Conflit en RDC : des anciens dirigeants africains nommés facilitateurs du processus de paix

Mercredi 26 Février 2025 - 11:12

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Dans un communiqué diffusé le 24 février, l’ancien président kényan, Uhuru Kenyatta; l’ex-président nigérian, Olusegun Obasanjo; et l’ancien Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, ont été désignés comme facilitateurs du processus de paix conjoint entre la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

La mission des trois facilitateurs est de restaurer la stabilité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). L’annonce de leur nomination fait suite au sommet conjoint des chefs d’État de la SADC et de l’EAC, tenu le 8 février à Dar es Salaam, en Tanzanie, mais officialisée seulement le 24 février. Ce choix marque un changement de méthode, passant d’un médiateur unique, le président angolais João Lourenço, à un panel d’anciens dirigeants africains.

Ce comité des facilitateurs a été conçu pour assurer un équilibre entre continuité, expertise diplomatique et autorité morale. Uhuru Kenyatta, déjà impliqué dans le processus de Nairobi, apporte une connaissance approfondie des acteurs du conflit. « Son rôle sera de garantir la continuité des efforts diplomatiques et de maintenir les contacts avec les groupes armés présents dans l’est de la RDC », a indiqué une source diplomatique africaine.

L’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, 87 ans, incarne l’autorité morale sur le continent. Il bénéficie d’un solide réseau international et d’une expérience dans la médiation des conflits africains. En 2009, il avait facilité le dialogue entre le gouvernement de Joseph Kabila et le Congrès national pour la défense du peuple, dont certains dirigeants ont ensuite formé le M23.

Enfin, l’ancien Premier ministre éthiopien et ex-président de l’Union africaine, Hailemariam Desalegn, apporte une expertise technique et institutionnelle. « Il a une approche plus analytique et pourra structurer les négociations sur des bases solides », a expliqué un autre diplomate africain.

Selon Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ce trio pourrait permettre « une meilleure compréhension des causes profondes du conflit et une approche plus équilibrée » dans la recherche d’une solution durable.

Une feuille de route encore incertaine

Les facilitateurs devront d’abord harmoniser les efforts diplomatiques entre l’EAC et la SADC pour obtenir un cessez-le-feu effectif. Une réunion ministérielle conjointe des deux organisations est prévue le 28 février, bien qu’elle ne soit pas encore confirmée.

Dans l’attente de cette rencontre, une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense est envisagée pour examiner les rapports des chefs d’état-major des armées des deux blocs régionaux, qui se sont réunis le 24 février à Dar es Salaam. L’objectif est de définir une feuille de route pour le dialogue entre toutes les parties concernées. Cependant, une divergence majeure persiste : Kigali insiste sur la nécessité d’un dialogue entre Kinshasa et le M23, une demande systématiquement rejetée par le président Félix Tshisekedi.

L’un des principaux défis pour les facilitateurs sera d’éviter de recommencer le processus de médiation à zéro. Le processus de Luanda avait déjà défini, en novembre dernier, un cadre opérationnel avec un plan de désescalade sur trois mois. Repartir sur de nouvelles bases risquerait de prolonger l’impasse et de favoriser la poursuite des combats, alerte un expert.

Pendant ce temps, les rebelles de l’AFC/M23 maintiennent leur contrôle sur plusieurs villes de l’Est de la RDC, dont Goma et Bukavu, et menacent d’avancer vers d’autres localités. La situation humanitaire continue de se dégrader, tandis que plusieurs pays de la sous-région plaident pour le déploiement d’une force hybride afin de sécuriser les zones sous contrôle des rebelles.

Yvette Reine Boro

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