Lampes solaires : le Burkina Faso inaugure sa première usineVendredi 2 Février 2018 - 20:42 Le pays a lancé l'infrastructure avec l’ambition de transformer les rayons du soleil en électricité, une énergie qui lui fait cruellement défaut. Présentée par ses promoteurs comme « la toute première de fabrication de lampes solaires à l’échelle industrielle à s’installer sur le continent africain », l’usine a été ouverte à Dédougou, à quelque 265 km à l’ouest de la capitale Ouagadougou. « Aujourd’hui, c’est le début d’une grande aventure qui est celle de mettre à la disposition des millions d’habitants du Burkina Faso qui n’ont que le soleil comme éclairage des lampes solaires efficaces, abordables et durables », s’est réjoui un des initiateurs du projet, le Français Arnaud Chabanne, lors de la cérémonie d’inauguration. Pays pauvre enclavé d’Afrique de l’ouest, le Burkina Faso a le coût de kilowatt/heure le plus cher d’Afrique. L’électricité est une denrée rare, accessible à seulement 19% des dix-neuf millions d’habitants. En zone rurale, seule 3% de la population a le courant contre 59% en milieu urbain où les coupures sont toutefois fréquentes. Le pays produit 60% d’énergie thermique et 8% d’hydroélectricité, le reste étant importé de la Côte d’Ivoire et du Ghana voisins. Les autorités burkinabè ont fait le pari du développement des énergies renouvelables et surtout du solaire pour sortir de cette carence énergétique. Le pays a lancé mi-juin la construction d’une centrale solaire de trente-trois mégawatts, « la plus grande du Sahel », selon Ouagadougou. Le marché des lampes solaires est donc porteur dans un pays où le soleil brille, voire brûle, 365 jours par an. L’usine Lagazel, qui emploie une vingtaine de cadres et d’ouvriers burkinabè, va produire chaque semaine mille cinq cents lampes solaires et compte en sortir d’ici à 2020 un million. Remplacer les lampes à pétrole Une entreprise familiale spécialisée dans la transformation de métaux, basée à Saint-Galmier, près de Saint-Etienne, dans le centre de la France, fournit les matières premières (carte électronique, pièces métalliques, caoutchouc) à Lagazel pour la fabrication, à Dédougou, des lampes solaires certifiées dans le cadre du programme « Lighting Africa » (Eclairer l’Afrique) de la Banque mondiale. Les différents éléments, capteurs solaires, accumulateurs et ampoules composent les lampes solaires assemblées dans l’usine Lagazel de Dédougou. « Pour le moment, nous fabriquons des lampes solaires de petite taille. Mais on est en train de développer, au sein de notre bureau d’études, d’autres modèles plus gros qui permettront d’éclairer deux ou trois pièces d’une maison en même temps, de recharger plusieurs mobiles ou des ordinateurs », explique Maxence Chabanne. Les six milliers de lampes solaires sortant de Lagazel chaque mois sont vendues entre 13 et 22 000 francs CFA. L’ONU a déjà passé commande de sept mille cinq cents lampes pour les réfugiés maliens installés dans le nord du Burkina Faso. Différents modèles de lampes solaires qui se présentent comme des lampes tempête à pétrole. Lagazel assure ne pas avoir peur de la concurrence des produits solaires venant d’Asie, notamment de Chine qu’on trouve, par milliers, sur les marchés africains. « On n’est pas concurrent direct. Les petites chinoiseries ne sont pas suffisamment performantes et ne sont pas durables et de moindre qualité. On a un produit qui est compétitif en termes de prix », promet Maxence Chabanne. « Nos lampes sont certifiées par la Banque mondiale, donc ce sont des lampes de haute qualité qui répondent à des standards de fabrication très élevés. », assure-t-il. Le projet intéresse déjà d’autres pays africains confrontés aux mêmes problèmes d’électrification. Le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal ou le Mali sont des pays partenaires où Lagazel envisage ouvrir de nouvelles usines dans les prochaines années. Josiane Mambou Loukoula Légendes et crédits photo :Photo: Des lampes solaires en pleine recharge (DR) Notification:Non |