Zone franc : A la recherche de points de convergence avant la rencontre avec les institutions de Bretton Woods du 7 au 9 octobre

Mardi 4 Octobre 2016 - 17:14

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les ministres des Finances, les gouverneurs des banques centrales et les présidents des institutions régionales de la zone Franc  étaient réunis à Paris, le 30 septembre, pour échanger sur les grands enjeux économiques et monétaires d’intérêt commun entre la France et ses anciennes colonies.

La réunion avait pour objectif premier, d’harmoniser leurs positions avant la rencontre d’automne avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) à Washington, du 7 au 9 octobre, dans un contexte économique mondial et régional moins favorable.

Les débats ont tourné autour de deux points focaux : la question de l’efficacité de l’investissement public et l’identification des obstacles au développement et à l’intégration du crédit. Ont été également abordées, les solutions permettant de soutenir le financement de l’économie, et en particulier le secteur privé - grand pourvoyeur d’emploi, comme relais pour la croissance des pays africains. Les ministres ont enfin analysé l’état de la convergence en Zone franc. Conscients de la nécessité de renforcer l’intégration régionale, les Etats de la Zone franc ont mis en place des mécanismes de revue périodique incitant les Etats à harmoniser leurs politiques macroéconomiques.

Ils ont cependant relevé une certaine hétérogénéité des performances économiques des Etats et des vulnérabilités propres à chaque zone, et des chocs exogènes subis en 2015. Par contre, ils ont souligné la nécessité de poursuivre les efforts en vue d’établir les équilibres macroéconomiques et budgétaires. Ils ont aussi plaidé pour l’amélioration du cadre institutionnel et procédural de gestion des investissements, rappelant le rôle du secteur et des financements privés ainsi que des complémentarités public-privé, convenant de l’importance d’un cadre juridique et institutionnel stable et rigoureux pour permettre leur développement maîtrisé.

Le ministre français des Finances, Michel Sapin a rappelé le choc sécuritaire auquel les pays du Sahel et ceux du bassin du lac Tchad continuent de faire face. Il a renouvelé leur solidarité et souligné l’engagement commun d’une mise en œuvre des politiques innovantes, soutenables et favorisant la croissance inclusive. Michel Sapin a invité le GAFI (Groupe d’action financière) à trouver des outils juridiques pour lutter contre le financement du terrorisme au sein des  organismes régionaux africains de la zone franc.

Le Franc CFA, un gage de stabilité

Le gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné, a fait état d’une meilleure résistance des pays africains de la zone franc contrairement à leurs voisins,  face à la chute du cours des matières premières. « Personne ne peut nous dire que, par rapport aux autres pays qui ont à peu près les mêmes challenges que nous, ils sont mieux lotis », a-t-il déclaré.

Une déclaration confirmée par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui considère que le franc CFA n’est ni sous-évalué, ni surévalué, soulignant son arrimage à l’euro comme « un gage de stabilité précieux par mauvais temps ».  Ajoutant : « nous menons régulièrement des études économiques pour voir si le franc CFA est surévalué ou sous-évalué par rapport à son niveau économique de très long terme. Aujourd'hui notre réponse est très claire, le franc CFA n'est ni sous-évalué, ni surévalué ».  Il explique que cette monnaie utilisée par 14 pays d’Afrique subsaharienne francophone et les Comores agit comme « un mécanisme de protection  contra-cyclique ».

Poursuivant : « Des grands pays pétroliers d’Afrique, je n’ai pas besoin de citer de noms, qui ne sont pas dans la zone franc, ont aujourd’hui des inflations domestiques à deux chiffres, très spectaculaires. Ça, c’est évidemment une très mauvaise chose pour le pouvoir d’achat ». Ainsi, le franc CFA serait à sa juste valeur, loin d'être un frein à la croissance, permettant aux pays qui l'ont pour monnaie de mieux résister au choc créé par la faiblesse des cours des matières premières, selon lui.

Michel Sapin a rappelé les deux éléments essentiels pour lesquels la France garantit le franc CFA: « par solidarité et pour servir les intérêts des entreprises françaises en Afrique ». Expliquant : « Ça permet de développer les investissements dans de meilleures conditions, sans prendre de risques. Dans d’autres pays, il faut à chaque fois se garantir contre le risque de dévaluation dans un sens, dans l’autre. Tout ceci est en quelque sorte effacé par des mécanismes qui sont ici ».

Lucas Abaga Nchama : la question du franc CFA n’est pas d’actualité 

Michel Sapin estime le débat du franc CFA « légitime et respectable », mais renvoie les explications aux Africains. Considérant que « cette monnaie est la monnaie des Africains, c'est à eux de décider de l'avenir de leur monnaie ».

Pour le gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), Lucas Abaga Nchama, la question du franc CFA n'est pas d'actualité. « La crise actuelle n'est pas du tout monétaire, c'est une crise qui provient d'un choc exogène qui impacte nos économies ».  Soulignant : « la Cémac (Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique centrale) exporte du pétrole, la Cémac subit la crise mais les effets sont moins importants que dans d'autres pays où l'inflation a explosé. On voit les avantages ». Il a insisté sur la stabilité apportée par le franc CFA.

Son homologue de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné est du même avis : « le problème ne se pose pas au niveau du franc CFA, ce n'est pas la préoccupation aujourd'hui. La préoccupation c'est de maintenir la croissance, et personne ne peut nous dire que d'autres pays qui ont les mêmes challenges que nous sont mieux lotis ».

Les pays de la zone franc se sont donné rendez-vous,  le 14 avril 2017, à Abidjan en Côte d’Ivoire. 

Noël Ndong

Notification: 

Non