Entrepreneuriat : Adra, le rêve congolais de quatre battantesSamedi 11 Janvier 2014 - 9:21 L’Adra, agence spécialisée dans l’Assistance dépannage et remorquage automobile, est codirigée par quatre Franco-Congolaises : Lynelle Mbobi, Ysée Dappe, Sabrina Mbobi et Nolwen Otto-Domoraud Leur aventure débute lorsque, de retour au pays pour des congés, à bord de leur véhicule, un agent des forces de l’ordre leur fait savoir que, pour une infraction avérée, leur voiture doit être amenée à la fourrière. « La fourrière ! mais par quel moyen allez-vous la tirer ? », demandent-elles à l’agent, effarées. Exerçant déjà ce métier en France, l’idée leur vient très vite de recréer le même type de structures ici au Congo. Dans le secteur du dépannage et du remorquage, ces dames sont de vraies pionnières au Congo. C’est ainsi qu’après des études de faisabilité, elles ont compris qu’elles auraient un avenir meilleur sur leur terre d’origine. Et depuis 2009, sur fonds propres, leur activité a pris son envol ! Découvrons le portrait de ces trois intrépides qui, pour donner libre cours à leur vision, n’ont pas hésité à démissionner en France, laissant derrière elles une brillante carrière – deux d’entre elle étaient chef - pour apporter leur expertise technique à Brazzaville, mais surtout en initiant une activité où dans la plupart des contrées du monde, les hommes sont seuls à s’aventurer.
Lynelle Mbobi : « Pour le dépannage, il ne faut pas voir la force, mais la technique ! » Gérante associée d’Adra à Brazzaville, Lynelle explique que le projet a pris sa forme définitive. Les personnes qui ont recours à leurs services sont surtout des particuliers, des compagnies d'assurances, des garages mais aussi le Bureau central des accidents ainsi que l’unité de la circulation routière de la ville de Brazzaville : « Pour l’heure, au sein d’Adra, nous avons formé et recruté quatre hommes. Le plus difficile pour nous est de trouver la technique pour dégager un camion. Sur le terrain, c’est lorsque la situation se décante qu’on arrive à déplacer le véhicule souvent accidenté, et que les gens respectent notre travail et peuvent apprécier notre professionnalisme. » À qui s’étonnerait de ce choix un peu atypique, elle explique que « pour le dépannage, il ne faut pas voir la force mais plutôt la stratégie. Chaque situation est différente, et il faut étudier l’environnement dans lequel vous allez opérer. » Lynelle est une jeune mère de 38 ans. Elle a travaillé pendant onze ans comme responsable technique chez Axa Assistance en France qui s’occupe de tout ce qui est assurance technique médicale et dépannage. C’est au sein de cette entreprise que toutes les trois se sont formées, pour ensuite démissionner pour donner libre cours à leur rêve. « On n’a rien inventé ; on a juste adapté notre expérience riche de plusieurs années. Après tout, le rêve américain existe. Nous, on a voulu réaliser notre rêve congolais. »
Sabrina Mbobi : « Je suis celle qui ne se voyait venir vivre au Congo ! » Riche d’une expérience de près de dix ans déjà en Fance, au sein de la même société d’assistance médicale et dépannage auto que sa sœur aînée, Lynelle, Sabrina est actuellement gérante associée d’Adra à l’agence de Pointe-Noire. À 35 ans, elle a quitté sa fonction de responsable technique pour s’installer dans la capitale économique. Célibataire sans enfant, Sabrina, évoquant le slogan de leur société, « Innovons ensemble ! », est enthousiaste sur le futur d’Adra : « Les projets autour d’Adra sont nombreux. Nous aurons d’autres prestations à proposer au public congolais. Pour l’heure, nous avons démarré avec l’assistance dépannage parce que cette technique est moins dangereuse en termes d’engagements comparée à l'assistance médicale, beaucoup plus pointilleuse. » Elle reconnaît être aujourd’hui plus épanouie et étonnée de le constater, parce que, dit-elle, « je suis celle dans ma famille qui ne serait pas revenue vivre au Congo et y faire carrière ! »
Ysée Dappe : « Nous étions de l’autre côté du décor, avec Adra nous sommes passées à la pratique. » Elle est française, et à présent congolaise d’adoption. Ysée Dappe est actuellement gérante associée d’Adra-agence de Pointe-Noire, responsable également du marketing et de la communication. Ayant travaillé dans la même société que les deux sœurs Mbobi en France, elle est sensible au projet de créer une entreprise similaire au Congo. Ysée en était à sa huitième année de travail lorsqu’elle a décidé de larguer les amarres et prendre le large avec ses copines: « Nous étions de l’autre côté du décor, là on est passée à la pratique. Lorsqu’elles m’ont fait part de leur projet, j’étais en admiration. J’ai compris que c’était un projet prometteur et surtout sérieux ; après des études de marché, je n’ai pas hésité à les rejoindre. » Pour cette jeune française de 31 ans, le Congo est le premier pays africain par lequel elle aborde le continent. Avant de démissionner, elle aussi venait régulièrement à Brazzaville pour de courts séjours. La décision de s’installer définitivement n’a pas été difficile, dit-elle, la complicité avec ses camarades ayant fait le reste.
Luce Jennyfer Mianzoukouta Légendes et crédits photo :Photo 1: La remorque de l'Adra. (© DR) ; Photo 2 : Lynelle. (© DR) ; Photo 3 : Sabrina. (© DR) ; Photo 4 : Ysée. (© DR) |