Interview. Tony Bolamba : « J’ai pris la décision d’initier une plainte contre Roger Lumbala »

Jeudi 1 Août 2013 - 15:45

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De retour à Paris après un bref séjour à Kinshasa, le président du Mouvement pour le Congo (Moco) est sur le point d’intenter une action judiciaire contre Roger Lumbala, le président du RCD/N. Ce dernier, d’après Tony Bolamba, a transgressé les lois de la République française d’où il est résident pour avoir accepté de siéger dans la rébellion du M23 en vue de combattre les institutions de son pays

Les Dépêches de Brazzaville : Votre association est en instance de porter plainte contre le président du RCD/N Roger Lumbala aujourd’hui entré en rébellion. Qu’est-ce qui peut bien motiver une telle action judiciaire?

Tony Bolamba : Roger Lumbala est résident en France et serait son citoyen. La France, berceau de droit de l’homme interdit à ses résidents et à ses compatriotes d’être membres de groupes armés ou terroristes. Le M23 fait beaucoup de dégâts à l’est de notre pays. Lorsqu’il a repris les hostilités, j’ai pris la décision de rentrer à Paris, avec le concours  de nos camarades du Moco et de quelques associations humanistes et de défense des droits de l’homme afin d’initier la plainte contre Roger Lumbala. Mais nous sommes encore au niveau de la main courante ! J’essaierais d’entrer en contact avec lui et les dirigeants de son parti à Kinshasa afin qu’il revienne en harmonie avec les textes de la République, en lui donnant deux mois pour qu’il quitte le M23 et de dénoncer l’hécatombe qu’il inflige à notre peuple. Sinon, nous continuerons notre action ! Les autorités françaises détermineront s’il est leur compatriote ou pas.

LDB : Pourquoi prenez-vous cette affaire à votre compte plutôt que d’attendre que la justice française investigue à ce sujet ?

TB : Avant d’être président de l’association Moco, je suis d’abord Congolais issu de la diaspora, j’ai des droits et des devoirs. Je fais mon devoir de citoyen. Je pense que la France n’est pas au courant de ce que fait Lumbala. La plainte que nous allons déposer permettra aux autorités françaises d’investiguer sur ce monsieur. Je déposerais aussi plainte aux États-Unis car Roger Lumbala détient un visa long séjour de ce pays ! Moi qui vous parle, je ne suis pas d’accord avec la façon dont notre pays est gouverné depuis le 17 mai 1997, mais cela n’a pas fait de moi un bandit ! Il y a d’autres manières de faire la politique ! Si Lumbala est arrêté et d’autres membres de la nébuleuse M23 sanctionnés, dans le futur, d’autres Congolais réfléchiront par deux fois avant d’intégrer toute association des malfaiteurs !

LDB : La double nationalité n’est pas l’apanage de seul Roger Lumbala. Que dites-vous alors d’autres compatriotes qui siègent dans les institutions avec ce statut ambigu tout en sachant que la nationalité congolaise est une et indivisible ?

TB : Quant à nos compatriotes qui détiendraient la double nationalité et, en particulier, ceux qui siègent dans les institutions, j’estime qu’ils doivent montrer l’exemple. Vital Kamerhe alors président de la chambre basse avait donné un moratoire aux députés afin de laisser tomber leur deuxième nationalité. Jusqu’à présent rien n’a été fait. Certains critiquent le gouvernement avec virulence alors qu’ils sont eux-mêmes dans le faux ! Ils ne sont députés que par usurpation ! C’est la RDC !

LDB : Quelle chance accordez-vous à cette action d’aboutir ? Etes-vous soutenu par le gouvernement ou par d’autres acteurs politiques de votre obédience ?

TB : Je n’ai pas encore sollicité le concours du gouvernement ni des acteurs politiques de mon obédience. Comme c’est une affaire qui concerne tous les Congolais, je me permettrais de solliciter quelques rencontres avec certains leaders de la classe politique dès mon retour au pays. Je ne suis pas là pour brouiller les choses, l'unité nationale est là pour l'ordre, non pour le désordre des esprits...

LDB : À quoi peut-on s’attendre aujourd’hui du Moco à la lumière de votre dernier passage à Kinshasa ? 

TB : Le Moco sera une association qui aura sa place dans le microcosme politique de la RDC. Vous serez surpris de la façon dont les Congolais vont nous adopter. Vous serez témoin !

LDB : Votre mot de la fin.

Tony Bolamba : Actuellement, le débat est désespérément conformiste, les discours sont les mêmes, si c'est un membre de la majorité qui prend la parole, il dira que tout va bien, si c'est celui de l’opposition, il dira que tout va mal. Ils oublient tous de parler de l’essentiel. Quelle direction faut-il prendre ? La RDC, c’est l’affaire de tous !

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony C. Bolamba