Enyellé : enfin des actes de naissance pour la population autochtone Aka

« Ce bout de papier répresente beaucoup pour moi. Depuis ma naissance, je n’ai jamais eu un papier attestant que j’avais la nationalité congolaise. Aujourd’hui, je peux le brandire en criant haut et fort que je suis Congolais au même titre que mon frère bantou », annonce fièrement Mangaba Antoine, un des bénéficiaires. Même son de cloche pour Angèle Manzokita. « Grâce à mon acte de naissance, je pourrais enfin obtenir ma carte d’identité et participer au vote prochainement », s’extasie Angèle qui n’en revient toujours pas d’avoir entre ses mains ce certificat de naissance tant attendu.

Une belle victoire pour les bénéficiaires qui trouvent via ce papier un visa d’apppartenance à une patrie. En effet, en 2018, on recensait plus 14000 enfants sans actes de naissance dans le département de la Likouala, y compris Antoine Mangaba. Un chiffre alarmant qui a poussé l’APVPS avec l’aide des services de la communauté urbaine d’Enyellé a procédé du 27 mai au 30 juillet 2022 à l’enregistrement (dans le registre du centre d’état civil d’Enyellé) et la délivrance des actes de naissance en faveur des enfants, hommes et femmes autochtones de la communauté urbaine d’Enyellé pour tenter de réduire le nombre d’autochtones apatrides.

Une action qui rentre dans le cadre du projet Nzela, piloté par Initiatives Développement (ID) en partenariat avec l’Ordre de Malte, l’Association des communautés locales et autochtones en zones Forestières et APVPS et financé par l’Union européenne. Ainsi, 1012 actes de naissance ont été établis dont une partie a été remise à une dizaine de bénéficiaires le 9 août de l’année dernière, lors de la célébration de la journée internationale des droits des populations autochtones organisé par ID à Enyellé.

Une demarche qui avait été approuvée et encouragée par Thomas Julliard Ollebe, sécretaire général de la communauté urbaine d’Enyelle. « Pendant deux mois, nous avons oeuvré pour la réussite de cette opération. Ceux qui ont obtenu les actes de naissance, ce sont ceux qui ont rempli toutes les conditions. Ils se verront par la suite attribuer des cartes nationales d’identité», a fait savoir le SG avant de poursuivre : «Nous savons tous que l’acte de naissance confère à un individu la nationalité et sa dignité.»

Une opération qui a necessité des fonds comme l’a fait savoir Paul Mbouti, responsable technique d’APVPDS qui sollicite une aide de la part du gouvernement ou autres organisations pour la suite de ce projet de grande envergure. « Ce problème ne date pas d’hier, il faut vraiment se mobiliser pour obtenir des résultats probants», a indiqué M. Paul dans la mesure où l’obtention de ces actes de naissance permettra aux populations Akas d’accéder à la citoyenneté congolaise et, par consequent, à la reconnaissance de leurs droits.

Une idée qui a été appuyée par Richard Ekaba, sous-préfet du district d’Enyellé qui pense que l’établissement des actes de naissance aux autochtones renforcerait leur statut d’apppartenance à la nation congolaise. Il a aussi interpellé les Bantous au changement de mentalité. «De même que vous êtes Congolais, ils le sont aussi. Cela veut dire que vous êtes tous des frères», a précisé ce dernier.

Pour Zoé Koussangata, chargée d'accompagnement au niveau d’ID, cette initiative, qui vise le vivre-ensemble comme le recommande la loi 05-2011 du 25 février 2011 portant promotion et protection des droits des populations autochtones ainsi que ses textes d’application de juillet 2019, permettra aux deux communautés de repartir sur des nouvelles bases en mettant de coté leurs différents. C’est pourquoi il invite les autorités et les potentiels bailleurs à vivement s’impliquer à cette cause afin que chaque autochtone dans les prochaines années obtienne automatiquement son acte de naissance dans ce département.