Couleurs de chez nous. Attente

Jeudi 3 Octobre 2019 - 21:47

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Ne pas respecter l’heure, l’esprit de retard, faire attendre et attendre sont à la fois des défauts et des qualités dans lesquels excellent les Congolais.

Sont-ils invités à une cérémonie ou conviés à une réunion qui démarre à 10 h ? Ils viendront avec trente minutes de retard voire plus. On le voit lors des cérémonies de mariages officiels ou coutumiers abusivement appelés « dot ». Alors que sur le carton d’invitation l’heure est bien marquée pour toutes les étapes retenues, on constate un glissement du programme avec un décalage de deux heures ou plus. Quand ce n’est pas la mariée qui est coincée à son salon de coiffure ou chez sa maquilleuse, c’est monsieur le maire qui a été retenu au dernier moment.

Cette maladie n’épargne pas les rédactions des télévisions et des radios qui font souvent attendre leurs publics pour les journaux. Telle une gangrène, le phénomène s’étend jusqu’aux autorités de la République réputées de faire attendre leurs visiteurs au bureau comme à leurs domiciles. Un ministre, un député, un préfet vous dit d’être chez lui à 8 h du matin avant son départ pour le bureau, il vous recevra une heure et demie plus tard. Sinon, il a le temps de se souvenir de votre présence au moment de monter dans sa voiture, vous priant de le suivre au bureau ou vous obligeant à revenir un autre jour.

Au niveau le plus bas, les relations interpersonnelles souffrent également de cette maladie. Ils sont nombreux ces Congolais, assis dans un restaurant ou une buvette, pour attendre un ami qui tarde à venir. Vérification, ce dernier n’est souvent pas encore en route et prend sa bière allégrement dans un autre endroit et avec d’autres personnes.

Nul besoin de commenter le martyre que les médecins font vivre à leurs patients sinon reconnaître comme le disait un observateur qu’au Congo, il est plus facile de rencontrer un ministre qu’un docteur. Même les vendeurs font attendre leurs clients à l’instar de ces tenanciers de boutiques de nos quartiers, connus pour leur absence au poste et à qui il faut lancer des appels pour qu’ils s’affichent.

Petite anecdote : dans une boulangerie, un écriteau renseigne qu’il faut faire la queue. Mais, la consigne ne faisant pas partie de la culture congolaise, la clientèle préfère se bousculer comme si le stock de pains était insuffisant. Quel pathétique spectacle à certains arrêts de bus que ces passagers qui se battent pour accéder à bord ! Là aussi, c’est le refus d’attendre ou de s’aligner.

Au Congo, l’impression générale est que personne ne veut attendre son tour. Cependant, le peuple d’ici est aussi connu pour sa nonchalance, car il est difficile de voir une femme presser le pas sauf quand son enfant fait une crise de paludisme.

L’auteur de ces lignes est-il exempt à cette critique sociale ? Assurément non comme vous qui lisez cette chronique. Pour finir, retenons que l’horloge dans les maisons et les administrations ainsi que les agendas dans les sacs ou la montre ne sont pas de simples gadgets. Ces objets sont conçus pour nous interpeller sur cette problématique.

Van Francis Ntaloubi

Notification: 

Non