Education : la crise du père, racine cachée des maux du monde

Jeudi 10 Avril 2025 - 22:25

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Les différentes crises auxquelles fait face le monde aujourd'hui, à savoir crises institutionnelles, politiques, économiques et sécuritaires n'ont peut-être finalement qu'une seule et même racine: la crise du père. Modèle et pilier de l'institution familiale, la place du père dans la société n'a été que trop laissée pour un compte pour un monde dans l'état dans lequel nous le connaissons.

Le théâtre politique international donne aujourd'hui à réfléchir sur des problématiques de prime abord philosophiques mais dont les implications pratiques mettent le monde sens dessus-dessous, la confusion étant générale et l'horizon devenant pour le coup très incertain.

Comment en est-on arrivé à ces extrémités où la gestion des nations semble tenir de l'humeur de leurs dirigeants, montre à voir des profondes incohérences, des revirements soudains, brusques, brutaux et déstabilisants, où il ne semble plus y avoir de frontière claire entre vie publique et vie privée et où la crise des valeurs est telle que les interlocuteurs de ces décideurs peuvent se poser la question de savoir sur quelles bases les coopérations inter-nations ont réellement été fondées quand on ne partage plus rien sinon pas grand-chose de ceux qui se sont prévalus pendant des siècles et  être de grands esprits. Etait-ce pour en arriver là ?

Au monde d'aujourd'hui ?

Aussi étrange que cela puisse paraître puisque désormais matière à réfléchir, il y a, pourrait-on se dire ou penser, que la crise du père pourrait être à l'origine d'un tel chaos international ?

Et si la logique dans ce monde sans plus de logique se trouvait dans le parcours en tant qu'individus des personnes derrière les personnalités, des hommes derrière leur rôle public, politique ?

Le cas le plus simple, flagrant et illustratif serait peut-être de se poser la question de savoir comment on peut diriger une nation sans jamais avoir dirigé une famille, sans jamais avoir au sein de son foyer tenté d'équilibrer les personnalités, apprendre d'abord par l'exemple la pondérance, la maîtrise personnelle, la gestion des conflits et la cuisine interne. Comment peut-on être la tête du bouton nucléaire quand on n'est pas capable de calmer deux enfants qui se bagarrent ou de gérer un conflit tant ouvert ou fermé avec sa propre femme ?

Véritablement, un homme qui n'a ni été ni mari, ni père, un homme qui n'a jamais eu la responsabilité du bien-être et du devenir de quelqu'un d'autre que lui-même, un homme qui n'a jamais ou qui n'a ni su ni pu gérer une famille peut-il diriger une nation ou le monde ?

On reconnaît un arbre à ses fruits. Quels fruits ces hommes ont laissé dans leurs familles, dans leurs quartiers, dans leurs communautés, dans les entreprises par lesquelles ils sont passés, dans leur société avant de diriger, de représenter et d'influencer des millions de vie sur Terre ? Le monde connaît, et ce depuis plusieurs décennies déjà, une profonde crise du père, aujourd'hui devenue flagrante.

Au Congo-Brazzaville, il s'entend dire de ces pères démissionnaires, incapables de prendre leurs responsabilités face aux vies qu'ils convoquent sur Terre, que " lorsque l'enfant grandira, il va chercher son père " sauf qu'une figure démissionnaire reste et restera toujours dans l'ombre, dans l'oubli et dans la non-reconnaissance affective du père. Et parce que la nature a horreur du vide, des figures alternatives se dévoilent toujours sur le chemin de l'individu.

Il est flagrant de constater dans les jeunes générations cette peur profonde de l'engagement, de cette violence tant par le verbe, l'attitude que par les actes, cette peur et l'évitement qui en découle de l'intimité émotionnelle, intellectuelle, spirituelle et une vie sexuelle désordonnée, qui tombe dans le vice, l'addiction se limitant au pur plaisir comme une fuite en avant et non pas une occasion de partager, de don de soi, de ressourcement mutuel, de construction et de co-construction mutuelle.

Les jeunes hommes s'en vont désormais de relation en relation, butinant telle une abeille une fleur à l'autre, géniteurs plus que pères, incapables d'établir des relations profondes, de s'attacher, de construire une relation stabilisante, sécurisante, et aidant à l'épanouissement personnel, familial, communautaire et social. Un sage a dit: " Ce qui fait le charme d'un homme, c'est sa bonté ", sa capacité à prendre soin, à sécuriser, à rassurer, à enseigner, à guider, à pourvoir, à aimer et enfin à diriger. Si un homme n'a pas fait école auprès de son père, pour une raison ou pour une autre, ou parce que ce père a été aussi démissionnaire qu'il l'est lui-même aujourd'hui. La répétition des cycles et des schémas est-elle une fatalité ? Et, question de conclure, a-t-on un seul père dans la vie ?

 

Princilia Pérès

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