Cuba-Etats-Unis: insatisfaction des deux parties un an après la normalisation des relations

Mercredi 16 Décembre 2015 - 12:21

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Une année après le début de la normalisation des relations bilatérales, le rapprochement entre ces deux anciens ennemis de la guerre froide reste encore conditionné par la levée de l’embargo imposé, en 1962, par Washington contre La Havane.

Le 17 décembre de l’an dernier, le président américain, Barack Obama, et son homologue cubain, Raul Castro, avaient annoncé cette normalisation des relations entre leurs Etats respectifs. Il s’en était suivi une rencontre historique en avril 2015 au Panama entre les deux chefs d’Etat mais depuis lors, le commerce bilatéral reste limité alors que l’embargo américain entrave toujours l’ouverture économique entamée ces dernières années par Raul Castro.

Il est vrai que durant cette période, il y a eu une série d' allègements concédés, mais l’embargo interdit toujours aux Américains d’investir et de faire du tourisme à Cuba. Washington va encore très loin dans ses mesures contre La Havane ,puisque  qu’il menace de fortes amendes les entreprises ayant des ramifications aux États-Unis, se risquant à faire des affaires à Cuba. A plusieurs reprises cette année, le président Obama a exprimé sa volonté de lever l’embargo, mais la décision appartient au Congrès, dont la majorité républicaine reste très hostile au rapprochement avec La Havane.

Pourtant dès le mois de juillet dernier, lorsque les deux pays avaient rétabli leurs relations diplomatiques, Cuba avait obtenu son retrait de la liste noire américaine d’Etats soutenant le terrorisme. De leur côté, de hauts responsables, délégations d’entrepreneurs, sportifs et artistes américains s’étaient rendus à La Havane à la faveur de cette ouverture mais depuis lors, les rapports entre les Etats-Unis et Cuba semblent stagner. C’est ce qui explique le fait que les autorités cubaines répondent de « manière très prudente aux initiatives américaines en vue d’assouplir l’embargo », estime Jorge Duany, du Cuban Research Institute de l’université de Floride.

L’assouplissement des relations entre Washington et La Havane a été le fruit d’un travail de longue haleine, dont les tractations se faisaient souvent en coulisse. Ce rapprochement est notamment l’aboutissement de négociations secrètes qui s’étaient déroulées de juin 2013 à novembre 2014 au Canada. L’accord final avait été conclu au Vatican. Un haut responsable américain a d’ailleurs affirmé que le pape François a joué un rôle-clé dans cette percée diplomatique après avoir lancé des appels personnels aux deux présidents.

À titre de rappel, notons que les relations entre les États-Unis et Cuba étaient neutres au moment de la révolution cubaine qui se solda, en 1959, par le renversement à Cuba du régime du dictateur pro-américain, Fulgencio Batista, par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le mouvement du 26 juillet. Elles se sont dégradées dès l’année suivante, avec l’expropriation des compagnies des États-Unis et le refus américain d’acheter le sucre cubain, malgré les tentatives de médiation opérées par le président argentin, Arturo Frondizi.

Il en résulta des rapports très tendus : Washington décida, en avril 1961, de lancer le débarquement de la baie des Cochons avec les membres de la Brigade 2506, qui fut un fiasco. Plus d’une décennie plus tard, soit en 1973, les deux pays signent  un pacte sur le détournement d’avion, qui leur permettra d’échanger un certain nombre des pirates de l’air. Depuis des années, les relations américano-cubaines ont alterné entre période de refroidissement et d’adoucissement. En décembre 2014, l’administration américaine a organisé un dégel de ces relations, en ordonnant la levée des restrictions sur les voyages et les transferts de fonds envoyés à Cuba par les immigrants cubains aux États-Unis. Les autorités américaines ont, par ailleurs, retiré leur veto mis depuis 1962 à l’intégration de Cuba dans l’Organisation des États américains. Dans ce même cadre, les deux parties ont multiplié des gestes de bonne volonté ces derniers temps. Il sied de signaler aussi que le gouvernement cubain avait libéré cinquante-trois prisonniers politiques, l’une des exigences des États-Unis.

Nestor N'Gampoula

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