Couleurs de chez nous : affaire de générationJeudi 23 Juillet 2020 - 19:51 Cette chronique tombe dans un contexte dominé par l’organisation des examens d’Etat. Un prétexte pour des observateurs de la société de jeter un regard sur ce que nous laissent voir les élèves actuels comparés à ceux d’hier : leurs parents et grands-parents. Les différences sont nombreuses entre ces générations d’élèves que ce soit chez nous, au Congo, ou ailleurs. Hier, les candidats à un examen s’abstenaient de manger. Mieux, il leur était conseillé de passer les épreuves à jeun. Croyance aveugle, naïveté ou recommandation raisonnée pour les aider à rester dans de meilleures dispositions physiologiques, psychologiques ou autres ? Peu importe la réponse, on peut retenir que seule la banane était plus pou moins autorisée à ces candidats par les anciens dans ce que certains percevaient comme une perpétuation d’une tradition. Aujourd’hui moins que hier, la fuite devient le plus grand fléau qui sape les efforts des ministères en charge de l’enseignement quand arrivent les examens. C’est même « l’ennemi numéro un » qu’il faut éliminer. Alors que les organisateurs s’ingénient à trouver des mécanismes pour l’éradiquer, les candidats semblent en avance si bien que l’art de la triche a évolué vers des axes insoupçonnés. C’est ainsi que l’on a vu des candidats substituer des feuilles de papier aux feuilles de choux placées au milieu du pain en guise de sandwich. Non pas pour en consommer mais pour y lire les formules de mathématiques, de chimie ou bien d’autres données de cours difficilement assimilées qu’ils ont pris le soin de copier. L’image de cette nouvelle forme de triche a circulé sur la toile même si sur le terrain la situation est restée sous contrôle. Les candidats d’hier avaient, chacun, un côté spécial. Ceux de la série A (lettres) avaient, disait-on, tendance à « avaler » des citations alors que ceux des séries scientifiques avaient leurs « formules » dans la tête. A la rigueur, les uns et les autres arrivaient à l’examen avec des livres de poche contenant des citations pour les littéraires et la synthèse des formules pour les scientifiques. Plutôt que de penser à la pause, ils occupaient le temps d’attente pour les derniers coups d’œil afin de tout fixer dans la mémoire. Le dire n’est pas cracher sur l’intelligence des jeunes d’aujourd’hui. Sauf que pris sur une certaine échelle, le fossé est grand entre les générations avec une forte tendance décroissante chez l’actuelle. D’où ce reproche qui n’en est pas un que les plus jeunes font aux anciens dont ils trouvent les conversations trop épicées de citations ou de références bibliographiques. Des anciens dont ils supportent par ailleurs pas qu’ils leur fassent des rappels à l’ordre essentiellement académiques. Le numérique trahit bien ce fossé culturel car, si les téléphones androïdes des cinquantenaires et sexagénaires sont remplis de livres et documents multimédias instructifs, ceux des moins de trente ans contiennent plutôt des photos d’eux-mêmes avec leurs idoles mais souvent montées grâce à des applications spéciales !
Francis Van Ntaloubi Notification:Non |