Environnement : le gaspillage alimentaire accentue la faim dans le monde

Vendredi 29 Mars 2024 - 17:29

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La publication du rapport 2024 sur l’indice de gaspillage alimentaire du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) montre que les ménages de tous les continents ont gaspillé plus d’un milliard de repas par jour en 2022, alors que 783 millions de personnes étaient touchées par la faim et qu’un tiers de l’humanité était confronté à l’insécurité alimentaire. Le gaspillage alimentaire continue à nuire à l’économie mondiale et à alimenter le changement climatique et la pollution ainsi que la dégradation de la nature. Telles sont les principales conclusions de ce rapport du PNUE publié à l’approche de la journée internationale du zéro déchet.

Ce rapport fournit l’estimation mondiale la plus précise du gaspillage alimentaire à l’échelle des détaillants et des consommateurs. La publication offre des conseils aux pays pour améliorer la collecte de données et présente des bonnes pratiques afin de parvenir à la réduction effective du gaspillage alimentaire après l’avoir évaluée.

En 2022, 1,05 milliard de tonnes de déchets alimentaires ont été produits (y compris les parties non comestibles), soit 132 kilogrammes par habitant et près d'un cinquième de tous les aliments disponibles pour les consommateurs. 60 % des aliments gaspillés en 2022 l’ont été au niveau des ménages. Les services de restauration sont, quant à eux, responsables de 28 % du gaspillage et le commerce de détail de 12 %. « Le gaspillage alimentaire est une tragédie mondiale. Des millions de personnes souffrent de la faim aujourd’hui, car de la nourriture est gaspillée dans le monde entier », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. «Il s’agit non seulement d’un problème de développement majeur, mais les conséquences de ce gaspillage inutile entraînent des coûts substantiels pour le climat et la nature. La bonne nouvelle est lorsque les pays font de cette question une priorité, il est possible d’inverser la perte et le gaspillage de nourriture de manière significative, de réduire les incidences climatiques, les pertes économiques et d’accélérer les progrès vers les objectifs mondiaux ».

Depuis 2021, l’infrastructure de données s’est renforcée grâce à plus d’études sur le gaspillage alimentaire. A l’échelle mondiale, le nombre de points de données des ménages a presque doublé. Néanmoins, de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ne disposent toujours pas de systèmes adéquats pour suivre les progrès réalisés en vue d'atteindre l’objectif de développement durable 12.3, qui consiste à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d'ici à 2030, en particulier dans les secteurs de la vente au détail et de la restauration. Seuls quatre pays du G20 (Australie, États-Unis, Japon, Royaume-Uni) ainsi que l’Union européenne disposent d'estimations sur les déchets alimentaires permettant de suivre les progrès réalisés d’ici à 2030. L'Arabie saoudite et le Canada disposent d’estimations adéquates pour les ménages, celles du Brésil sont attendues pour la fin de l’année 2024. Dans ce contexte, le rapport sert de guide pratique aux pays pour mesurer et fournir régulièrement des comptes-rendus sur le gaspillage alimentaire.

En 2022, seuls 21 pays avaient inclus la réduction des pertes et/ou des déchets alimentaires dans leurs plans nationaux pour le climat (CDN). Le processus de révision des CDN pour 2025 offre une occasion unique de renforcer l’ambition climatique en intégrant les pertes et les déchets alimentaires. Le rapport souligne également l’urgence de s’attaquer au gaspillage alimentaire sur les plans individuel et systémique.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Des aliments jetés volontairement à la poubelle/DR

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