Raul Castro touché par la grâce après sa rencontre avec le Pape ?Lundi 11 Mai 2015 - 17:39 Le président de Cuba était au Vatican dimanche. Il est venu remercier le Souverain pontife pour son rôle dans le rapprochement avec les États-Unis. Pendant près d’une heure, dimanche, au Vatican le président cubain et le Pape François ont eu un colloque privé. L’événement en soi n’est pas banal : le chef de la révolution cubaine, par principe communiste et athée, conférant avec le chef de l’Église catholique : l’image a fait le tour du monde. Et cela, même si on ne sait pas grand-chose de ce que les deux hommes se sont effectivement dits. Raul Castro, de ce qu’on a su, était demandeur de cette rencontre. Le porte-parole du Vatican, le jésuite Federico Lombardi, qui a fait part d’un entretien « très cordial », s’est limité à préciser que le président « Raul Castro a remercié le pape pour sa médiation entre Cuba et les États-Unis ». Le tête-à-tête s’est déroulé en présence d’une importante délégation de plénipotentiaires cubains, dont le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez Parrilla. En septembre prochain le pape François fera étape à La Havane, capitale de Cuba, sur sa route vers les Etats-Unis où il s’adressera aux élus américains réunis en congrès. Avant le Vatican, le leader cubain a participé samedi, à Moscou, aux célébrations du 70è anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à laquelle l’armée de l’Union Soviétique (une union (re)devenue Russie aujourd’hui) apporta le coup de main fatal. Et après l’audience chez le pape, il s’est rendu au palais Chigi, siège de la primature à Rome. Le premier ministre Matteo Renzi a fait part pour la circonstance d’une identité de vues entre Cuba et l’Italie. Notamment sur les questions du développement et de la solidarité entre nations. L’Italie n’a jamais totalement fermé les frontières à Cuba durant les 53 ans qu’a duré l’embargo que lui ont imposé les Etats-Unis d’Amérique. « Vamos ! », a twitté le chef du gouvernement italien après sa rencontre avec M. Raul Castro. Le pape n’a pas usé des mêmes mots mais on imagine que l’identité de vues a également été le trait dominant de l’entretien au Vatican. D’autant que le pape et M. Castro, tous deux originaires d’Amérique Latine, se sont parlés en espagnol, sans interprète, ce qui favorise toujours en diplomatie l’exploration de beaucoup de sujets moins protocolaires. Raul Castro est sorti du Vatican « très frappé » et, comme qui dirait, touché par la grâce. « Je lis tous les discours du Saint-Père. Si le pape continue à parler ainsi, un jour je recommencerai à prier et retournerai à l'Eglise catholique. Et je ne dis pas ça pour plaisanter », a déclaré devant la presse amusée M. Raul Castro. L’Identité de vues entre le chef de l’Église et le guide de la Révolution cubaine a vu sa confirmation dans les cadeaux que les deux responsables ont échangés. Raul Castro a offert le tableau d'un artiste cubain, Alexis Leiva Machado, dit « Kcho », qui évoque le thème des clandestins naufragés de la mer. Ce thème est au cœur des préoccupations du pape argentin depuis son arrivée au pontificat. Le pape s’est rendu à Lampedusa, au sud de l’Italie, que des milliers de migrants tentent d’atteindre quand ils sombrent en mer. Pour sa part, il a remis à Raul Castro une médaille représentant Saint Martin de Tours, un saint français célèbre pour avoir partagé son manteau avec un mendiant. Il a souligné par cela à œuvrer pour « couvrir la misère du peuple et à promouvoir activement sa dignité », autres thèmes de prédilection. « Je suis communiste, du parti communiste cubain, qui n'a jamais autorisé la mission des croyants. Aujourd'hui, nous permettons cependant qu'il y ait des croyants. Pour avoir une fonction importante aujourd'hui, il n'est pas besoin d'être inscrit dans le parti, il faut accepter son programme », a tenu à ajouter Raul Castro. À rappeler que son frère aîné, Fidel Castro, s'était rendu au Vatican en 1996 pour voir Jean-Paul II. Ce fut une visite qui marqua Rome, d’autant que l’intervention du Lìder Massimo au sommet sur l’alimentation cette année, fut un vrai tabac. Deux ans plus tard, Jean-Paul II visitait Cuba pour la première fois, avec dans l’équipe de ses accompagnateurs un certain cardinal Jorge Bergoglio, devenu Pape François ! Lucien Mpama |