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Majorité présidentielle : l’obligation de dialogue

Lundi 30 Juin 2014 - 3:50

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Le propos du secrétaire général du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) sur ses relations avec le Parti congolais du travail (PCT), révélé le 22 juin, a fait grand bruit. Achevant, en effet, ses descentes dans les neuf arrondissements de Brazzaville, Guy-Brice Parfait Kolélas a rudement tancé son principal associé au sein de la majorité présidentielle en dénonçant sur un ton résolu « une alliance de dupes » dans laquelle, expliquait-il, son vis-à-vis le mène en bateau. Il faut que le dirigeant du MCCDI, qui est en même temps membre du gouvernement, ait suffisamment mûri la réflexion, pesé et soupesé ses mots pour exprimer en public ce qui peut être considéré comme sa part de désillusion.

Pour prouver qu’il n’a pas dit des choses en l’air, Guy-Brice Parfait Kolélas a situé son seuil de collaboration avec son allié à une courte échéance : quoi qu’on en dise, a-t-il annoncé, sa formation politique ira aux élections locales à venir en comptant exclusivement sur ses propres forces. Mieux implanté dans son fief du Pool et au sud de Brazzaville, le MCDDI décide donc de faire cavalier seul. Il lui faudra tout de même batailler dur contre plusieurs concurrents : le Conseil national des républicains de Frédéric Bintsamou N’Toumi, le Parti pour la sauvegarde des valeurs républicaines de Michel Mampouya, l’UDR-Mwinda authentique de Stéphane Milongo, le Parti républicain libéral de Nicéphore Fylla Saint-Eudes, le PCT de Pierre Ngolo, le Rassemblement citoyen de Claude-Alphonse Nsilou, la Dynamique républicaine pour la démocratie d’Hellot Matson Mampouya (qui doit faire ses preuves), et bien d’autres formations politiques plus ou moins visibles dans les zones citées. Autant d’amis-ennemis que devra affronter le parti koléliste.

Pourtant, il ne faut rien dramatiser : en évoquant son dépit à poursuivre sa coopération avec son partenaire au sein de la majorité présidentielle, Guy-Brice Parfait Kolélas a déclaré ne pas remettre en cause sa participation à cette famille politique. Il sait que son entrée au gouvernement, après la présidentielle dont il revendique les dividendes, celle de 2009 remportée par Denis Sassou-N’Guesso, est à mettre au compte de cette alliance. Il sait aussi que sur la même base, son ex-frère du parti, Hellot Matson Mampouya, est devenu membre de l’exécutif. Le tout, grâce au parapluie déployé par le fondateur du MCDDI, feu Bernard Bakana Kolélas. Peut-être un premier grain de sable dans ce cheminement du fait de la brouille entre les deux « enfants » de Ya Kolins, l’un naturel, Guy-Brice Parfait, et l’autre, spirituel, Hellot Matson.

Si l’on devait justement dire un mot sur cette querelle qui s’est terminée par une grande séparation, disons qu’elle avait pour origine, là aussi, la non-observation des engagements. Hellot Mantson Mampouya récusait alors la tenue à Kinkala, en décembre 2012, « en lieu et place du congrès national », d’une convention extraordinaire du parti qui se conclut par la désignation de Guy-Brice Parfait Kolélas comme secrétaire général du MCDDI. Bien auparavant aussi, concernant toujours le MCDDI, un autre ancien dirigeant du parti, Michel Mampouya en l’occurrence, fit les frais de son adhésion à la dynamique de paix impulsée par Denis Sassou-N’Guesso au sortir de la guerre du 5 juin 1997. Accusé d’avoir engagé le parti dont il avait la charge en tant que secrétaire général sans l’avis de son chef retenu en exil, il en fut exclu. Enfin, c’est du passé…

Tout bien considéré, il n’est pas trop tard pour que le PCT et ses alliés qui se disent mal servis reprennent langue afin d’explorer ensemble les voies du salut. Si les uns et les autres s’arcboutent sur leurs positions, laissent fleurir les récriminations et refusent de se retrouver afin de laver le linge sale en famille, les rancœurs pourraient s’enraciner pour de bon et peser lourdement sur l’avenir de leur partenariat. Dans le cas précis, au PCT comme au MCDDI, la dernière volonté de Bernard Kolélas serait tout simplement anéantie. En effet, lors de l’annonce officielle de la candidature du président Denis Sassou-N’Guesso à l’élection présidentielle, le 6 juin 2009, boulevard Alfred-Raoul, le message de Bernard Kolélas à l’endroit du candidat fut pathétique.

En voici un extrait : « Sur la route, que les mânes de nos ancêtres, les Mpissa du Congo t’accompagnent. Mais en chemin, n’oublie pas ton peuple, n’abandonne pas ton idéal et sois la voix de nos compagnons qui ne sont plus, le flambeau du pardon et de la vérité, le flambeau de la paix et de la liberté, le partisan de la réconciliation et de l’unité nationale. Va maintenant, le peuple espère et le Congo attend des lendemains meilleurs… » Le message du fondateur du MCDDI, absent des lieux pour raison de santé, fut porté par Guy-Brice Parfait Kolélas, alors coordonnateur du bureau exécutif national de ce parti. Il y a cinq ans…

Gankama N’Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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