Mgr Dieudonné Nzapalainga, cardinal pour le dialogue

S’il manquait une épreuve de feu pour que l’archevêque de Bangui conforte son image d’homme de dialogue, pont entre les croyants de Centrafrique, Mr Dieudonné Nzapalainga l’a eue mercredi. C’est le jour où tout a de nouveau failli basculer dans la capitale et en province. Pendant que le sulfureux PK5 contemplait encore les fumeroles des violences soudaines de la semaine passée, consécutives aux représailles qui ont suivi l’assassinat d’un officier de l’armée à Kanga-Bandoro, dans le centre du pays, la situation s’enflammait: 9 morts et 17 blessés entre ex-Séléka et ex-antiBalakas autour s’une simple histoire de vol.

A Bangui, au Pk5 où la semaine passée on a compté près d’une quinzaine de morts, mercredi a été le jour de nouveaux risques mais aussi de paix autour de la figure de Mgr Nzapalainga. L’annonce, dimanche par le pape, de son élévation au rang de cardinal, a provoqué des scènes de joie et de liesse. Y compris au quartier majoritairement musulman du Pk5 où, une nouvelle fois, Mgr Dieudonné Nzapalainga est allé appeler les habitants à ne pas s’enfermer dans la peur des représailles. Comme toujours chaque fois qu’il décide une telle « marche » spontanée, des riverains se sont joints au cortège.

L’émission de débats « Dialogue des religions », mercredi soir sur les antennes de VOA, la Voix de l’Amérique, était tout entière à l’enseigne de Mgr Dieudonné Nzapalainga. Et même de l’Afrique centrale puisque l’animatrice principale de l’émission, Anasthasie Tudieshe, originaire de République démocratique du Congo, y avait convié notre confrère Albert Mianzoukouta de Radio Vatican autour du nouveau cardinal, intervenat en duplex depuis Bangui. Mgr Nzapalainga a fait part de sa surprise le jour de sa nomination – « j’étais en brousse quand la nonciature me l’a annoncée »-, mais qu’il prenait sa nouvelle charge comme un encouragement à poursuivre sur la voie du dialogue des religions.

« Aujourd’hui même, deux faits m’ont frappé à Bangui lors de la marche que nous avons organisée au Pk5. Avec la foule en liesse, nous avons marché pour inviter au dialogue et à la fin des peurs. Une chèvre s’est placée en tête de cortège et est devenue notre mascotte. Ensuite, je me suis arrêté au niveau d’un groupe de jeunes et je leur ai parlé de paix et de pardon. Ils sont entrés dans leur maison et en sont sortis pour me livrer un jeune qu’ils retenaient prisonnier, sans doute pour le tuer. Ces deux faits me parlent, et sont signes que même les animaux sont pour la paix des hommes en Centrafrique ! »

En tout cas, tout porte à croire qu’en appelant Mgr Nzapalainga au cardinalat, le pape François a voulu de nouveau inviter les Centrafricains à accentuer leur engagement pour la paix et le dialogue. Déjà en novembre dernier, c’est ce pays que le Souverain pontife avait choisi comme une des trois étapes de son tout-premier voyage en Afrique. Contre vents et marées, il avait maintenu l’escale à Bangui, y ouvrant même la première « Porte Sainte » du jubilé de la Miséricorde qu’il venait de décréter. Son incitation avait ensuite permis la tenue d’élections relativement pacifiées. Le futur cardinal Dieudonné Nzapalainga vient donc à point nommé pour ajouter « un plus » au processus du dialogue entre les croyants du pays.