Livres : Gabriel Okoundji entre dans la collection Poésie Gallimard

Mercredi 19 Février 2025 - 15:13

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 L'écrivain Gabriel Okoundji fait partie désormais de la collection Poésie Gallimard, laquelle collection réunit 3 de ses textes et les publie en anthologie. Il est le 2e poète africain à entrer dans ce cercle très restreint. Pour la célébration de cette consécration, deux temps forts sont programmés lors du Salon du livre de Bordeaux, du 4 au 6 avril prochain. Interview.

Couverture Poésie Gabriel OkoundjiLes Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Comment s’est effectuée votre entrée dans la collection Poésie Gallimard ?

Gabriel Okoundji (G.O.) : L’annonce est arrivée par un coup de fil, un matin d’automne 2023, dans le hasard d’un jour ordinaire. Mais je sais que le hasard n'a pas de père ni de mère. L'appel téléphonique était de Jean-Pierre Siméon, directeur de cette collection. J'étais sinon naturellement ému, néanmoins étonné. Ému de cette reconnaissance que je ne pensais pas obtenir de mon vivant. Étonné car je ne fréquente que très rarement les milieux littéraires, du fait de mes activités professionnelles qui m’absorbent. Et il faut dire que de nature, je ne suis pas, comme le dirait Montaigne, un homme de l’entregent. Je n'habite pas les cénacles, et l’esprit de bateleur n’est pas dans mon cœur. Ainsi, mon entrée dans cette mythique collection Poésie Gallimard prouve aisément, pour qui sait voir les signes, qu’en ce bas monde, peu importe la lenteur du geste et l’étendue du sentier. Si la quête est sincère, son écho arrivera au moment même où arrive l’écho.

L.D.B. : Quels sont les temps forts prévus pour la célébration dédiée à cette consécration ?

G.O. : Le salon du livre de Bordeaux se déroulera du 4 au 6 avril. C'est précisément le dimanche 6 avril, de 11h00 à 12h30, qu’aura lieu cette manifestation qui m’est consacrée. La première heure sera réservée au débat littéraire, sous la conduite de Boniface Mongo MBoussa, préfacier de mon ouvrage. Dans la seconde partie, c’est M. Clément Rossignol Puech qui prendra la main. Il est le maire de Bègles, ma ville d'adoption. C’est dans cet intervalle que seront livrés les témoignages de mes différents éditeurs, dont mon éditeur brésilien, Luiz Gustavo Carvalho, qui fera expressément le voyage. Témoignage aussi de la professeure Cettina Rizzo de l'Université de Catane. Des critiques littéraires aussi, parmi lesquels Agatino Lo Castro qui a publié récemment une monographie en italien de mon œuvre sous le titre « Gabriel Mwènè Okoundji, Poesia d’Iniziazione et transculturalita » (éd. Agora & Co, 2024). Je dois ici dire toute ma reconnaissance à Mme Cettina Rizzo pour sa remarquable contribution à mon parcours littéraire. C'est elle, à l’université de Catane, qui a largement fait découvrir mon œuvre à ses étudiants, jusqu'à les faire aboutir, pour certains, à des travaux de thèse. Parmi ces paroles d’hommages, il y aura aussi celui que nous fera parvenir du Congo le doyen Henri Djombo, en sa qualité de président de l'Union nationale des écrivains et artistes congolais. Je regrette qu’à cette fête ne puisse être des nôtres le poète et traducteur Leandro Caille qui, là-bas, dans sa lointaine Argentine, a traduit beaucoup de mes ouvrages aujourd’hui édités en Espagne, en Argentine, en Colombie, etc. Je saisis cette occasion pour dire un grand merci aux organisateurs du Salon du livre et au maire de ma ville. Auprès d’eux, j'ai obtenu que soient invités certains de mes compagnons en écriture vivant hors de Bordeaux, mais aussi quelques compatriotes congolais. C'est donc entouré de ces âmes que je recevrai, des mains de mon maire, la médaille d'Officier des arts et des lettres qui m'a été décernée en 2018 par le ministère français de la Culture.

L.D.B. : Comptez-vous les étendre jusqu’en République du Congo ?

G.O. : Au Congo ? Bonne question. Mais vous savez, le Mwènè que je suis ne possède pas les armes miraculeuses pour voir le futur et l’avenir. Je ne sais pas lire les empreintes sur le sable. Cependant, je suis de ceux qui pensent que le sol ou l'on est né laisse toujours en nous ses amours. Demain est un autre jour, je le sais. N'étant pas de la race des guetteurs de sommets, je me suffis de la parole qui illumine davantage que le soleil. Ampili et Pampou me l’ont appris : ce qu'il y a de bien avec le jour, c'est que le soleil apparaît toujours au bon moment. Voilà qui me suffit.

L.D.B. : Revenons à la poésie. Peut-on dire qu'il y a une spécificité de la poésie africaine et, si c'est le cas, qu'est-ce que la poésie africaine a apporté à la littérature francophone ?

G.O. : Votre question est très intéressante. Je ne saurais mieux vous répondre qu’en vous conseillant la lecture de la magnifique introduction que Boniface Mongo-MBoussa a consacrée à cette anthologie, et dans laquelle cette question est abordée. Mongo a réussi à situer mon parcours littéraire comme nul autre critique ne l’a fait à ce jour. Son introduction, c’est le grand dire qui se lit comme une ode et que j'ai accueillie comme une offrande.

 

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Couverture Poésie Gabriel Okoundji

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