Palu : Adolphe Muzito en disgrâce

Très en verve ces derniers temps à travers les différentes tribunes qu’il publie dans la presse kinoise, Adolphe Muzito est actuellement en rupture de ban avec la haute hiérarchie du Parti lumumbiste unifié (Palu) qu’incarne le patriarche Antoine Gizenga. Les sévères critiques contre la manière dont fonctionne le pays contenues dans ses publications n’étaient pas du goût de la direction du parti qui a estimé que l’élu de Kikwit prenait un peu trop de liberté en engageant le Palu sans se référer aux organes statutaires. « Il n'y a que le  secrétaire général qui, sur les questions graves, politiques et sociales, peut engager le parti. Il délègue ce pouvoir au secrétaire permanent et porte-parole qui peuvent également parler au nom du parti. Les autres membres peuvent engager le parti lorsqu'ils sont autorisés de le faire », explique le porte-parole du Palu.

Outre le fait de publier ses tribunes lesquelles sont de nature à mettre en mal « les intérêts » du Palu avec ses partenaires de la majorité, le communiqué sanctionnant l’élu de Kikwit cite, entre autres comme griefs, la création d’une nouvelle doctrine inconnue au Palu – « le Muzitisme » -, l’usurpation du pouvoir de la direction du parti, l’insubordination et le non-respect des directives. Des reproches présentés comme des fautes lourdes, passibles de la peine d’exclusion définitive.  Comme il fallait s’y attendre, la décision du conseil de discipline ne s’est pas fait attendre. L'ancien Premier ministre a donc écopé d’une suspension pour une durée de trois ans. La direction du Palu explique que l’incriminé est suspendu ou destitué des fonctions qu'il exerce actuellement au sein du parti mais n'est pas exclu du parti.

Quelle que soit la connotation qu’on peut donner à cette suspension, une chose est vraie, c’est qu’Adolphe Muzito vient de voir son ambition de concourir à la présidentielle de 2016 sous le label du Palu partir en fumée. À moins de se présenter en indépendant ou porter les couleurs d’une autre formation ou coalition politique. Un pari risqué pour cet ancien inspecteur des finances qui, d’après ses proches, s’apprêterait à activer les mécanismes de recours pour rentrer dans les bonnes grâces du secrétaire général et chef du parti.  

Pour rappel, Adolphe Muzito avait dirigé, de 2008 à 2012, le gouvernement issu des élections générales de 2006 en remplacement d'Antoine Gizenga. Avant d'accéder à la primature, il était ministre du Budget dans le gouvernement Gizenga II et II.