Italie : le responsable d’un naufrage géant de migrants condamné à 18 ans de prisonMercredi 14 Décembre 2016 - 16:16 A la barre, le Tunisien a tenté de minimiser son rôle : le stratagème n’a pas réussi face aux juges de Catane. En Italie, où pourtant les drames de la migration sont légion, on se souvient du naufrage du 19 avril 2015 comme étant le pire et le plus horrible dans l’absolu. Ce jour là – une nuit – un chalutier en piteux état parti des côtes de Libye, s’était tout simplement enfoncé dans les eaux de Méditerranée à l’approche des secours. Près de 1000 personnes emprisonnées dans ses cales ou dans l’impossibilité d’attraper les filins qui leur étaient jetés, s’étaient noyées. Et pendant un an, 800 cadavres étaient restés prisonniers des abysses avant que le bateau ne soit renfloué et que ce qui restait des corps soit conduit vers différentes morgues en Sicile. Très rapidement, les enquêteurs italiens avaient mis la main sur le « responsable » de cette tragédie: Mohammed Ali Malek, Tunisien, était le capitaine du chalutier ; Mahmoud Kikhit, Syrien, était son second. Tous deux ont nié la gravité de leurs responsabilités affirmant, comme c’est souvent le cas, qu’ils étaient eux aussi des candidats à la migration comme les autres victimes de cette catastrophe. Mais le stratagème n’a pas pris. Les survivants, une trentaine à peine, ont été formels en les reconnaissant comme les donneurs d’ordres et ceux qui avaient organisé cette traversée de la mort. Devant le tribunal de Catane, en Sicile, ils ont été condamnés mardi après-midi. Le « capitaine » a écopé de 18 ans de prison ferme et son adjoint de 5 ans, le tout assorti de lourdes amendes financières de l’ordre de 9 millions d’euros (près de 59 millions francs CFA) chacun, pour cette affaire sordide. Voilà clos le volet d’une hallucination qui a vu aussi, fait remarquer, le Premier ministre italien d’alors, Matteo Renzi, se dresser contre sa propre opinion pour engager de gros frais et ramener les 800 corps à la surface, afin de « leur donner une sépulture digne ». Malheureusement, ce chapitre ne clôt pas la liste des tragédies de traversée en Méditerranée. Depuis avril 2015, plus de 5.000 autres personnes ont péri noyées en tentant de traverser vers les côtes italiennes pour gagner l’Europe. C’est un véritable jeu de roulette russe qui s’est engagé, dans lequel ceux qui meurent ne dissuadent pas ceux qui tentent, chacun étant convaincu de sa baraka personnelle. Car, comme on le sait, la mort ne frappe que les autres. La tragédie du 19 avril va sans doute passer au cinéma ou dans les salles de musée. Le célèbre cinéaste mexicain Alejandro Inarritu serait en contact avec les autorités italiennes pour exposer l’épave du chalutier du malheur. Le cinéaste veut porter ce bateau jusqu’à Milan (plus de 600 km), au nord de l’Italie, où il sera exposé devant la cathédrale de la capitale économique. Le pape François y est attendu en mars prochain. Le drame avait ému le chef de l’Eglise catholique qui s’était rendu sur place pour jeter un bouquet de fleurs à la mer pour ces victimes anonymes. Il avait dénoncé alors une « globalisation de l’indifférence ». Lucien Mpama Notification:Non |