Les immortelles chansons d’Afrique : « Parafifi » de Grand Kallé

Jeudi 16 Février 2023 - 18:33

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Auteur-compositeur à la voix séduisante, Grand Kallé, à travers ses œuvres musicales, s’est bâti un vaste empire de notoriété.  « Parafifi », sa chanson  parue depuis 1953, ne courbe pas l’échine face aux assauts du temps.

« Parafifi » voit le jour grâce aux éditions Opika, en format 78 tours sous la référence 1179. Huit ans après, Kallé  enregistrera, grâce à son propre label dénommé Surboum, une nouvelle version de cette mélopée en format 45 tours, référencée AJ 56. C’est cette version qui est la plus jouée et la plus connue de nos jours. Il y a une autre version cha cha cha de cette chanson dont nous n’arrivons pas à situer la période. Si le Grand Kallé a pu sortir trois versions de cette chanson, les paroles de celle-ci demeurent les mêmes.

Comptée parmi les standards de la musique congolaise, cette œuvre a été dédiée au couple Paraiso et Félicité. Paraiso, de nationalité dahoméenne (béninoise), fut un ami de Kallé, et Félicité la première speakerine africaine de la radio Afrique équatoriale française. De son vrai nom Jeanne Félicité Safou-Safouesse, elle a marqué la radio à travers ses émissions. "Para", de Paraiso, et "Fifi", de Félicité. Ce qui donne « Parafifi ».

L’artiste magnifie la beauté de la jeune Félicité tout en parlant de son amant Paraiso : «Félicité, mwana mwasi suka botembe, oy’a lelo obebisi mokili awa. Na mopanzi, tala elenge ya Paraiso, amipesi nyonso se na yo ». On pourra approximativement comprendre : « Félicité, une jeune fille extrêmement ravissante, en ce jour ta beauté a causé d’énormes dégâts  dans ce monde. A tes côtés on peut voir le jeune Paraiso qui s’est donné tout à toi ». En outre, l’auteur dira, « Félicité Di Doudou, motema ya Paraiso », « Félicité, Di Doudou, le cœur de Paraiso ».

Par sa manière de prononcer « Paraiso » en chantant, Kallé  dit  « Para-iso ». Ce qui a mis la confusion dans les oreilles de plusieurs auditeurs qui entendaient « Paradiso »,  signifiant « paradis ». Selon Clément Ossinonde, les percussions dans la première version ont été exécutées par un concours de circonstance par Nganga Edo à la place du batteur titulaire, Kaya Depuissant.

Décédé le 11 février 1983 après avoir atteint le cap de 53 ans, Joseph Kabasele naquit en 1930. Son éducation est marquée par son oncle, le cardinal Malula. Il fait ses études à l’école Saint-Joseph puis finit de décrocher son diplôme de sténodactylo avant de créer en 1953 l’orchestre African jazz dont l’ossature était composée de lui-même au chant, chef d’orchestre ; Roitelet, Tino Baroza et Masta Zamba  à la guitare solo ; Déchaud Mwamba à la rythmique ; Taumani et Brazzos à la basse ; Kaya Depuissant aux tambours ; Kuntima Willy Mbembe et Menga Ando aux trompettes ; Dialuvila alias Baskis et Roger Izeidi aux maracas. Le guitariste brazzavillois Albert Ndinga y fait aussi partie dès la naissance de l'orchestre. Viendront par la suite Casino, Lutula Edo Clary et Pepito.    

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Grand Kallé

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