Can Incesu : « Le Congo est un partenaire important pour nous sous divers aspects »Mardi 23 Décembre 2014 - 17:45 Premier ambassadeur de la Turquie en République du Congo avec résidence à Brazzaville, Can Incesu a présenté lundi ses lettres de créances au président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, il évoque des accords de partenariat avec le Congo qu’il considère comme un partenaire important pour son pays. Les Dépêches de Brazzaville : Après la présentation de vos lettres de créance au président de la République, vous-êtes le premier ambassadeur de la Turquie avec résidence à Brazzaville. Quels sont les sentiments qui vous animent ? Can Incesu : C’est de toute façon un grand honneur de représenter son pays auprès d’une nation amie. J’ai de plus le privilège d’être le premier ambassadeur turc résidant dans ce pays. J’aurai cependant à installer une nouvelle ambassade. Le Congo est un pays très accueillant et j’ai l’impression que j’aurai des facilités à régler différentes questions administratives. Nous sommes dans une perspective d’ouverture vers l’Afrique, surtout depuis le début des années 2000. Nous avons fait des progrès importants. Aujourd’hui, il reste très peu de pays africains où nous n’avons pas d’ambassade. Nous avons développé une coopération approfondie avec un grand nombre de pays. Or, le Congo a un potentiel très important. C’est un pays stable, avec un revenu assez élevé. Nous apprécions aussi son rôle en tant qu’acteur important en Afrique centrale. LDB : Depuis quelques temps, la Turquie s’est engagée dans une politique d’ouverture vers l’Afrique. Comment appréciez-vous les relations Turco-Congolaises ? C.I : Le Congo est un partenaire important pour nous sous divers aspects. Nous souhaitons développer très rapidement notre coopération. D’ailleurs nous avons 14 accords déjà signés entre nos deux pays dont une grande partie remonte à la visite d’Etat du Président Denis Sassou N’Guesso en novembre 2012. Ces accords doivent être pleinement mis en œuvre. De plus il y en a une douzaine d’autres qui sont en négociation. Il y a des accords qui sont en application, particulièrement dans le domaine sécuritaire. Des policiers congolais suivent des études en Turquie. Dans le domaine économique, nous avons déjà mis en place le mécanisme du comité économique conjoint, en juin 2013 à Brazzaville. Nous souhaitons organiser la deuxième édition du Comité économique conjoint en 2015 à Ankara. Ce comité est chargé d’évoquer toutes les questions économiques entre les deux pays et d’évaluer de nouvelles perspectives de coopération qui ne sont pas forcément inscrits dans les accords. Par ailleurs, il est très important de finaliser les accords au niveau économique comme la convention de non-double imposition et l’accord de protection et de promotion réciproque des investissements qui seront des pièces maitresses de ce cadre législatif et qui permettront une confiance accrue des investisseurs des deux pays. LDB : Peut-on penser que ces axes de coopération intègrent la dynamique du 2e sommet Afrique-Turquie qui s’est tenu du 19 au 21 novembre à Malabo en Guinée Equatoriale ? C.I : Nous sommes fiers d’avoir réussi un bon sommet à Malabo, grâce à nos partenaires de l’Union africaine et équato-guinéens. Nous avons par ailleurs été honorés par la présence du président Denis Sassou Nguesso à ce sommet. Lequel a produit deux documents importants, dont le plan d’action qui énumère un certain nombre d’actions qui doivent être menées d’un côté par la Turquie et de l’autre par les pays africains. Cela s’intègre aussi dans nos relations bilatérales avec le Congo. Quand-on a un tel texte qui nous permet de planifier pour un continent entier, on peut se préparer à agir dans un cadre plus général, avoir les fonds et les mécanismes nécessaires, ce qui facilitera l’action bilatérale au niveau de chaque pays. Ce document adopté à Malabo est donc un outil important pour notre coopération avec le Congo. LDB : Votre installation permet de mettre un terme à la dépendance du Congo vis-à-vis de Kinshasa en matière de délivrance des visas ? C.I : Avec mon installation à Brazzaville, les passeports des Congolais ne devront plus être transportés en RDC pour y apposer des visas. Pour l’instant je ne suis pas encore en mesure de délivrer les visas parce que je ne suis pas encore installé dans les locaux définitifs de l’ambassade. Cependant, j’espère pouvoir le faire assez rapidement. Je tiens aussi à rappeler que nous avons un système de visas électronique qui s’applique en particulier aux détenteurs de visas Schengen et des pays de l’OCDE. Ils peuvent les obtenir sur Internet sur le site www.evisa.gov.tr avec un paiement par carte de crédit. LDB : Votre pays accueillera, en 2016, le premier sommet humanitaire mondial des Nations unies. Quels pourraient être les objectifs visés ? C.I : Ce sera en effet le premier sommet humanitaire mondial. Le choix de la Turquie pour l’abriter est sans doute lié à l’implication de notre pays dans le mouvement d’aide humanitaire durant ces dernières années. Nous sommes le troisième pays en ce qui concerne les aides humanitaires après les USA et la Grande Bretagne. C’est une question qui nous préoccupe beaucoup, non seulement dans notre région mais aussi dans le monde entier. Je pense qu’un tel sommet sera important pour avoir une prise de conscience globale sur la question.
Biographie de Can Incesu Né en 1968 à Ankara, il est diplômé du Département d’Économie de l’Université technique du Moyen-Orient (1990). Il est également titulaire d’un diplôme d’études européennes du Centre européen universitaire de l’Université de Nancy II (1991) et d’un DEA en économie des politiques publiques de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne (2003). Au Ministère des Affaires étrangères qu’il a intégré en 1991, il a notamment occupé les fonctions de Chef du Département de la Cour européenne des Droits de l’Homme entre 2005 et 2007 et de Directeur de la Traduction en 2013-2014. Ses postes à l’étranger comprennent le Consulat général de Turquie à Cologne (vice-consul, 1994- 1997), l’ambassade de Turquie à Bakou (deuxième secrétaire, 1997-1999), l’ambassade de Turquie à Paris (premier secrétaire, puis conseillé, 2001-2011) et l’ambassade de Turquie à Bruxelles (conseiller, puis premier conseiller, 2007-2011).
Propos suscités par Guy-Gervais Kitina & Thierry Noungou Légendes et crédits photo :Can Incesu, présenté ses lettres de créances le 22 décembre au président de la République |