Intempéries : Kinshasa sous les eaux mais sans eau

Mardi 8 Avril 2025 - 18:45

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Les pluies diluviennes qui se sont abattues le week-end dernier dans la ville de Kinshasa ont causé de graves pertes humaines et de dégâts matériels colossaux. Selon les données du ministère de la Santé, Hygiène et Prévoyance sociale, plus d'une trentaine de morts ont été rapportés et une vingtaine de personnes hospitalisées.

Certains corps sont toujours enfouis dans les décombres. Plus de 5000 familles sont sinistrées et ont tout perdu. Des mesures urgentes ont été prises par le gouvernement pour soulager le calvaire de ces personnes qui se retrouvent aujourd'hui sans abris et dépourvues de tout. Des sites ont été ciblés pour les héberger, notamment le stade Tata Raphaël, le stade des Martyrs voire des églises et écoles. Des dégâts matériels sont incalculables: maisons écroulées, véhicules endommagés suite à la montée des eaux, des avenues complètement inondées.

La rivière de N'Djili sortie de son lit a envahi le boulevard Lumumba, le transformant en un lac artificiel. Pour y passer, il fallait recourir à la pirogue. Des téméraires ont transformé leur dos en moyen de transport moyenant 5000 FC. La station de captage d'eau de N'Djili n'a pas été épargnée. Kinshasa a ressemblé le week-end dernier à une ville monstre. De longues files de véhicules ont été entassées dans un véritable embouteillage. Las de vivre cette situation, certains conducteurs ont tout simplement abandonné leurs véhicules sur la voie publique pour recourir aux motards qui, eux aussi, ont monté les enchères. La loi de l'offre et de la demande exige.

Une course qui se paie à 2000 FC a été multipliée par 5 voire par 7. D'autres ont dû carrément passer la nuit à la belle étoile. Certains encore ont recouru, à leur risque et péril, à la ligne 11, c'est à dire à la marche. " Nous avons tout perdu. L'eau nous a envahis jusqu'au cou. Nous n'avons pas eu le temps de prendre quoi que ce soit. Il fallait d'abord sauver nos vies. Le gouvernement doit prendre des mesures pour que pareille situation ne soit plus vécue à Kinshasa", a déclaré Anne, une habitante du quartier De bonhomme, à Matete, venue se réfugier à Mont Ngafula.

D'un ton ferme, Anne n'a pas mėnagé le gouvernement, moins encore le gouverneur de la ville. Pour elle, Kinshasa ne peut pas vivre de tels sinistres. ''Gérer c'est prévoir. Nos autorités ne doivent pas être surprises par de telles catastrophes. Que font-elles pour nous épargner de ce décor nauséabond que nous prèsente Kinshasa à chaque fois qu'il pleut ?.. ", s' est- elle interrogée.

La ville de Kinshasa a été véritablement sous eaux. Ceux qui devaient voyager ont vécu des pires moments de leur existence. Ils ont dû emprunter comme moyen de transport soit un canon rapide du beach Ngobila à l'aéroport international de N'Djili ou encore un avion de l'aéroport de Ndolo à destination de l'aéroport de N'Djili avec des frais à payer dépassant même 100 dollars.

Une pénurie d'eau déclarée

La capitale de la République démocratique du Congo n'a pas été que sous eaux mais aussi sans eau. La station de captage de N'Djili atant été engloutie par les eaux, la Regideso a été dans l'impossibilité de desservir la population en cette denrée devenue rare et cher. 

Selon les autorités de cette entreprise, les travaux sont en cours et la situation pourra être retablie endéans 72h. Les Kinois doivent donc prendre leur mal en patience. Entre temps, les forages ont fait de bonnes affaires. Un bidon d'eau de 25L s'est vendu à 500 FC. " En temps normal, nous souffrons déjà pour nous approvisionner en eau. Le déluge qui s'est abattu sur la capitale n'a fait qu'empirer la situation. Avec cette pénurie d'eau, nous craignons la survenue des épidémies telles que le choléra ", a déclaré un jeune garçon, la vingtaine révolue, habitant la commune de N'Djili. Avec son bidon jaune de 25L en main, il a cherché désespérément où s'approvisionner en eau. ''Tous les forages sont envahis par une marée humaine. Je me suis rendu dans trois forages pour avoir de l'eau mais en vain. Je suis fatigué... '', a t-il déploré.

Les assurances du ministre de la Santé

Intervenant sur les antennes de la chaîne nationale, RTNC, le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale, Samuel-Roger Kamba, a assuré la population que tout est mis en marche pour réagir très vite. Le chef de l'Etat, accompagné de la Première dame, a-t-il fait savoir, s'est rendu dans les différents sites pour reconforter les sinistrés. Les malades sont pris en charge par le gouvernement.

Répondant à une question sur la survenue des épidémies, le ministre a déclaré : ''On ne peut pas dire qu'il n'y aura pas de choléra ou la malaria mais ce qui est certain est que nous avons pris des mesures pour endiguer cette situation et cela implique plusieurs acteurs''. Il a renchéri: "La promptutide avec laquelle nous avons réagi pour sauver des vies humaines sera de mise en cas d'épidémie. En outre, il faut aussi savoir que nous avons un système d'alerte efficace en cas d'épidémie. De manière opérationnelle, nous allons réagir et la population doit aussi être prudente''. '

Pour le ministère de la Santé, toutes les catastrophes sont gérées pour minimiser les dégâts. Le désastre vécu par les Kinois le week-end dernier pouvait être évité d'autant plus que l’alerte avait déjà été donnée par l’Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite, qui avait publié des prévisions alarmantes pour la période de mars à mai de l'année en cours. Il est donc de tout intérêt pour les autorités de prendre en compte ces prévisions pour épargner le pays des inondations ou mieux minimiser les dégâts.

Blandine Lusimana

Légendes et crédits photo : 

1- Avec cette montée des eaux, il y a risque des maladies hydriques / Adiac 2- L'eau est devenue une denrée rare à Kinshasa / Adiac

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