Libye : France et Italie marquent leur impatienceMercredi 9 Mars 2016 - 18:30 Le président Français et le Premier ministre italien se sont retrouvés mardi à Venise pour parler, surtout, de la Libye La relation Franco-italienne a marqué ses points de convergence mardi sur les dossiers brûlants de l’heure. Même si l’appartenance de M. François Hollande et de M. Matteo Renzi au même courant socialiste n’est pas fondamentale en la matière, elle n’est pas non plus à sous-estimer dans une cordialité qui n’a pas toujours été. On se rappelle encore l’époque pas lointaine où MM Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se lançaient des noms d’oiseaux tout en appartenant tous deux, le président et le Premier ministre, à la droite européenne. Parmi les thèmes d’intérêt commun abordés au cours de l’entretien entre les deux hommes mardi à Venise, il y a eu, par exemple, la finalisation de la ligne de Tgv Turin-Lyon. Mais c’est surtout la question libyenne qui a dominé. France et Italie sont d’accord pour un retour rapide à la normalité en Libye, pays en bordure de l’Europe devenu terrain de jeu du mouvement djihadiste de l’Etat islamique (E.I.), et point de déstabilisation islamiste au Maghreb. L’intervention militaire conduite par la France et la Grande-Bretagne en Libye en 2011 avait abouti à la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi. Depuis, le pays est plongé dans une grave crise qui voit deux parlements et deux gouvernements rivaux se disputer, y compris par les armes, la suprématie du pouvoir. Sans autorité de référence, sans capitale affirmée, la Libye est devenue aussi le point de passage de milliers de migrants tentant de gagner l’Europe en traversant la Méditerranée. « Le chaos ne peut bénéficier qu'aux terroristes et nous devons tout faire, malgré les déconvenues, pour qu'il y ait enfin un gouvernement qui puisse s'installer », a estimé M. François Hollande. De son côté, le Premier ministre italien a averti les Libyens : « Il y a eu trop d'attente et pas assez de pression. Les Libyens doivent savoir que le temps à leur disposition n'est pas illimité ». Matteo Renzi a toujours conditionné toute solution de la crise à l’entente préalable des Libyens. L’impatience des deux hommes se justifie par les interminables atermoiements à Tripoli pour la formation du gouvernement d’unité nationale laborieusement mis sur pied par l’ONU. Mardi, précisément, le Parlement de Tripoli, qui devait se réunir pour approuver cette équipe, a décidé de renvoyer sa session à plus tard. Les deux parlements rivaux, l’un installé à Tripoli et l’autre à Tobrouk (qui est reconnu par la communauté internationale) ne parviennent toujours pas à s’entendre sur les noms, le nombre des futurs ministres ou sur la qualité des élus appelés à statuer. Or, le pays est gravement infiltré par les islamistes combattants. Leur présence commence à avoir des effets néfastes sur les voisins, ainsi que le démontre la spectaculaire attaque de lundi contre la région de Ben Guerdane dans le sud-est de la Tunisie près de la Libye. Les islamistes menacent les intérêts occidentaux. Des occidentaux qui affirment de plus en plus ouvertement leur volonté d’intervenir pour briser la menace dans l’œuf. Ainsi, des militaires spécialisés français seraient déjà sur le terrain tout comme des commandos italiens, selon la presse de la péninsule, alors que les Etats-Unis multiplient les raids par drones. Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a soutenu mercredi que l’Etat islamique était « en train de se consolider en Libye ». Devant le Sénat, à Rome, M. Gentiloni a affirmé : « Il y a aujourd'hui 5.000 combattants de Daech (Etat islamique),concentrés dans la région de Syrte mais capables d'accomplir des incursions dangereuses ». Mais Rome reste prudente quant à emboîter ouvertement la voie de la guerre ouverte : « Nous travaillons pour pouvoir répondre à une éventuelle demande de sécurité du gouvernement libyen, rien de plus et rien de moins, dans le respect de la constitution et uniquement après le feu vert du parlement », a souligné le ministre italien. Cette semaine, M. Renzi a réaffirmé qu’il n’entendait pas jouer les va-t-en-guerre en Libye ; que ce n’était pas comme dans « un jeu vidéo ». Mais les Etats-Unis rongent leurs freins. Mardi, ils ont indiqué que l’Italie restait maîtresse de sa décision (des avions bombardiers éventuels décolleraient d’une base militaire en Sicile), parce que, eux, sont déjà prêts. « Souvent les interventions ne représentent pas la solution mais parfois elles peuvent même aggraver le problème. A ceux qui alignent des chiffres de soldats, je rappelle que la Libye a une superficie six fois plus grande que l'Italie et ce n'est pas un théâtre facile pour les exhibitions musclées », a tempéré le ministre italien des Affaires étrangères.
Lucien Mpama Notification:Non |