Veuvage au Congo : les maltraitances des fémmes persistent

Mercredi 24 Juin 2015 - 19:15

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Le traitement infligé à la veuve pendant le deuil ou après l’enterrement du conjoint porte atteinte à sa dignité et laisse des conséquences sur son intégrité physique, psychique, économiques et bien d’autres

Cette maltraitance a été dénoncée le 23 juin, lors de la causerie débat animée à l’occasion de la journée internationale de la veuve sur le thème: « Les rites de veuvage : redonner la dignité aux femmes », à l’Institut de jeunes sourds de Brazzaville.

La rencontre a été patronnée par la directrice de cabinet du ministre des Affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, Céline Tchissambou Bayonne. Elle a regroupé des veuves venues de tous les arrondissements de Brazzaville, les représentants des ministères, de la société civile et les chefs de quartier.

 La communication sur le thème de la journée : « Les rites de veuvage : redonner la dignité aux femmes » a été faite par la psychologue-clinicienne, Alida Oket. L’oratrice s’est focalisée sur l’étude menée sur la question du veuvage chez la femme congolaise, cas des groupes ethniques Mbochi. Cette étude a été réalisée en 2013 dans les départements de Brazzaville et de la Cuvette (Oyo, Owando, Makoua).

 D’après elle, les résultats ont montré que sur 50 femmes interrogées 46 affirment avoir subi des sévices corporels imposés par la belle famille. Sur le plan psychologique 45 ont été affectées. Concernant le volet économique et matériel, 13 sur 20 des veuves de Brazzaville ont été victimes des amendes imposées par la belle-famille. Ces lourdes amendes variaient entre 100.000 et 300.000 FCFA. Cependant 7 sur 20 cas n’ont pas payé les amendes imposées par la belle-famille. Ces amendes infligées se différencient parfois d’un groupe ethnique à un autre. Par exemple, dans la Cuvette, elles varient entre 5000 et 10.000 FCFA.

Partout, ce phénomène perdure aussi par manque de connaissance du droit de la femme. A Brazzaville et dans la Cuvette un échantillon de huit veuves sur 50 connaissent leur droit mais elles ont peur de s’exprimer devant la belle-famille pour de multiples raisons coutumières et ethniques. D’une manière générale, elles évoquent la crainte de la sorcellerie, le sort de la malédiction, la menace de mort etc. « pour éviter des conséquences néfastes des rites de veuvage, il devient urgent que tous se mobilisent pour barrer la voie aux défenseurs de ces rites car le code de la famille en son article 800 affirme que les rites coutumiers de deuil sont volontaires. Ils ne peuvent être imposés au veuf ou à la veuve », a conclu Alida Oket.

Les veuves ont à leur tour partagé les persécutions qu’elles subissent lors de la mort de leur conjoint. D’après elles, les rites ancestraux observés dans différents groupes ethniques sont presque les mêmes. « Ce sont les femmes qui pour la plupart sont au centre de ces pratiques dégradantes envers les veuves. Seule la lutte libère, nous allons continuer à nous battre », a indiqué une veuve qui a exprimé sa colère.

Elles ont en outre, sollicité aux ministères des Affaires sociales, de la Justice, de l’Intérieur et de la Promotion de la femme de tout mettre en œuvre pour amplifier la protection et la défense des droits des plaignantes.

Au terme de la cérémonie, la directrice de cabinet, Céline Tchissambou Bayonne, a invité les femmes à assurer une bonne éducation de leurs enfants pour que ces pratiques deshumanisantes ne se répandent plus.

Les femmes protégées par un arsenal juridique

Au Congo, le  gouvernement a rappelé le 23 juin, les droits de protection de la femme dans sa déclaration rendue publique par la ministre des Affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, Emilienne Raoul à l’occasion de la célébration de la journée internationales de la veuve.

Cette journée a été commémorée sur le thème « Les rites de veuvage : redonner la dignité aux femmes ». En effet, le gouvernement a informé le public que la loi interdit les sévices ou mauvais traitement infligés aux femmes à l’occasion des cérémonies de deuil. « Au niveau international, la convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, au niveau de l’Union Africaine, les droits des femmes, au niveau national, le code de la famille congolaise notamment dans ses articles 800, 801et 802 qui définissent le caractère volontaire des rites de deuil, l’interdiction de certains rites et le refus de s’y prêter », a déclaré la ministre.

En rappel, la journée internationale de la veuve a été instituée en 2010 par l’Assemblée générale des Nations unies, afin de donner une reconnaissance particulière à la situation des femmes après la disparition de leur conjoint.

 

Lydie Gisèle Oko

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