Shamaar Allen : « J’ai appris la vraie histoire des Afro-Américains»

Samedi 18 Juillet 2015 - 6:54

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La star américaine de Jazz, Shamaar Allen, a visité le continent africain pour la première à travers le Congo, invité par l’ambassade des États- Unis. Il s'est produit à Pointe-Noire dans le cadre de la redynamisation du jumelage entre la Nouvelle Orléans et la 2è ville congolaise. Un séjour qui a levé le voile sur l’esclavage dont il a appris à connaître certains pans cachés de l'histoire. Interview.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : Comment vous sentez-vous à Pointe-Noire ?

Shamaar  Allen (S.A) : Je suis excité parce que mon orchestre et moi nous sommes produits pour la première fois en Afrique et au Congo en Particulier. Je sens cela comme un retour à la maison.

L.D.B : Que voulez-vous dire par le retour à la maison ?

S.A : Tout ce que j’apprends ici depuis mon arrivée m’enrichit. Je suis réellement glissé dans la masse et me suis senti à l’aise comme chez moi, ce qui n’est pas toujours le cas pour d’autres personnes. C’est ce qui explique le fait que je me sente comme chez moi. Ce que j’ai appris étant en Afrique et au Congo me permet d’en apprendre plus sur moi-même et sur mon peuple, les Afro-Américains.

L.D.B : L’histoire de l’esclavage est-elle bien enseignée en Amérique ?

S.A : J’ai découvert une grande différence entre ce que nous avions appris à l’école et ce que j’ai appris en visitant le musée de Mâ Loango. On disait à l’école que les esclaves étaient kidnappés alors que pendant la visite, j’ai appris que c’était un réel commerce qui se faisait surplace où les plus valides des Africains étaient achetés. C’est une sorte de piège auquel les Noirs étaient confrontés. On leur promettait une vie meilleure alors que c’était un commerce.

L.D.B : Que comptez-vous faire dès votre retour en Amérique ?

S.A : Nous organiserons dès notre retour des conférences de presse qui sont déjà planifiées. On parlera de la musique et surtout de l’histoire que j’ai apprise concernant mon peuple parce que je me considère comme la voix des sans voix. J’ai appris la vraie histoire des Afro-Américains.

L.D.B : Quelles sont les activités que le groupe Underdawgs a menées durant son séjour à Pointe-Noire ?

S.A : Le groupe a eu une série de rencontres avec les artistes locaux. Nous avons échangé sur la culture et la musique. Nous avons organisé des ateliers de renforcement des capacités en musique avec les artistes locaux et visité quelques orphelinats où nous avons également eu des échanges avec les enfants sur l’histoire de la Nouvelle Orléans. Ensuite, avec les étudiants de l’EAD de Pointe-Noire, nous avons parlé des conditions d’étude aux États-Unis.

L.D.B : Quel est l’héritage africain en Amérique ?

À la Nouvelle Orléans, il y a un espace dénommé Congo Square, un endroit sacré où les Africains se retrouvaient chaque dimanche pour promouvoir leur culture. Congo Square a  toujours travaillé dans le sens de la conservation de cet héritage de l’Afrique qui est très présente. La culture africaine est préservée par les Noirs depuis les esclaves jusqu'à ce temps et cette culture est très vivante et notamment le Congo est très présent dans les esprits et dans la tradition de la Nouvelle Orléans. Il y a beaucoup d’orchestres traditionnels africains de percussions qui se produisent tout le temps pour aider à promouvoir cet héritage.

L.D.B. Avez-vous des pressentiments que vos ancêtres sont venus du Congo ?

S.A :  Il n’y a malheureusement pas de preuves scientifiques. Mais j’ai un fort sentiment que mes ancêtres sont peut être venus du Congo parce que quand je regarde autour de moi, je vois trop de similitudes, beaucoup de caractéristiques faciales. C’est quelque chose de plus sentimental et émotionnel et le fait d’être à Pointe-Noire, c’est un sentiment qui m’habite de penser que probablement mes ancêtres sont venus d’ici quoi que je ne puisse le prouver. Il y a aussi beaucoup de similitude entre les deux peuples. À Pointe-Noire, les gens sont très accueillants, très ouverts. Je suis en train de travailler pour obtenir ma deuxième nationalité pour être Congolais (rire).

L.D.B : Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière ?

S.A : C’est quand on m’avait choisi pour être le premier trompettiste à jouer l’hymne national pour le président Barack Obama. Enfin de compte, j’ai chanté à deux reprises et la seconde fois avec Harry Cinnick à la Maison Blanche.

L.D.B : Votre dernier mot ?

S.A : Je remercie tous les Ponténégrins pour leur hospitalité. Je reviendrais si une autre occasion se présente et je traduirais votre accueil au peuple de la Nouvelle Orléans qui est aussi une ville portuaire. Je vous aime.

Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Shamaar Allen "DR"

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