Algérie : Abdelaziz Bouteflika promet une présidentielle anticipée

Lundi 4 Mars 2019 - 12:00

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Le président algérien, qui brigue un cinquième mandat, a fait la promesse de l’abréger, une fois reconduit à la tête du pays. Il l’a fait savoir, le 3 mars, au moment où des manifestations se poursuivent dans le pays et en France, dénonçant sa candidature à l’élection présidentielle du 18 avril .

« J’ai écouté et entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier des milliers de jeunes qui m’ont interpellé sur l’avenir de notre patrie », a déclaré le  chef de l'Etat algérien, dans un communiqué. Dans ce texte, Abdelaziz Bouteflika qui ne s’est pas adressé de vive voix à ses compatriotes, depuis un accident vasculaire cérébral en 2013 et qui n’apparaît plus que rarement en public, fait un certain nombre de promesses, s’il est élu lors du scrutin qui s’annonce.  

« J’ai le devoir et la volonté d’apaiser les cœurs et les esprits de mes compatriotes » et de répondre à « leur exigence fondamentale (...) le changement du système », a-t-il assuré, en prenant « l’engagement » d’organiser « une élection présidentielle anticipée », à laquelle il ne sera pas candidat.

S’agissant de la date de l’élection anticipée annoncée, le président a dit qu’elle sera fixée par une « conférence nationale » mise en place après le scrutin et chargée de préparer des « réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales ». Ce scrutin « assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence », a affirmé Abdelaziz Bouteflika, qui a annoncé aussi la rédaction d’une nouvelle Constitution, consacrant « la naissance d’une nouvelle République » et qui sera soumise à référendum. Il a, par ailleurs, promis d’assurer une « redistribution des richesses nationales plus juste ».

Cet engagement du chef de l’Etat à n’exercer qu’un mandat abrégé vise à désamorcer une contestation inédite de son pouvoir, sans pour autant reculer face à la rue, qui réclame en premier lieu l’abandon de sa candidature.

Des promesses peu convaincantes

Des observateurs relèvent que le message de l’actuel président algérien n’a apparemment pas convaincu comme en témoignent de nouvelles marches de protestation qui se poursuivent tant à Alger que dans d’autres villes du pays où des dispositifs policiers sont déployés. Ces marches, qui ont eu lieu également le week-end dernier dans certaines villes de France, font suite à celles de milliers d’Algériens qui ont manifesté massivement ces dix derniers jours dans la capitale et dans le reste du pays contre la perspective d’un cinquième mandat du chef de l’Etat âgé de 82 ans, élu pour la première fois en 1999 et réélu depuis sans discontinuer et toujours avec plus de 80% des voix au premier tour.

Le message du chef de l’Etat algérien a été rendu public, le 3 mars, alors que quelques heures avant la fin de la date butoir du dépôt des dossiers, sa candidature venait d'être déposée à la Cour constitutionnelle, à Alger, par son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane. Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé depuis une semaine en Suisse et son retour au pays n’a toujours pas été annoncé. L’occasion lui a permis de déclarer que cette candidature à la présidentielle du 18 avril avait recueilli le parrainage de 19 700 élus nationaux et locaux, ainsi que de 5,86 millions d’électeurs.

Outre Abdelaziz Bouteflika, sept autres candidats ont déposé leur dossier au Conseil constitutionnel, qui doit statuer dans quelques jours sur leur validité. Mais des analystes avancent d’ores et déjà que l’actuel président ne devrait faire face à un aucun candidat susceptible de menacer sa réélection. Ils soutiennent ce point de vue pour la simple raison que son principal adversaire aux présidentielles de 2004 et 2014, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, a renoncé à se présenter à l’élection. A cela s’ajoute le fait que Abderrazak Makri, le chef du Mouvement de la société pour la paix, le principal parti islamiste, ayant rompu en 2012 avec l’alliance présidentielle, ne se présentera pas non plus.

Quant au général à la retraite Ali Ghediri, qui a débarqué sur la scène politique fin 2018, en promettant « le changement », il a certes remis sa candidature mais les observateurs notent qu’il est difficile d’évaluer sa réelle popularité d’autant que cet homme politique n’a pas de parti.

Les cinq autres petits candidats qui avaient auparavant déposé leur dossier n’influent nullement sur la candidature du chef de l’Etat. Le plus connu est Abdelaziz Belaïd, 55 ans, dissident du Front de libération nationale (formation d’Abdelaziz Bouteflika), qui a créé en 2012 le Front Al-Moustakbel. Il a recueilli 3% des voix à la présidentielle de 2014. Parlons aussi de l’homme d’affaires Rachid Nekkaz, qui draine certes des foules de jeunes mais ne semble pas remplir les conditions d’éligibilité.

 

 

Nestor N'Gampoula

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