Atteintes à la liberté de la presse : près de cent cinquante cas recensés en RDC en 2024Jeudi 13 Février 2025 - 14:00 Le rapport annuel sur la situation de la liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC), rendu public par l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) et le Partenariat pour la protection intégrée (PPI), le 12 février, indique une documentation de soixante-dix-sept cas par la première organisation et qurante-et-un cas par la seconde. L’Olpa et le PPI ont recensé, du 1er janvier au 31 décembre 2024, 133 cas d’atteintes à la liberté de la presse à travers le pays, dont 15 cas recensés ensemble. Selon le rapport, les différents cas ont été enregistrés dans dix-sept des vingt-six provinces que compte la RDC. En tête vient le Sud-Kivu avec trente-quatre cas, suivi de l’Equateur avec vingt-cinq cas, et du Nord-Kivu avec vingt-et-un cas. Ensuite viennent l’Ituri avec treize cas, Kinshasa neuf cas, Tanganyika sept cas, Kasaï Oriental cinq cas, Lomami quatre cas, puis Kwango et Sankuru, trois cas chacun. Les provinces de Haut-Katanga, Haut-Uélé, Kasaï central, Kwilu, Tshopo et Tshuapa viennent en dernière position avec un cas chacune. Plusieurs types d’atteintes enregistrés Dans leur rapport, Olpa et PPI ont admis avoir enregistré plusieurs types d’atteintes qui ont visé les professionnels des médias allant de l’interpellation jusqu’à l’incarcération, en passant par l’entrave à la libre circulation de l’information, l’agression, les menaces et les pressions administratives, judiciaires et économiques. Parmi les cas relevés, quarante-trois atteintes ont concerné l’intégrité physique des journalistes et autres professionnels des médias (agression et menaces), quarante-cinq leur droit à la liberté de mouvement (interpellation et menace) et quarante-cinq autres ont eu trait à leur droit de fournir l’information au public (entraves à la libre circulation de l’information et pressions administratives, économiques et judiciaires). Les détenteurs du pouvoir public comme auteurs d’abus Le monitoring présenté par Olpa et PPI a démontré que les détenteurs du pouvoir public sont en majeure partie les auteurs des différentes violations. Ce travail identifie les forces de sécurité (30 %), les autorités politico-administratives (23 %), les autorités judiciaires (12 %), les services de renseignement (9,7 %), les services étatiques (2 %), les fonctionnaires (0,8 %), comme principaux auteurs d’actes d’atteintes à la liberté de la presse à travers le pays. A leurs côtés, ces deux organisations ont également identifié comme auteurs de différentes violations ou abus de la liberté de la presse, les groupes armés (9,7 %), les acteurs sociaux (membres d’une association, supporters d’un club de football, fidèles d’une église, acteurs religieux, membres d’une brigade universitaire) (5 %), les personnes non autrement identifiées (4 %), les militants d’un parti politique (3 %), ainsi que les acteurs politiques (0,8 %). Parmi les victimes de ces atteintes, cent quinze ont été des hommes et douze des femmes. Cent un travaillent dans la presse audiovisuelle, vingt-deux dans la presse en ligne, deux dans la presse écrite, et deux autres indépendants. L'Olpa et le PPI ont travaillé dans le cadre d’un appui du projet « Protéger la liberté d’informer en RDC », mis en œuvre par Internews et financé par la coopération suisse. Ces organisations ont relevé, dans le suivi quotidien de la situation de la liberté de la presse à travers le monitoring, des cas des violations des droits des journalistes et médias sur l’ensemble du territoire national. Chencelle Bamenga d’Olpa a souligné que la situation de la liberté de la presse est préoccupante à travers le pays, particulièrement dans sa partie Est où elle s’est aggravée. La province la plus concernée est le Nord-Kivu, où sévit la rébellion du M23. Ce même constat a été fait dans les provinces de Maï-Ndombe, avec le phénomène « Mobondo », de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Maniema, où les journalistes sont souvent victimes d’attaques entre parties au conflit alimenté par l’activisme des groupes armés locaux. A cela s’ajoute la persistance de la corruption qui est « un défi de taille dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire », selon les deux organisations. Me Paul Nkuadio, qui a représenté le directeur-pays d’Internews, Karim Bernard Dende, a salué les efforts fournis par ces deux organisations dans le cadre de la promotion et la défense de la liberté de la presse, conclue pour l’année 2024 par la rédaction de ce rapport. Ces efforts ont également été loués par le chef de coopération adjoint de l’ambassade de Suisse en RDC, Jurg Schneider. De leur côté, le secrétaire exécutif d’Olpa et le directeur de PPI, Jonathan Magoma, ont réitéré l’interpellation de leurs organisations en direction des autorités pour la protection des journalistes, surtout dans la partie Est du pays. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :1- Le secrétaire exécutif d'Olpa, Alain Kabongo, étalant le contenu du rapport annuel/Adiac
2- Le rapport publié par Olpa et PPI/Adiac Notification:Non |