Qu'est-ce qui fait tant fuir André Okombi Salissa?Jeudi 24 Novembre 2016 - 13:00 Ministre pendant quinze ans (1997-2012), André Okombi Salissa est, en dehors du général Jean-Marie Michel Mokoko, incarcéré pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », le seul candidat malheureux au scrutin présidentiel du 20 mars 2016 qui vit dans la clandestinité depuis de longs mois. Officiellement, aucune action judiciaire n’est engagée contre lui. De quoi a-t-il peur ? Où se terre-t-il ? Autant de questions que l’on se pose à Brazzaville. « Je ne me reproche rien », a expliqué sur RFI, les 23 et 24 novembre, l’ancien ministre André Okombi Salissa, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars dernier. Depuis l’éclatement des violences dans les quartiers sud de Brazzaville, le 4 avril, à la suite des attaques menées par les ninjas-nsiloulou du Pasteur Ntoumi, André Okombi Salissa n’a pas été vu en public. Certaines rumeurs dont Brazzaville a le secret donnaient l’ex-ministre en exil à l’extérieur du pays, d’autres le supposaient aux côtés de Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntoumi traqué par les forces de l’ordre dans le département du Pool. Des informations évidemment difficiles à vérifier dès lors que l’intéressé restait silencieux. Jusqu’à ce mercredi 23 novembre, lorsqu’il s’est signalé dans les éditions parlées du soir de RFI, puis le lendemain matin comme invité. Quarante-huit-heures auparavant, le 21 novembre, le procureur de la République, André Gakala Oko, avait présenté au public un lot d’armes et de munitions de guerre qui auraient été saisies au domicile de l’épouse de l’ancien ministre nommée Gisèle Ngoma. Sur la foi de cette opération et en l’absence des deux époux, une information judiciaire a été ouverte à l’encontre de Roland Gambou, neveu d’André Okombi salissa trouvé sur les lieux. Ce qui est vrai, sur le compte de l’intéressé, les informations lues dans la pesse brazzavilloise faisaient état de ce qu’il serait en intelligence avec des puissances extérieures en vue de la déstabilisation des institutions publiques. Dans sa livraison n° 105 du 5 octobre 2016, le journal « Le Troubadour » citait dans cette affaire un certain Okieri, de nationalité gabonaise, considéré comme ayant été de mèche avec André Okombi Salissa. La même source signalait des connexions qui existeraient entre lui et des éléments armés du Pasteur Ntoumi, dont un certain Mabenda, milicien ninja, de son nom de guerre Stoy, lequel a exercé entretemps les fonctions de sous-préfet du district de Goma Tsé-Tsé (Pool). Cette accumulation d’informations pas toujours gaies pour lui, a-t-elle créé un doute dans la tête d’André Okombi Salissa lui faisant redouter une interpellation par la justice de son pays ? Difficile de ne y penser. Clamer son innocence tout en se cachant, n’est pas l’option prise par ses amis de l’opposition qui eux, continuent d’aller et venir aux quatre coins de la capitale et même du Congo. Pascal Tsaty Mabiala, Guy-Brice Parfait Kolélas, Claudine Munari, pour ne citer que ces anciens candidats comme lui à la présidentielle du 20 mars, ne vivent pas cachés. Tous les quatre sont députés, les deux premiers ont même repris de siéger à l’Assemblée nationale. En engageant préalablement un avocat pour le défendre en prévision d’ennuis judiciaires qu’il pourrait connaître, André Okombi Salissa semble convaincu d’une chose : aussi longtemps qu’il restera caché, le doute sur son éventuelle implication dans les faits graves d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et détention illégale d’armes de guerre qui lui sont reprochés ne sera pas levé. Où se cache-t-il ? Que compte-t-il faire ? Prendre le courage de se montrer ou multiplier les déclarations dans sa cachette ? La responsabilité suppose aussi de s’arrêter un moment et faire le point de son action. La Rédaction Notification:Non |