Mode : les Diables rouges de la Sape au Centre culturel russe

Savoir s’habiller, harmoniser les couleurs, c’est cela que les partisans de la société des ambianceurs et des personnes élégantes appellent la Sape. La Sape, disent-ils, est un motif de la communication. Or, dans la communication, poursuivent-ils, on peut définir la personne ; c’est ainsi qu’on parvient à définir un évêque par sa manière de s’habiller (la soutane) ou un militaire (par sa tenue).  

Au Congo, la Sape, qui est non seulement un fait de société, fait dorénavant partie du patrimoine culturel du pays. D’ailleurs, le gouvernement de la République a adopté ce mouvement, en l’inscrivant au défilé civil et militaire marquant la célébration de la fête nationale de l’indépendance.

Patience Moutala, chargé de la communication des Diables rouges de la Sape, a remercié le directeur du Centre culturel russe (CCR), qui en dépit des différentes disciplines et autres activités culturelles que regorgent son institution, a invité les Diables rouges de la Sape. Une manière également de promouvoir ce centre sur l’étendue du territoire national.

« Cela me fait chaud au cœur qu’aujourd’hui le directeur du CCR s’intéresse à la Sape. Je regrette le fait que le Congolais a toujours cette faculté de ne pas valoriser ce qui est de lui. Et pourtant sur la scène internationale, nous sapeurs congolais, avions fait la dernière publicité mondiale de la boisson Guinness qui se fait une fois l’année. Si Guinness qui est une boisson américaine, est venue nous prendre pour nous déplacer en Afrique du Sud, afin de réaliser cette publicité, cela devrait interroger les Congolais et même les autorités de la place, sur ce qu’il y a lieu de faire pour nous qui sommes dans le monde de la Sape ; parce que c’est de l’argent qui plane en l’air au dessus de nous. »

Les Diables rouges de la Sape est un collectif qui regorge plusieurs ethnies. Tous les arrondissements ont au moins, un sapeur dans ce collectif. C’est pourquoi, on les appelle les Diables rouges de la Sape, qui signifie tout simplement l’équipe nationale du Congo. Ce sont donc tous les meilleurs sapeurs congolais qui y figurent. Il s’agit de : Hassan Salvador (vice-président), Patience Moutala, Ferole Ngouabi, Franck Mvilla, Ely Fontaine, Sam Beaucoup chaud, Prince Armel, Isis Takizawa, Dove et John Barretta.

Patience Moutala a reconnu qu’à l’époque, on prenait des sapeurs pour des délinquants, mais de nos jours les gens ont compris que c’est une culture qui peut faire émerger le pays. D’où, les jeunes des temps modernes utilisent leur intellectualisme pour promouvoir la Sape. Si bien qu’aujourd’hui, on trouve dans la Sape, des docteurs, des ingénieurs. Patience Moutala étant lui-même diplômé dans le domaine de la santé. Il a aussi ajouté que beaucoup de Congolais sont engagés dans cette culture vestimentaire sans s'en rendre compte.

Le directeur du CCR, Sergueï Belyaev, organisateur de cette activité, pense que la Sape est une culture très spéciale, qu’il faut maintenir. Car c’est une culture qui a des choses exclusives et spécifiques pour le Congo. « La sapologie, la Sape, les sapeurs, c’est un phénomène tout à fait exceptionnel au Congo et en Afrique. C’est une sous-culture qui est apparue avec les Congolais qui sont revenus de l’Europe après la Première Guerre mondiale. Ce sont eux qui ont amené les traditions esthétiques de mode qui venaient d'Europe et ont sauvegardé ces traditions. Parce qu’il s’agit très souvent de la mode des années 20-30-40. Là, ce n’est pas seulement la sauvegarde de la tradition, mais c’est surtout leur transformation et leur expansion, à travers des pays voisins. Il y a des sapeurs congolais fameux qui habitent Paris, Moscou », a expliqué Sergueï Belyaev.

Le directeur du CCR espère par ailleurs que les sapeurs congolais pourront faire une parade en Russie. D’ailleurs ses amis et collègues qui ont vu les photos des Sapeurs ont été véritablement fascinés et intéressés par la Sape. « Nous chercherons des occasions pour que des sapeurs congolais fassent des parades en Russie », a-t-il conclu.

L’ambassadeur d’Afrique du Sud au Congo qui a pris part à cette manifestation, a déclaré après la présentation virtuelle, que la sapologie l’intéressait beaucoup, et il l’a regardé avec beaucoup d’attention. Il a avoué être fasciné par cette tradition esthétique.

Notons que cette cérémonie, qui a pris fin par la projection d’un film sur la Sape ainsi que la publicité de la boisson Guinness faite par les sapeurs congolais en Afrique du Sud, a connu le partenariat de la société de communication Azur, qui appuie l’initiative des sapeurs congolais, ainsi que la société Fay.