Lutte contre le braconnage : cinq tonnes de pièce d’ivoire détruites à BrazzavilleMercredi 29 Avril 2015 - 18:30 Cette opération est le symbole phare de la Conférence internationale sur l’exploitation illégale et le commerce illicite des produits de la faune et la flore sauvages d’Afrique. Un acte de portée aussi parce qu'effectué par le président de la République du Congo, Denis Sassou N'Guesso, le 29 avril à Brazzaville. Au total, ce sont 1584 pointes d’ivoires qui ont disparu sous les flammes. Ce geste réalisé en présence de son homologue tchadien Idriss Deby Itno et du Premier ministre gabonais exprime l'engagement du Congo de lutter contre le braconnage. Saisi depuis les années 2000 par les services de la faune au Congo, ses pointes d’ivoire qui ne servaient plus à rien. En raison de 100 dollars par kilogramme, ce butin aurait servi aux braconniers pour le compte des pays riches. "Sécuriser la biodiversité d’Afrique pour la durabilité et la paix mondiale", tel est le thème de cette conférence internationale. Ici, l'heure est à la mutualisation des efforts dans la conservation de la faune et de la flore. La conférence est appelée à mettre au point une stratégie de riposte. Pour le Gabon, le braconnage est un enjeu prioritaire en raison de l’incidence sur les ressources des États. Ce pays abrite à lui seul 2/3 de la réserve d’éléphants en Afrique. En termes d’actions concrètes anti braconnage, le Gabon a détruit des tonnes d’ivoire équivalent à des millions de dollars américains. Actuellement, le pays connaît un déséquilibre car ces mammifères fuient leurs réserves et se rapprochent de plus en plus des populations. Le Tchad quant à lui estime que la nature a doté l’Afrique des espèces en voie d’extermination. Le seuil atteint est critique car le nombre d’éléphants a diminué de 50 000 à moins de 1500. « Si la tendance actuelle se maintient, l’éléphant d’Afrique n’existera plus (…) », a soutenu Idriss Deby Itno. En termes de pertes globales, Denis Sassou N'Guesso a indiqué que 30 000 éléphants par an et des quantités inexprimables de gibiers sont vendus, au détriment des économies locales et nationales. L’Afrique est confrontée à une véritable razzia économique. « L’Afrique se refuse d’être une victime résignée. 23 000 pointes d’ivoire saisies de l’abattage d’éléphants en 2011. Malheureusement, la machine de spoliation se poursuit », a déclaré le président congolais. Le braconnage est le quatrième crime international qui menace la biodiversité. La communauté internationale présente à l’ouverture du haut segment des chefs d’État de la Conférence internationale a exhorté tous les acteurs impliqués dans l’action, à fédérer et mutualiser les efforts pour une lutte efficace. Ainsi, la conférence devrait aboutir vers des mesures concrètes et solidaires. Les partenaires techniques se positionnent Dans cette perspective, la Banque mondiale s’est dite prête à assister les États africains dans la comptabilisation de leurs ressources de faune et de flore et dans une planification rationnelle de l’utilisation de leur espace en vue de sécuriser les investissements publics et privés et de réduire les conflits entre les populations et les animaux. L’Union européenne félicite le Congo pour l’initiative et pour l'alerte sur l’ampleur du phénomène. Elle promet à son actif plus de 600 millions d’euros à investir pour appuyer les États africains dans la conservation de la faune et la flore. Elle apprécie la stratégie continentale à mettre en place vers une cohérence des actions dans la convergence. « L’urgence de la situation nous impose à travailler au plus vite dans l’action, l’appui à l’initiative de la stratégie et les possibilités de financement », a suggéré Saskia De Lang, représentante de l’UE au Congo. L’organisation des Nations unies estime qu’il faut traquer à la source pour démanteler les réseaux mafieux. « Les multinationales de l’extension, de la soustraction de l’exploitation illicite des ressources naturelles sont tellement fortes que les départements ministériels pris individuellement, ne pourront pas avoir des résultats pareils pour les États. Il faut qu’on travaille depuis les pays source jusqu’à ceux de destination de manière à pouvoir traquer les gros poissons. Souvent ceux qu’on arrête sur le terrain, ce sont des envoyés. Les commanditaires sont assis ailleurs ». Notons que la voix des artistes du monde engagée dans la lutte a été portée au cours de cette conférence internationale, telle la position de l’Union africaine, convergeant vers une stratégie commune de riposte. Nancy France Loutoumba |