Lutte contre les addictions : une initiative pour sortir les jeunes désœuvrés de la précaritéLundi 13 Janvier 2020 - 15:00 L’association Pascal Pierre contre les addictions a organisé le 11 janvier à Brazzaville, en partenariat avec le ministère de l'Enseignement technique et professionnel, de la formation qualifiante et de l'emploi, une rencontre dénommée « Soupe populaire », à l’endroit des jeunes déscolarisés et en situation de déséquilibre sociale. Cette activité bénévole marque le début d’un grand projet qui permettra à plus de sept cents jeunes Congolais dont l’âge varie entre 14 et 25 ans, soit de reprendre avec le chemin de l’école, soit de se lancer dans l’apprentissage d’un métier. Une manière de faciliter leur insertion sociale. Après une enquête et un recensement dans différents quartiers de Brazzaville, les initiateurs de ce programme ont profité de cet instant d’échange pour partager un repas et animer une causerie avec ces jeunes. Le débat a tourné autour du vagabondage sexuel, le banditisme, l’usage des drogues et autres substances qui désorientent la vision des jeunes. « A travers ce projet, nous accompagnons les jeunes dans leurs différentes carrières scolaires ou professionnelles. Il existe plusieurs programmes de formation gratuite que le gouvernement a mis en place, mais ces jeunes ne sont pas souvent informés. La plupart d’entre eux sont des enfants de la rue et nous devrons d’abord les préparer avant de commencer le processus d’insertion sociale », a signifié Flavie Oyabi Yombo, présidente d’honneur de l’Association Pascal Pierre contre les additions. Les techniques de changement pour arrêter de fumer, de boire, faire un régime ou sortir d'une addiction comportementale reposent d’abord sur une analyse précise de ses motivations et conduites qui suivent des cycles désormais bien connus des spécialistes. A cet effet, pour bien conduire ce projet, ses initiateurs ont réalisé un sondage dans lequel chaque jeune raconte son parcours et fait le choix d’un métier ou d’un cursus scolaire qu’il devrait suivre. Grâce aux réponses fournies, cette organisation de la société civile travaille en collaboration avec l’Etat afin, non seulement de les conseiller mais aussi de les orienter. Antoine Nicéphore Fylla de Saint-Eudes a, pour sa part, préféré parler en lingala (l’une des langues nationales) pour faciliter la compréhension. Adoptant la posture d’un père de famille, le ministre de l'Enseignement technique et professionnel, de la formation qualifiante et de l'emploi a, dans un discours pédagogique, prêché aux jeunes à abandonner les mauvaises habitudes et exprimer clairement leur besoin. « Rien n’est perdu, vous avez toujours la chance de vous rattraper et vous devez le faire maintenant. Craignez Dieu, respectez vos proches et aimez autrui ainsi que les biens publics. Ayez l’esprit du pardon et vous serez récompensés. Au Congo, nous avons six cent mille âgés entre 15 et 29 ans jeunes déscolarisés. Parmi les raisons de l’abadon, vous pouvez noter la pauvreté mais, compensez vos échecs scolaires, l’Etat vous donne une deuxième chance de vous former gratuitement grâce au Fonds national d’appui à l’employabilité et la direction générale de la formation qualifiante ». Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les jeunes ont une bonne connaissance des risques encourus dans la consommation des produits licites ou illicites : risque de dépendance, de maladies graves, d’accidents de la route, d’échecs scolaires ou professionnels, risques financiers, risques d’isolement, de dépression ou de suicide mais ils sont incapables d'arrêter. « Après la tragédie du 4 mars 2012, notre famille s’était presque disloquée puisque nous avons perdu le chef de famille. Par manque de moyens, j’étais obligé de quitter mes proches afin de chercher la vie à ma manière, malheureusement ce n’était pas facile et je continue à errer dans la rue », a rappelé avec nostalgie Prince Yoka, l’un des jeunes. Fila Beranger, commerçant ambulant au marché Total, a également abondé dans le même sens pour dire qu’il a préféré quitter ses parents afin de réduire leurs charges et préfère passer ses nuits à la belle étoile que de vivre sous les « ordres des parents ». « Je veux faire la plomberie comme a indiqué monsieur le ministre. Je dois être utile à la société », a –t-il signifié. Ceci montre que ces informations, provenant de multiples canaux, sont globalement bien passées et ont porté leurs fruits, notamment auprès des plus jeunes. L’adolescence s’accompagne de nombreux changements physiologiques et physiques, mais c’est également une étape de maturation et d’évolution psychologique complexe. Le jeune s’affranchit progressivement du lien de dépendance aux parents et développe un niveau élevé d’interactions sociales ; il recherche de nouvelles expériences associant souvent une certaine résistance aux règles établies. L’adolescence constitue également une phase de curiosité, de prises de risque et de défi Plusieurs travaux de recherche soulignent que chez les adolescents, une première expérience positive avec des substances psychoactives peut influencer l’évolution de la consommation, favorisant des consommations régulières puis, potentiellement la survenue d’une dépendance. Le cerveau de l’adolescent est, en effet, plus vulnérable aux substances psychoactives que le cerveau de l’adulte. Il présente la particularité d’être dans un état de transition vers l’état adulte. Notons que depuis toujours, les êtres humains ont utilisé des produits ou ont des comportements pour se faire plaisir ou pour soulager une souffrance. C’est une très bonne chose ! Il n’y a en effet pas de mal à se faire du bien. Les problèmes commencent avec l’abus puis l’installation d’une dépendance. Presque tous les produits concernés par l’addiction présentent cette double face : agréables, utiles, bienfaisants et thérapeutiques, d’une part ; nocifs, pathogènes et destructeurs, d’autre part.
Rude Ngoma Légendes et crédits photo :Une vue de quelques jeunes lors de la "Soupe populaire "/ Adiac Notification:Non |