tunisie Habid Bourguiba, ainsi que du prince Norodom Sihanouk du Cambodge. Il a aussi rappelé quelques éléments des textes de Léopold Sédar Senghor, en 1962 : « Au moment où, par totalisation et socialisation, se construit la civilisation de l’universel, il est, d’un mot, question de nous servir de ce merveilleux outil trouvé dans les décombres du régime colonial. De cet outil qu’est la langue française. La Francophonie, c’est un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire ». Pierre Gény a aussi énuméré les apports de la Francophonie, par exemple l’Ohada, en charge de gérer le droit des affaires en Afrique. L’ancien commissaire européen Louis Michel s’est déclaré favorable au maintien de la diversité linguistique et opposé à « ceux qui s’arc-boutent sur l’unilinguisme, comme si la connaissance de plusieurs langues étrangères affaiblissait ou trahissait la sienne propre », considérant que le monde qui refuse la diversité, qui étouffe la solidarité et qui tente d’effacer le souvenir, est un monde d’otages. La tendance inverse dans un monde globalisé ne pouvant accoucher que « d’ignorances et de violations des droits humains ». Louis Michel inscrit le français dans la défense de la diversité. Il pense qu’il est temps que cette langue « renoue avec la culture de l’universel qui a fait sa grandeur », qui véhicule mieux les valeurs de démocratie, de respect de l’autre, de dialogue et de culture. Il invite les francophones à être de « nouveaux non-alignés », face au monolinguisme qui s’impose dans les forums internationaux, les milieux économiques. Le président de l’Alliance francophone, Jean Guion, a appelé à la vigilance dans la défense et la promotion des valeurs qu’incarne la langue française. Il pense que la mobilité des individus est une des conditions sinon le fondement même de toute liberté. « Il ne saurait y avoir de souveraineté étatique sans souveraineté populaire. Les frontières et les États évoluent, disparaissent, apparaissent… Les peuples, eux, demeurent quelles que soient les péripéties les plus cruelles de l’histoire », a-t-il rappelé. Il invite à repenser les relations au sein de la Francophonie, reconnaissant que « la fragilité des régimes africains et la précarité économique sont souvent le fait de nos responsabilités moralisatrices et parfois même néocoloniales “nordistes” », à réinventer des relations respectueuses entre pays francophones, des histoires, des cultures et des traditions et à instaurer des relations « plus solidaires, plus ouvertes ». L’Alliance francophone est représentée par 48 pays et fête ses 25 ans d’existence. Noël Ndong |