Vrais-faux mendiants : au nom de la survie

Vendredi 21 Août 2020 - 13:46

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Certains exhibent leur handicap, d’autres mettent en avant leurs enfants ou se lamentent sur leur misère…

A Brazzaville, il est fréquent de croiser des personnes en détresse sollicitant une aide sociale. « Je demande de l’argent pour manger, quelquefois les personnes de bonne volonté donnent et d’autres refusent », déclare Blaise, un mendiant.

Une certaine méfiance liée aux croyances pousse certains Congolais à être perplexes. « Je ne donne plus car il y a des personnes animées de mauvaises intentions qui vont utiliser votre propre argent pour vous faire du mal », a indiqué un passant.

A contrario, Sarah Emeka dit tendre la main, «  cela est juste devant Dieu. Il est bon de donner à ceux qui sont dans le besoin. Malgré tout ce que les gens racontent,  moi je continuerai à faire le bien ».

Par manque de subventions régulières et de moyens financiers, les orphelinats aussi investissent les rues et marchés pour solliciter de l’aide. « Nous demandons  l'argent dans les rues pour nourrir les enfants de l’orphelinat, car l’aide sociale de nos partenaires n’arrive toujours pas à temps », explique Ruth Ombami, agent de l’association la Renaissance.

Qui sont ces mendiants ?

Les personnes souffrant d’un handicap, les démunis notamment les sans-abris communément appelés enfants de la rue, mais également des vieillards font partie de ceux qui s’adonnent le plus à cette pratique. Certains, disent-ils, font face à une multitude de défis quotidiens qui les poussent à la mendicité.

Hier, ce phénomène était très observé chez certains membres des communautés d’Afrique de l’Ouest et de l’Est vivant ou exilés à Brazzaville. Ces derniers se plaçaient pour la plupart du temps devant les arrêts de bus et les portes des mosquées pour demander l’aumône. « En islam nous faisons du bien à notre prochain car en le faisant Dieu t’aidera également et les malheurs ne t’arriveront point », dit Doukara Mouhamed. 

Les faux mendiants

A côté des mendiants traditionnels, on rencontre un autre type de mendiants avec des besoins bien spécifiques. Ils sont jeunes et sollicitent souvent les frais de transport ou une assistance médicale avec ordonnance en main. Ce sont des hommes et des femmes, quelquefois propres et bien portant, ou vêtus de vieux habits, parfois rapiécés pour consolider les allures. Au-delà des apparences, il se trouve que certains en font une véritable profession. Présent un peu partout dans la ville, ces derniers font montre des pratiques qui ne prêtent malheureusement pas à sourire, d’autant plus que ces faux mendiants profitent de la bonne foi des passants pour les arnaquer et nuire du même coup à ceux qui sont vraiment miséreux.

Qu’est ce qui explique ce phénomène ?

Les difficultés socioéconomiques auxquelles sont confrontées les familles, qui sont dans l’incapacité de se prendre en charge, poussent ces femmes et hommes dans la rue. Sociologiquement, cette réalité se traduit par le niveau de vie de la population et le taux de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté dans le pays.

Le phénomène des vrais et faux mendiants est un indice révélateur de la précarité dans laquelle sont tombés ceux qui sont contraints, par la force des choses, à s’y adonner. Toutefois, il est  triste de voir qu’alors que certains n’ont d’autres choix que de tendre la main pour solliciter l’aide à autrui, d’autres font de la mendicité un véritable choix de vie.

Sarah Monguia et Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo: Un jeune adolescent demandant de l’aumône

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