Médias : le ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises instrumentalise le Csac

Mercredi 2 Juillet 2014 - 15:15

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Pour l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho), l’objectif poursuivi par Rémy Musungayi serait d’obtenir de l’organe de régulation la condamnation de Nathalie Kapela, présidente de l’Association des communicateurs et responsable de l’émission dénommée « Journal d’informations Judiciaires ».

Dans un communiqué du 2 juillet, l’Asadho a dénoncé une action initiée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac) contre cette professionnelle des médias et principale animatrice du Journal d’informations judiciaires. « Cette procédure de flagrance initiée en violation des lois et le compte que le Csac rend au ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises (IPME) montrent le niveau d’acharnement de M. Rémy Musungayi contre une femme qui n’a fait que son devoir citoyen de dénoncer les antivaleurs qui ont élu domicile dans beaucoup de ministères du gouvernement », a appuyé cette ONG.

À en croire l’Asadho, il serait reproché à Nathalie Kapela, la dénonciation, dans l’édition du Journal d’informations judiciaires du 24 mai, du monnayage des services publics pratiqués dans certains ministères, particulièrement au cabinet de Rémy Musungayi. L’Asadho a, par ailleurs, noté que le ministre de l’IPME a, dans sa lettre du 3 juin, exigé un droit de réponse, qui lui a été accordé et diffusé dans une des éditions dudit journal. L’Association se dit, par contre, surprise par la tournure qu’a prise cette affaire, qui dénote de l’instrumentalisation de l’organe de régulation des médias. « Étant donné que la diffusion du droit de réponse du ministère de l’IPME fait clore le dossier sur le plan déontologique, il est incompréhensible que le Csac se saisisse encore dudit dossier », a souligné l’ONG, qui a noté que l’instrumentalisation des services publics par le ministre Rémy Musungayi est allée jusqu’à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC2) où il a obtenu la suspension des émissions du Journal d’informations judiciaires, en abusant des pouvoirs liés à sa fonction.

La preuve des faits dénoncés

L’Asadho a également noté que précédemment, la journaliste avait introduit une demande d’obtention du certificat de protection de la marque de son émission « Journal d’informations judiciaires » auprès du ministère de l’IPME depuis plusieurs mois, soit le 6 janvier, avant de recevoir le procès verbal de dépôt de la demande, le 9 du même mois. Par ailleurs, après avoir payé tous les frais y afférents, il lui sera, en plus, exigé de verser la somme de mille cinq cents dollars américains pour obtenir la signature dudit certificat par le ministre.

Face à ce qu’elle considère comme un abus de pouvoirs, l’Asadho exhorte le Premier ministre à ouvrir une action disciplinaire contre le ministre de l’IPME pour faits de concussion mis à charge de son ministère et à ordonner qu’il soit mis fin à l’abus de pouvoirs dont Rémy Musungayi se rend coupable vis-à-vis de Nathalie Kapela, du Csac et de certains médias publics.

L’organe de régulation des médias a été, quant à lui, appelé à s’opposer à toute instrumentation de ses services par les autorités publiques dans le but de régler des comptes aux paisibles citoyens et à ne plus réserver les copies des lettres adressées à Nathalie Kapela au ministre de l’IPME. L’Asadho dit également ouverts ses bureaux en vue de recevoir les dénonciations de toute personne qui serait déjà victime des faits de concussion de la part du ministère de l’IPME.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Une banderole de l'Omec lors d'une activité pour la défense de la liberté de la presse