Gouvernement de large ouverture : début de grandes manœuvres politiquesJeudi 10 Octobre 2013 - 19:04 Les membres actuels de l’exécutif national, qui n’auront pas été à la hauteur de leurs tâches, seront écartés au profit de « nouveaux venus » crédités de la présomption d’efficacité. Gouvernement de large ouverture, la formule fait recette. Tout le monde en parle sans exactement savoir ce qu’il en retourne en termes de configuration. Tout ce que l’on sait, à ce stade, c’est que le principe d’impliquer les grandes tendances de l’opposition est acté avec possibilité d’affecter à certains postes ministériels quelques têtes couronnées de l’opposition. Tout un pari donc pour Joseph Kabila qui voudrait voir les Congolais de tous les horizons regarder dans la même direction afin de faire face aux défis de l’heure. En sacrifiant les règles démocratiques élémentaires au profit d’une gestion consensuelle du pouvoir entre l’opposition et la majorité, Joseph Kabila arpente là une voie sinueuse jamais expérimentée avec tout le risque de porter un coup d’estocade à la cohésion nationale tant recherchée. En effet, ceux de la majorité qui seront éventuellement débarqués feront la mine grise en développant des frustrations à côté des « opposants » non consultés mués automatiquement en aigris inconsolables. Ces damnés du gouvernement d’ouverture seront, comme à l’accoutumée, les premiers à obstruer les voies pouvant conduire à sa réussite. « Si tel est le prix à payer pour que le pays retrouve ses repères et amorce un nouveau virage de son développement, il faut y aller à fond la caisse », commentait il y a peu un analyste. Il est clair que les ministres Matata qui n’auront pas été à la hauteur de leurs tâches seront écartés au profit de « nouveaux venus » crédités de la présomption d’efficacité. Vers un gouvernement éléphantesque Le principe du gouvernement de large ouverture étant acté, il ne reste plus qu’à en fixer les contours et les modalités. Là-dessus, des indiscrétions recueillies en haut lieu laissent entendre que ce futur gouvernement serait éléphantesque avec un total de cinquante ministères et vice-ministères. Une configuration dictée par l’entrée imminente des opposants à qui il faudrait réserver quelques portefeuilles afin de les caser. Dans cette logique, plusieurs méga ministères seront scindés pour en garantir l’efficacité. C’est notamment le cas du ministère des Médias, des relations avec le Parlement et à l’Initiation à la nouvelle citoyenneté qui sera éclaté en trois ministères, à savoir Communication et médias, Relations avec le Parlement et Initiation à la nouvelle citoyenneté. Le ministère de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières subira également le même sort puisqu’il sera éclaté en deux, en l’occurrence, le ministère de l’intérieur et celui de la Décentralisation. Le ministère des Affaires étrangères, coopération internationale et Francophonie évoluera désormais sur deux fronts : les affaires étrangères et la coopération régionale. Le sports et la culture, à en croire des sources au faîte du dossier, seront dissociés pour donner lieu à un ministère de la Culture à part entière. Un vœu longtemps exprimé par des artistes et qui sera matérialisé à la faveur du gouvernement de large ouverture en gestation. La même logique va prévaloir pour d’autres méga ministères, apprend-on. Il nous revient, par ailleurs, que quelques têtes couronnées de l‘opposition pure et dure extraparlementaire pourraient se voir attribuer quelques portefeuilles. Les consultations auraient même déjà débutées en coulisses. Dans les états- majors des partis politiques, c’est un peu la veillée d’armes. La présence en début de semaine du chef de la Maison civile du président Joseph Kabila à la 10e rue Limete où il a été reçu pendant des longues heures par Étienne Tshisekedi serait prémonitoire d’un « deal » entre les deux hommes dont personne ne cerne encore les contours. Des surprises, argue-t-on, pourraient être au rendez-vous d’ici le 15 octobre. Des passerelles se mettent d’ores et déjà en place pour approcher l’UDPS, l’UNC de Vital Kamerhe, l’Udémo, l’Ecidé de Martin Fayulu et d’autres forces politiques restées en marge des concertations nationales dans le seul but de sceller la cohésion nationale tant recherchée. Étienne Tshisekedi et ses amis de l’opposition extraparlementaire vont-ils mordre à l’hameçon ? Les prochains jours pourront nous fixer sur la suite. Alain Diasso |