Présidentielle du 20 mars : la bataille pour la seconde placeMercredi 16 Mars 2016 - 17:00 S’ils font cause commune pour la mise en œuvre de la stratégie visant à empêcher le président sortant d’être élu dès le premier tour, les candidats proches de l’opposition IDC-Frocad à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 ont aussi un enjeu politique important pour chacun d’eux : se classer deuxième, derrière Denis Sassou N’Guesso dont la victoire à ce scrutin est fort probable. Qui donc de Pascal Tsaty Mabiala, André Okombi Salissa, Guy-Brice Parfait Kolelas et Jean-Marie Michel Mokoko, pour ne parler que d’eux, gagnera la plus grosse part de suffrages populaires derrière le président sortant ? La question est d’autant intéressante qu’un tel classement ouvrira, pour son bénéficiaire, la voie royale vers le titre de leader de l’opposition congolaise. Le manque d’un tel patron, on le sait, a longtemps été un handicap aussi bien pour l’opposition que pour la vie démocratique au Congo. Et, la Constitution adoptée le 25 octobre dernier reconnait et prévoit la mise en place d’une loi qui déterminera le statut de l’opposition politique (article 63). Difficile cependant, au regard des données actuelles, de supputer sur la personne de ce potentiel meilleur perdant. Pascal Tsaty Mabiala : Le candidat de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) devrait être le favori de cette compétition derrière Denis Sassou N’Guesso, étant donné qu’il dirige la principale formation de l’opposition politique du pays, qui dispose en plus d’une expérience du pouvoir d’Etat (1992-1997). Mais, l’Upads avec, notamment, sept députés à l’Assemblée nationale, deux sénateurs et plusieurs élus locaux, s’est plus illustrée au cours de ces deux dernières décennies par l’incapacité de ses dirigeants à parler le même langage. Du fait de la guerre des ego et de l’incapacité des dirigeants, dont l’actuel candidat Pascal Tsaty Mabiala, à rassembler le clan des héritiers politiques de Pascal Lissouba, l'Upads présente trois candidats à la présente élection. Par ailleurs, outre Claudine Munari et Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou qui briguent les suffrages du peuple, nombre d’anciens lieutenants de Pascal Lissouba, à l’instar de Martin Mberi, ont opté pour le changement d'épaule de leur fusil. Ils battent campagne pour le président sortant. Ainsi, s’il demeure malgré tout un des hommes en course pour la seconde place, Pascal Tsaty Mabiala n’y va plus avec toutes les chances qui lui confèreraient son statut de leader de l’Upads. Guy-Brice Parfait Kolelas : l’ancien ministre de la Fonction publique surfe, lui-aussi, sur un héritage politique pas des moindres. Le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), fondé par son défunt père, n’est cependant plus aujourd’hui ce qu’il a été hier. Ici aussi, la mort de Bernard Kolelas a ouvert la voie, des années après, à des dissensions qui ont fini par séparer Guy-Brice Parfait Kolelas de plusieurs barons du mouvement. Hellot Matson Mampouya, Bernard Tchibambelela et son propre frère Euloge Landry Kolelas ne tiennent plus son langage. Ils ont choisi de poursuivre la lutte là où le fondateur du parti les a laissés, c’est-à-dire derrière Denis Sassou N’Guesso, réfutant comme plusieurs autres cadres du mouvement, de briser leur alliance avec le Parti congolais du travail présentée comme le socle de l’unité nationale. Conséquence de ces dissensions, Guy-Brice Parfait Kolelas se présente pour la première fois à l’élection présidentielle non-pas sous le logo du MCDDI, mais sous celui de la CODEHA. Ainsi, même si son meeting annoncé ce 17 mars au boulevard Alfred Raoul de Brazzaville devrait prouver qu’il détient encore une très importante frange de l’électorat du MCDDI, le candidat de la CODEHA aurait plus à gagner en y allant avec l’appui de tous ses anciens compagnons. André Okombi Salissa : Autrefois surnommé « Tout Bouge » du fait de sa force de mobilisation et sa capacité à faire mouvoir les choses au sein de la jeunesse de l’actuel parti au pouvoir (PCT), l’ancien ministre de Denis Sassou N’Guesso n’a certainement pas conservé toute sa base du CADD-MJ. Ce militant connu pour son courage et sa détermination dans ses combats politiques est parfois considéré, à tort ou à raison, comme un dirigeant susceptible d’allumer des incendies dans un pays où tous ne jurent que pour la paix, après toutes les crises politico-militaires qui ont jalonné son parcours récent. Mais cet homme de terrain qui sait souvent se donner les moyens de ses ambitions a, lui aussi, une carte à jouer comme second choix des électeurs congolais à l’issue du vote de dimanche prochain. Jean-Marie Michel Mokoko : L’ancien chef d’état-major des Forces armées congolaises et chef de Misca en Centrafrique était souvent considéré comme un homme intègre, susceptible de garantir l’intégrité et l’unité du Congo comme il le fit à la tête d’une armée dont il avait défendu ardemment les valeurs républicaines. Mais, cette campagne électorale l’a-t-elle conforté à cette image ? La fameuse affaire de la vidéo, les interpellations de la justice et, sans doute, son arrivée tardive sur la scène après une annonce de candidature faite à moins de deux mois du scrutin, n’ont pas aidé ce candidat qui a suscité beaucoup de curiosité. Il a cependant sa place dans cette course pour le premier homme de l’opposition, surtout si l’effet Mokoko constaté lors de son meeting à Pointe-Noire se poursuit dans les urnes. Néanmoins, à chaque élection ses surprises ; celle de dimanche prochain ne devrait pas en manquer. L’on retient toutefois qu’au-delà de toutes considérations, elle aura été une expérience enrichissante pour la démocratie au Congo. Thierry Noungou Légendes et crédits photo :1-Pascal Tsaty Mabiala 2- Guy Brice Parfait Kolelas 3- André Okombi Salissa 4- Jean-Marie Michel Mokoko Notification:Non |