Mali : l’expert indépendant présentera son rapport au Conseil des droits de l’Homme le 22 marsJeudi 3 Mars 2016 - 11:47 Suliman Baldo, expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme au Mali a effectué sa sixième visite dans le pays du 21 février au 2 mars. Il présentera à l’ONU prochainement les avancées significatives dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, et l’arrêt des combats entre les groupes armés constatés à travers le Mali. En attendant de parler du Mali devant le Conseil des droits l’Homme, l’expert a noté des progrès dans le processus de paix dans ce pays. « Il faut saluer la dynamique actuelle. Le gouvernement et les groupes armés, qui sont signataires de l’Accord de paix, respectent leurs engagements envers le cessez-le-feu et continuent à prendre part à des négociations sérieuses pour faire avancer le processus », a déclaré l’expert, au terme de sa visite. Il a cependant déploré « des retards dans la mise en application des mesures prévues dans les accords pour renforcer la dévolution de pouvoirs aux instances régionales et locales ». Ces retards semblent, selon lui, avoir encouragé certains groupes ayant un intérêt dans la déstabilisation du Mali à intensifier leurs attaques contre les forces armées maliennes et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). Ce qui a occasionné des pertes considérables parmi les populations locales. A cela s’ajoutent les risques locaux grandissants de violence intercommunautaire. Il faut aussi signaler des agressions contre la circulation des personnes, des biens civils et des humanitaires attribuées à des narcotrafiquants et autres bandits armés. « Des sources fiables m’ont rapporté que des individus avaient été agressés et volés alors qu’ils empruntaient des transports publics, et que des enfants avaient été tués ou blessés par des engins explosifs improvisés », a indiqué Suliman Baldo. En ce qui concerne les droits de l’Homme, l’expert a exprimé son inquiétude face à l’impunité et à l’insécurité persistantes qui touchent plus particulièrement le nord et le centre du Mali. « Je me suis rendu à Mopti, dans le centre du Mali, et j’ai recueilli des informations inquiétantes faisant état de graves violations et d’abus des droits de l’Homme commis contre la population par des jeunes gens radicalisés et armés. Ces derniers agissent contre les représentants de l’Etat, y compris les enseignants et les écoles, et contre les chefs traditionnels qui s’opposeraient à leur idéologie », a-t-il précisé. L’expert a fait aussi mention des dérapages qui continuent dans le cadre des opérations militaires menées par les forces de l’ordre et les forces internationales pour neutraliser les groupes djihadistes dont les combattants sont souvent des étrangers. Il a relevé que des personnes interpellées avaient subi des mauvais traitements et que leur droit à des procédures judiciaires rapides n’avait pas été respecté. Les cas de détentions au-delà des délais légaux sont nombreux, des informations faisant état de représailles menées par l’armée régulière contre les populations locales suite à des attaques contre leurs forces, a noté Suliman Baldo. Il s’est alarmé du fait que très peu d’endroits dans le pays ont été sécurisés jusqu’à présent, malgré la signature de l’accord de paix il y a bientôt un an. « L’insécurité qui règne, en particulier dans le centre et le nord du Mali, prive les populations de la jouissance de leurs droits et freine la reprise des services publics », a-t-il souligné. « L’insécurité et l’absence ou l’insuffisance des services sociaux de base continuent à entraver le retour des réfugiés et des personnes déplacées qui souhaitent regagner leurs communautés dans les zones affectées par le conflit. », a relevé l’expert. Pour Suliman Baldo, il incombe aux signataires de cet accord d’accélérer le processus de paix. « Ceci est nécessaire pour assurer le plein respect des droits de l’Homme, notamment la protection des civils et le retour de services de base et des forces de l’ordre public, particulièrement dans le centre et le nord du pays », a-t-il noté. « La situation sécuritaire au Mali nécessite une réponse robuste et décisive de la part du Mali, des pays de la région et de la communauté internationale. Sinon, la situation des droits de l’Homme ne pourra pas s’améliorer et les populations du centre et du nord vivront dans l’insécurité physique et alimentaire. », a poursuivi l’expert. Pour ce qui est des mesures que Bamako avait déployées pour lutter contre l’impunité pour les crimes graves commis dans le contexte de la crise depuis 2012, Suliman Baldo a signalé le peu de progrès enregistrés dans de nombreux dossiers. Seules les affaires des bérets rouges disparus et de la répression du contre-coup d’Etat, qui remontent à l’année 2012, semblent avancer. « Il ne faut absolument pas laisser un climat d’impunité s’installer », a-t-il insisté. Notons qu’au cours de cette dernière visite, Suliman Baldo a rencontré des membres du gouvernement malien, des représentants de la société civile, y compris des associations de victimes, des représentants des mouvements armés signataires de l’Accord de paix, ainsi que des membres du corps diplomatique et des Nations unies.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |