Coopération : Xi Jinping place Djibouti au cœur de sa stratégie africaine grâce à un accord militaire et économique exceptionnel

Lundi 7 Mars 2016 - 13:15

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Ces infrastructures constitueront la charnière de l’union économique et politique qui se tisse entre Djibouti et l’Ethiopie, deux pays au cœur de la stratégie africaine du président chinois Xi Jinping

C’est dans une ancienne zone franche, près du port de Djibouti que se dressera d’ici la fin de l’année 2017 la première base militaire chinoise permanente sur le continent. On avance le chiffre  record de 10 000 militaires chinois qui seront déployés à Djibouti, contre 4 000 pour les Américains.

L’accord  de libre-échange entre Djibouti et  Pékin permet à la Chine d’utiliser des installations portuaires à des fins de base de transit. C’est une alliance stratégique majeure,  une étape obligée de la Chine dans sa fameuse nouvelle « route de la soie » la reliant à l’Afrique en passant par le Golfe arabique.

Ce projet chinois a un double objectif, militaire et économique

Le  projet est estimé à 48 milliards de dollars selon la presse  chinoise. Ainsi, la Chine assurera désormais seule la protection de ses navires au large des côtes somaliennes.  La marine chinoise a effectué une vingtaine de missions anti-piraterie dans le golfe d’Aden depuis 2008. La France, les Etats-Unis et le Japon disposent déjà de bases militaires à Djibouti. La France débourse chaque année 30 millions d’euros pour assurer la présence de 2 700 hommes. Les Etats-Unis et le Japon payent chacun 30 millions de dollars pour leurs bases respectives. La Chine, quant à elle, n’aura rien à payer. Elle permet à Djibouti de financer et construire un maillage de ports, de routes, de voie de chemin de fer et d’aéroports qui relieront la cité-Etat au reste du continent.

- Sur le plan économique, Djibouti et Pékin ont signé trois importants accords économiques et commerciaux. Le premier, porte sur la construction d’une zone franche de 48 km2, dont une première tranche d’un kilomètre et demi sera opérationnelle d’ici la fin de l’année. Il s’agit d’en faire une plate-forme de transbordement pour le commerce Chine-Afrique.

Au cœur du projet estimé à 7 milliards de dollars, la société China Merchants Holding. Il s’agit de construire la plus grande zone frange industrielle de Djibouti, un chantier naval, une autoroute, et agrandir le port de Doraleh. 200 000 emplois directs et indirects devraient être créés. Ces chantiers sont, en grande partie, financés par la China EximBank dont les entreprises chinoises réaliseront les travaux. Ces infrastructures constitueront la charnière de l’union économique et politique qui se tisse entre Djibouti et l’Ethiopie, deux pays au cœur de la stratégie africaine du président chinois, Xi Jinping.

L’autre accord porte sur la mise en place d’un cadre légal permettant, « l’afflux rapide de banques chinoises à Djibouti » et prévoyant la création d’une chambre de compensation qui permettra de « ne pas perdre de devises dans les échanges avec la Chine », explique la présidence djiboutienne. Cette chambre permettra aux opérateurs économiques djiboutiens de réaliser des échanges commerciaux sans passer par le dollar américain, confirmant ainsi la montée en puissance du yuan chinois sur le continent. Le président Ismaïl Omar Guelleh rêve de faire de son pays un carrefour incontournable pour le transit des minerais et des marchandises avec l’Ethiopie, dont il est devenu la porte d’entrée.

Pour les Emirats arabes et les Etats-Unis, l’arrivée de la Chine dans le jeu régional complique la donne et entraîne une vaste recomposition des alliances diplomatiques autour de la mer Rouge. Les Etats du Golfe qui prévoyaient d’installer une base militaire à Djibouti se rapprochent désormais de l’Erythrée, son grand rival. Les Occidentaux redoutent de voir Djibouti tomber dans l’orbite de Pékin et perdre ainsi un pays clef au cœur des grandes routes maritimes internationales.

Noël Ndong

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