Marché PV de Mpila : La manutention du ciment occupe utilement les jeunes

Mardi 20 Septembre 2016 - 17:15

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Ils ont entre 20 et 30 ans et ont choisi la manutention de sacs de ciment au quotidien comme moyen de survie. Leurs portraits mettent en lumière des jeunes gens attachants et volontaires.

Menutentionnaires de sacs de ciment du Petit triage à Mpila Brazzaville

Du lundi au vendredi, l’affluence le long de l’enclos du terminal ferroviaire, entre la gare CFCO de Brazzaville et le triage de la PV, est tous les jours à son comble. Ici se côtoient vendeurs, acheteurs et surtout manutentionnaires. Ces derniers sont reconnaissables par leur activisme de porteurs sur les lieux. « Tous les jours c’est comme ça », indique un vendeur de ciment. Et de reconnaitre que les affaires tournent au rabais. En revanche, explique-t-il, « les jeunes sont de plus en plus nombreux à espérer une mission de manutention pour la journée ».

Et Lambert, un des manutentionnaires, de renchérir : « Point besoin d’être spécialiste, le chômage touche de plein fouet la jeunesse congolaise. Au lieu d’aller voler ou se livrer à l’oisiveté, les jeunes dans ma situation usent de leur force naturelle ». Signalons que chacun des porteurs peut soulever près de 400 sacs de ciment par jour pour un gain de 4 000 F CFA. « Avec 2 000 F CFA de plus, notre journée serait bien gagnée », estime Cédric, un autre vendeur rencontré sur les lieux ayant quitté l’école en classe de 4ème.

En d’autres temps, cela s’assimile au forçat. « Nous souffrons », confie Ducrech, 23 ans, qui rêve de réunir la somme de 80 000 F CFA pour passer son permis de conduire. Comme lui, compagnons de souffrances, ils sont plusieurs qui s’efforcent de réunir une certaine somme pour réaliser des projets durables. Sébastien, 30 ans, doit de surcroît entretenir une femme et un enfant de 5 ans. « Comment pouvons-nous s'en sortir ? », s’interroge-t-il.

Pour Nicolas, 25 ans, chaque jour qui passe est une corvée de plus sans espoir du lendemain. « Dans un contexte pareil, je m’enfonce dans un petit boulot qui n’aboutira pas à un emploi décent et productif », constate-t-il, relevant au passage son pessimisme face à la politique gouvernementale sur l’emploi des jeunes.

« S’agissant de l’emploi, il n’y a que l’armée qui recrute actuellement. Nous finirons par nous faire enrôler tous dans l’armée », espère Van, 26 ans, tenant des propos plus réalistes car « la question du chômage des jeunes n’est pas propre au Congo. Partout, en Afrique, les jeunes sans perspectives professionnelles abondent. Nous sommes une jeunesse de décrocheurs désespérés, contrainte à se livrer aux petits boulots ».

Il est midi. Point de pause-déjeuner pour ces jeunes manœuvres de Mpila. Demain, dans la poussière de sacs de ciment en provenance de Dolisie et de Pointe Noire, ils seront encore un peu plus nombreux au « Petit triage ». Toujours avec le même élan et le même espoir de gagner leur journée honnêtement en attendant mieux.

Camion chargé de sacs de ciment par les manutentionnaires du Petit triage à Mpila Brazzaville

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Menutentionnaires de sacs de ciment du Petit triage à Mpila Brazzaville Photo 2 :Camion chargé de sacs de ciment par les manutentionnaires

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