Santé : une double campagne d'opérations chirurgicales des pieds bots a démarré à Dolisie (Niari)Jeudi 23 Janvier 2014 - 15:30 Les 3e et 4e campagnes de soins chirurgicaux des enfants ayant des malformations au niveau du système locomoteur, viennent d’être lancées ce mercredi 22 janvier par Marie Céline Tchissambou Bayonne, directrice de cabinet de la ministre des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité Au total près de 200 enfants venant de tous les départements du pays, sauf de la Likouala, seront opérés gratuitement. Cette campagne s’étalera sur un mois. Georges Biokabakana, directeur de la réadaptation, fait le bilan des deux premières éditions, tout en évoquant certains aspects de cette édition couplée. « Pour la première édition, nous avons opéré 42 enfants et pour la deuxième, nous en avons opéré 72. Donc je pense que les populations adhèrent bien à ce projet puisque les effectifs sont en augmentation. Et pour cette édition-ci, nous aurons à opérer plus d’une centaine d’enfants. Cette adhésion s’explique du fait qu’avant, cette pathologie du pied bot n’était pas prise en charge de cette façon », a déclaré Georges Biokabakana. « Aujourd’hui, elle intègre à la fois le système de santé et le système social. Et la tranche d’âge à opérer est comprise entre 0 et 16 ans. Concernant le suivi des enfants qui ont été opérés lors des premières éditions, nous avons pu mettre en place trois composantes d’évaluation, la composante médicale, la composante kinésithérapie et la composante appareillage. Après avoir constaté quelques faiblesses dans la composante appareillage, cnous sommes en train de les régler », a poursuivi l’orateur. Concernant la kinésithérapie, une session de formation s’est tenue pour que ce volet puisse répondre aux exigences voulues par le projet. Car le projet n’est pas seulement l’intervention chirurgicale, c’est aussi l’appareillage, la kiné. Pour terminer, Georges Biokabakana a loué de façon très sincère « l’apport considérable » de tous les partenaires qui aident l’État congolais dans ce projet, à savoir Chevron, Eni-Congo, l’ONG Pied sur l’Egalité, et bien d’autres. Qu’est-ce qu’un pied bot ? C'est la déformation la plus courante des os et des articulations chez les nouveaux-nés. Il est présent environ chez un nouveau-né sur 1.000, deux fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles. La cause du pied n’est pas réellement connue, mais il est probable qu’il s’agisse d’un problème d’ordre génétique et non pas d’une déformation liée à quelque chose que les parents auraient fait ou pas. Ainsi, il n’y a aucune raison pour que les parents se sentent coupables d’avoir un enfant avec un pied bot. Les possibilités d’avoir un deuxième enfant avec un pied bot sont de 1 sur 30. Par ailleurs, les parents d’un enfant normal né avec un pied bot, peuvent être rassurés sur le fait que leur enfant, s’il est traité par une personne qualifiée dans ce domaine, aura un pied d’apparence normale avec une très bonne fonction. Car un pied bot bien traité n’entraîne aucun handicap et la personne est totalement capable d’avoir une vie active normale. Après la correction complète du pied bot, les consultations seront programmées tous les 3-4 mois pendant 2 ans, puis moins fréquemment. Le médecin décidera de la durée du port de l’attelle en fonction de la sévérité du pied bot et de la tendance à la récidive de la déformation. Il est conseillé de ne pas arrêter le traitement précocement. Des consultations annuelles seront programmées pendant 8 à 10 ans pour rechercher d’éventuelles récidives tardives. Si la déformation récidive au cours des 2-3 premières années, on peut reprendre les manipulations et les plâtres hebdomadaires. Parfois une deuxième ténotomie du tendon d’Achille peut être nécessaire. Dans certains cas, malgré le port correct de l’attelle, une intervention mineure est nécessaire pour éviter les récidives quand l’enfant a dépassé l’âge de 3 ans. L’opération consiste à transférer un tendon (le tibialis anterior) du bord interne du pied vers le centre du pied. Pour la fin du traitement, dans la plupart des cas une petite intervention est nécessaire pour compléter la correction. L’arrière de la cheville est anesthésié, soit avec une crème anesthésique, soit avec une injection locale, puis le tendon d’Achille est sectionné avec un bistouri étroit. Un plâtre final est mis en place. Le tendon cicatrise à la bonne longueur et avec une bonne solidité durant les 3 semaines que dure la dernière immobilisation. À la fin du traitement, le pied doit apparaître légèrement hyper corrigé, prenant un aspect de pied plat. Cela reviendra à la normale en quelques mois. Notons que les deux équipes, les Congolais et les Hollandais, travaillent en parfaite harmonie pour le succès du projet. L’effectif de près de 200 enfants est multiplié par 2. En effet, chaque enfant vient avec son parent et le département de la Likouala, qui n’est pas comptabilisé lors de cette édition en raison de l’organisation qui n’avait pas permis que le matériel arrive à temps, sera en revanche pris en compte lors des prochaines éditions.
Reportage de Faustin Akono Légendes et crédits photo :Photos Adiac
photo 1 et 2 : Des enfants aux pieds bots accompagnés de leurs parents les deux premiers jours à l'hôpital général de Dolisie. |